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Lesbien·nes au coin du feu, Ep 2: Jamais deux sans toi

Lesbien·nes au coin du feu, Ep 2: Jamais deux sans toi

Lesbien·nes au coin du feu
Bienvenue dans Lesbien·nes au coin du feu. Ici, on tend le micro à des femmes et personnes lesbiennes, bies ou pans, seules ou à plusieurs, pour qu’elles nous racontent un souvenir heureux de leur vie amoureuse. Histoires d’amour en cours ou passées, rencontres d’une nuit ou amourettes de vacances… Nous voulons diffuser des histoires lesbiennes pour donner le sourire, émouvoir et faire rêver.

Voici la retranscription du deuxième épisode de Lesbien·nes au coin du feu, pour lequel Jimmie a accepté de nous raconter son histoire.

Jimmie cherche tout sauf l’amour quand iel se met sur une application de dating. Mais iel y rencontre Marine. Puis Marine lui présente Aurélie, sa fiancée.

Lesbien·nes au coin du feu

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Jimmie : C’était en 2018, c’était pas une période hyper heureuse dans mon rapport à la drague, dans mon rapport au corps, j’étais pas du tout à l’aise. Mais j’avais quand même envie de faire des rencontres. Je m’étais inscrite sur Ok Cupid et j’étais tombée sur son profil, Marine, où elle disait qu’elle aimait les films d’horreur et le fromage. Je me suis dit c’est génial, il faut que je lui propose une soirée « Film d’horreur et fromage ». Ce qui a beaucoup fait rire tout mon entourage. Du coup, elle revenait d’Italie, elle a ramené Lambrusco et du bon fromage, et on a pu passer une très chouette soirée à regarder des films d’horreur.

C’est assez rare que ça me fasse ça, mais vraiment, quand je l’ai vue arriver, je l’ai trouvée très belle. Notamment, ça peut paraître bête, mais le fait qu’elle ait des codes très féminins, petite robe et compagnie, et qu’elle assume des poils de jambes, j’ai trouvé ça extrêmement sexy. Et ouais, on a beaucoup parlé. Elle est très bavarde. Elle était libraire, en cours de reconversion, elle s’était présentée comme une pirate à l’époque. Elle avait mille histoires en tête. Chaque fois que je lui parlais d’un truc, ça lui faisait référence à une histoire qu’elle avait lue, à quelque chose qu’elle avait vu. Elle parlait beaucoup et ça me plaît, les gens qui parlent beaucoup.

Le deuxième film, on a dû le couper parce qu’on parlait beaucoup trop. Je lui ai proposé de passer la nuit chez moi. Elle a accepté, parce qu’il était tard, qu’elle avait bu et voilà. C’était la première fois que je faisais ça en fait, proposer à quelqu’un de venir chez moi le jour où je rencontre la personne. Et à l’instant où j’ai éteint la lumière, elle s’est endormie et elle a ronflé. J’ai cru que c’était une blague, mais pas du tout. Donc il s’est rien passé de plus. Le lendemain, on était d’accord pour dire qu’on avait passé une belle soirée, et qu’on voulait se revoir.

J’étais déjà au courant, en amont de la rencontre, qu’elle avait une compagne. Aurélie. Ça m’avait pas plus questionnée que ça, dans le sens où je cherchais plutôt quelqu’un avec qui faire du sexe. Concrètement, c’était ce qui me manquait à ce moment-là, le contact peau à peau. Je me sentais pas seul·e, J’ai des amitiés riches, mais voilà, je cherchais quelqu’un avec qui faire du sexe et partager de la tendresse. Donc j’avais pas forcément besoin que ce soit quelqu’un de célibataire. J’avais jamais eu de relation polyamoureuse. Moi, j’avais envie de continuer de la découvrir… Et ça semblait réciproque.

Alors Marine m’a invité·e chez elle et Aurélie était là. L’idée, c’était qu’Aurélie devait partir au bout d’une heure parce qu’elle avait répétition, elle fait de la musique. C’était une entrevue assez cadrée de « On va passer une heure ensemble, comme ça, si on s’aime pas, on n’est pas obligé·es de rester ensemble ». À notre première rencontre, j’ai vraiment pas eu un bon à priori. Aurélie posait beaucoup de questions intrusives, je sentais qu’elle essayait de jouer avec moi, mais qu’il y avait une complicité qui n’était pas là et qui manquait pour jouer à ce genre de jeux. Donc il y avait un raté, vraiment, sur la première rencontre. En apprenant à la découvrir un peu plus, j’ai compris que c’est comme ça qu’elle faisait connaissance avec les gens, et j’ai fini par y voir quelque chose de touchant. De très maladroit finalement, même si justement, en le faisant, elle paraît très affirmée. Au contraire, c’est totalement maladroit.

