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Lolita a bon dos. Le problème avec Bastien Vivès

Lolita a bon dos. Le problème avec Bastien Vivès

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Sale ambiance en ce moment entre les féministes et les bédéphiles… La cause de la brouille ? Le dernier ouvrage en date du prodige français de la bande-dessinée : Bastien Vivès.

Avertissement : Cet article contient des images d’agression sexuelle.

Vivès, le dessinateur multi-acclamé, adapté au cinéma et en série d’animation depuis racheté par Netflix. Un trait fin, pur, clair, un vrai sens de la narration, une aisance dans le registre populaire comme dans le plus pointu. Une aisance aussi dans le registre érotique. Et c’est là que la machine commence à grincer.

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Extrait « Last Man »

Avant de commencer, je voudrais d’ores et déjà faire un point avec ceux qui me qualifieront de coincée, de cul-serré et d’autres jolis noms d’oiseaux : j’ai toujours aimé la BD érotique. J’ai commencé à piocher dans la collection de mon père dès que j’ai pu atteindre l’étagère du haut de la bibliothèque. Fluide Glacial a fait une bonne partie de mon éducation sexuelle. Je vais parfois sur PornHub, comme tout le monde. Alors c’est quoi le problème avec Vivès ?

Certes, il a parfois tendance à représenter les femmes comme des paires de seins montés sur des échasses. Mais passe encore ? Il n’est pas seul dans ce cas…

Certes, comme l’ont relevé certains twittos, il se lâche sur les réseaux sociaux où il prend un malin plaisir à sortir quelques tirades dignes de droitards du PMU ou encore à insulter certaines dessinatrices s’il juge leur trait pas assez bon. Mais bon… Qui peut se targuer d’avoir un record clean sur les réseaux sociaux ? Et puis ça n’a rien à voir avec ses BD, non ?

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Capture du compte twitter de Bastien Vives

Et bien oui et non. Car peu de temps après ses savoureuses piques à la dessinatrice Emma, parait sa BD La décharge mentale, dans la collection BD Cul, une maison indépendante spécialisée dans l’érotisme. Bien qu’il n’ait jamais évoqué publiquement Emma, la référence à sa BD La charge mentale, est plus que claire.

Le pitch ? Une mère au foyer “parfaite” et prête à tout pour “satisfaire” son mari, prend en main l’éducation sexuelle de ses filles de 17, 15 et 10 ans pour qu’elles deviennent aussi “performantes” que maman. On peut se dire que la catégorie “inceste” et “mère-fille” de Pornhub sont populaires. Certes oui. Mais accepteriez-vous de voir une petite fille de 10 ans se faire recouvrir le visage de sperme sur Pornhub ? Probablement que non. Et bien c’est pourtant ce qui se passe dans la BD de Vivès. Toujours aussi à l’aise ?

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Extrait « La décharge mentale »
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Extrait « La décharge mentale »

Avançons un peu dans le temps. Vivès sortait en septembre sa dernière BD : Petit Paul. Le pitch ? Petit Paul, un enfant de 10 ans, multiplie les expériences sexuelles avec toutes les femmes de son entourage (y compris celles de sa famille) grâce (ou à cause ?) de son pénis disproportionné. Soit. Pour une partie des lecteurs, cette BD présente clairement une intrigue relevant de la pédopornographie : une pétition appelant à son retrait de la vente est lancée.

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Extrait « Petit Paul »

La réponse de Glénat ? Mais voyons, ce n’est pas du vrai porno, même si on le publie dans la catégorie “porno” et que l’étiquette de couverture précise “porno”. Enfin. Vous n’avez rien compris. C’est de l’humour. C’est drôle tout ça. Un enfant se fait abuser mais comme il a un gros zizi, c’est drôle vous voyez.

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Extrait « Les melons de la colère »

Très bien. Admettons. Mais posons nous les bonnes questions : et si le petit garçon se faisait abuser par des hommes ? Ou si une petite fille couchait avec tous les bonhommes du voisinage grâce à son incroyable vagin ? On ne rirait sûrement pas autant…

Plus perturbant encore, suite à l’affaire, des internautes ont mené l’enquête sur le passé d’étudiant de Vivès. Or il se trouve, qu’il a quitté (volontairement ou non ?) l’école d’animation des Gobelins après avoir proposé ce court-métrage à un concours de dessin animé organisé par la célèbre chaîne pour enfants Canal J. Pourquoi proposer une telle œuvre à un concours de films jeunesse ? Par provocation ? Par désintérêt ? Par envie de blaguer ? On peut pourtant se moquer des programmes jeunesse sans blagues pédophiles…

Faut-il mettre Vivès au bûcher et toute son œuvre avec ? Non. Faut-il bannir les intrigues comportant des faits d’inceste et de pédophilie ? Non plus.

Voir Aussi

Mais on ne peut pas considérer comme parfaitement sain de publier des ouvrages identifiés comme porno incluant des enfants alors que la justice considère encore qu’une enfant de 11 ans peut être consentante dans un rapport avec un adulte. On oublie souvent que 81% des victimes de violences sexuelles sont des mineurs…

Peut-on vraiment se dire subversif quand on sexualise des enfants dans une société qui se charge déjà bien de le faire ?

Est-ce vraiment si drôle ? Est-ce vraiment si malin ?

En attendant un prochain shit-storm littéraire, voici quelques recommandations en lecture érotique, bandante et intelligente :

Par Sarah Bovary

A lire ensuite, Bastien Vivès au FIBD : la pédocriminalité, une exception culturelle française

Voir les commentaires (7)
  • Une gamine en vidéo sur Pornhub et une gamine dessinée dans une BD, vous êtes sure de votre argument ?

  • « J aimerai qu un de ses gosses la poignarde et qu il fasse une bd sur « comment il l à poignardée » et qu il se fasse enculer à chaque like » (réponse en commentaire se bastien vives à emma)
    … on a pas la même définition de « savoureuses piques » je crois.

  • Réponse à MOI. Je suis d’accord pour dire que certaines de ses BD posent problème, mais non, la comparaison avec Matzneff n’est pas fondée. Matzneff pervertissait des enfants et s’en vantait dans ses œuvres. C’était un prédateur dans la vie réelle et il ciblait ses victimes sciemment, comme l’a montré Valérie Spingora dans son très beau livre . On ne peut pas dire la même chose de Vivès, qui n’a jamais été accusé d’actes pédophiles. Il faut tout de même arrêter de faire des comparaisons qui sont inexactes. Vivès ressemble plutôt à un gros puceau immature qui cherche la provocation à tout prix ( et il doit vraiment se remettre en question sur certaines de ses déclarations et certaines de ses publications).

  • Quel article creux… Ça va nulle part, vous ne savez pas tellement comment attaquer l’auteur visiblement alors tous les exposés se terminent par des questions, qui apparaitront rhétoriques aux yeux des faquins, mais juste vaines et stupides aux yeux des autres. L’ambiguité entre érotisme, humour, drame et absurde voire grotesque, c’est justement l’intérêt proprement noble et artistique de ces BD. On constate que ce genre de BD sert accessoirement à faire le tri entre les cons et les gens intelligents. On rappellera toutefois pour les plus récupérables, qu’il s’agit de fiction. À bon entendeur.

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