Typiquement, ce qu’il pouvait se passer, c’est que Marine m’invite à passer la soirée, la nuit et le brunch chez elle, et Aurélie débarque à 11 h du matin avec les croissants, le saumon et de quoi bruncher. Voilà, c’était ce genre de dynamique.

L’été 2018, on commence à passer beaucoup de temps ensemble, de plus en plus à trois. On a passé beaucoup de temps à la plage, on a fait pas mal de soirées à trois, à faire plein de tests, de questions sur internet pour se découvrir, à boire pas mal d’alcool aussi, danser un peu. On a été à des concerts, c’était un chouette été.

On a aussi marché ensemble, toutes les trois, à la Pride. Je m’étais fait·e recouvrir de paillettes, et quand Aurélie m’a proposé de dormir chez elle, j’ai vu l’aubaine de pas ramener les paillettes chez moi. J’ai accepté avec plaisir d’aller dormir chez elle, avec Marine, évidemment, et on a passé notre première nuit tous·tes les trois. Où il ne s’est rien passé de sexuel, où j’ai répandu toutes les paillettes dans l’appartement d’Aurélie, dans son lit et sur son chat.

Elles ne se définissent pas grosses, ni l’une ni l’autre. Pour moi, c’est quelque chose d’important. J’ai eu des moqueries depuis l’enfance sur mon poids et le fait de m’affirmer gros·se, je suis vraiment dans cette dynamique de réappropriation de l’insulte. Qui n’est pas une insulte, c’est un qualificatif. Aurélie n’aimait pas du tout ce mot, mais elle parlait de ses formes, elle parlait du fait d’être voluptueuse. Comment elle le disait ? Que ses parents « avaient mis trop de levure ». C’était mignon. Marine, c’était plus délicat parce qu’elle avait pris du poids récemment et elle était un peu en conflit avec ça. Avec son image qui venait de changer, et ça se comprend. Mais quoi qu’il en soit, moi je suis gros·se, elles ont des formes, et ouais du coup, dormir à trois dans un lit, même un lit queen size, c’est compliqué. La première nuit à trois, il y a eu des crampes. On a pas bien dormi, mais ça reste une belle nuit où on s’est fait des câlins.

Elles se sont demandées en mariage pendant l’été 2018, pour des raisons politiques. Dans le sens où elles voulaient un enfant, et pour que Marine puisse adopter l’enfant (puisque c’est Aurélie qui devait le porter), il fallait qu’elles soient mariées. Donc elles ont fait un mariage qu’elles ont organisé très vite. Elles ont invité vraiment les proches, et pas les gens avec qui elles avaient envie de faire la fête. Elles ont invité plutôt la famille et elles ont lu un discours assez politique et engagé, pour expliquer qu’elles n’avaient pas le privilège des couples hétéros, où un homme peut reconnaître un enfant même si il n’est pas géniteur. Et qu’elles étaient obligées de se marier pour que Marine puisse être le deuxième parent de leurs enfants à venir.

Et dans ses vœux, Aurélie m’a beaucoup touché·e. Alors pas tant par l’aspect politique, mais dans la déclaration d’amour qu’elle a fait à Marine, où elle disait que c’était « une aventure perpétuellement renouvelée ». Et je trouvais ça très juste, par rapport à la richesse du monde intérieur de Marine, où ça part dans tous les sens dans sa tête. Et c’était aussi ça qui me plaisait. Et j’ai un peu changé de regard sur Aurélie. Je trouvais ça vraiment très beau. Dans son discours, elle disait aussi du coup à quel point elle l’estimait et la respectait. Et non là, de le dire de cette manière devant témoins, parents de Marine, je trouvais ça très fort.

C’était assez drôle parce que je les connaissais depuis deux mois et demi. Bon, leurs ami·es, j’étais out avec elleux, enfin pas tous·tes d’ailleurs. Et quand je me présentais, il y avait ce truc de : « Ah, tu les a connus comment ? Moi je les ai connues il y a trois ans, il y a quatre ans… » « Ben moi je les connais depuis deux mois et demi, je suis la copine de Marine ». « Ah ».

Elle se sont mariées, on a mangé un bout de fromage et on est parti·es.

En parallèle de ce qu’il se passait avec Marine, je réalisais que je commençais à voir Aurélie différemment. À ce moment-là, je travaillais sur un projet de performance sur le rapport au corps, pour lequel j’avais écrit toutes les petites phrases que j’avais entendues et qui avaient impacté mon rapport au corps. D’aussi loin que je me souvienne, jusqu’à mes 25 ans. « T’es grosse, tu devrais pas manger ça »… Mais c’était 8 minutes qui allaient de la petite injonction, la petite réflexion à base de « Oh là là, j’ai mangé comme une grosse » à « J’ai honte d’être ton père » ou « Tu vas mourir à 20 ans« . Ou toutes les suggestions de régimes qu’on a pu me faire.

Et l’idée c’était que ce texte soit récité par plusieurs voix afin de faire un montage audio. Et du coup, j’étais dans la phase où j’enregistrais les gens en train de me de lire ce texte, et c’était assez fort comme travail de faire enregistrer ça. Alors je l’ai fait enregistrer à la fois à des inconnu·es, à la fois à des proches et à des militant·es, à une vingtaine de personnes au total. Et c’était aussi une part intéressante du travail, dans le sens où il se rendaient compte que « Mince, j’ai dit ça, moi, je pensais que j’avais juste dit ça, mais toi t’as entendu tout ça à côté » et vraiment ça faisait prendre conscience du mécanisme de « Qu’est ce que c’est une micro-agressions » Et pourquoi ça rend ouf en fait. C’est un travail que j’avais mené avec ma psy également, et elle m’avait dit : « Mais en fait j’avais jamais compris vraiment à quel point la grossophobie ça pouvait impacter ».

Donc j’ai fait enregistrer ça à Aurélie, et forcément, ça a créé un lien. Quand Aurélie l’a lu, elle s’est retrouvée dans beaucoup de ces petites phrases, beaucoup de ces injonctions, et on a pu en discuter assez longuement. Du coup on a enregistré ça, on a mangé un bout ensemble, on a bien discuté, ça nous a pas mal rapproché·es. Elle est partie poser les couverts dans le lave vaisselle, quelque chose comme ça. Et elle a buté sur une des planches de son plancher. Elle m’a dit : « Je sais pas quoi faire pour pour caler ce machin ». Donc je lui ai donné une astuce, parce que je bricole un peu. Et visiblement, ça lui a beaucoup plu, le côté bricolage, le côté « Je résous tes problèmes de manière très pragmatique » et puis ce qu’il y a derrière, enfin l’habileté manuelle. Et elle est venue m’embrasser à ce moment-là.

Elle mesurait bien à quel point c’était une période compliquée pour moi, dans mon rapport au corps, dans le rapport à la séduction, au corps de l’autre. Elle a vraiment pris le temps de : « Est ce que tu veux qu’on s’embrasse ? Comme ça tu es à l’aise? Quelle position ? » Et c’était très tendre. Je pense qu’on a passé une bonne heure à juste s’embrasser sur son canapé. Enfin, c’était… Ça m’a fait beaucoup de bien. Et j’avais vraiment besoin de ça. Puis on a fini par aller dans sa chambre. Et ça s’est bien passé. C’était une belle nuit, une nuit courte mais une belle nuit.

Et on s’est revu·es quelques fois avec Aurélie, ça me faisait beaucoup de bien. Marine n’a pas hyper bien vécu ce qu’il se passait entre Aurélie et moi. Du coup, Marine et moi, on a rompu. Et dans la foulée, on n’avait pas défini qu’on était ensemble avec Aurélie, mais on a arrêté de se voir à deux. On a essayé de conserver un rapport amical avec Marine, je suis venue pour son anniversaire, elles sont venues aussi voir la performance pour laquelle Aurélie avait prêté sa voix. Et c’était important pour moi, qu’elles viennent à ce moment-là, qui était très fort, très intense.

Le surlendemain, je partais pour un mois à Auxerre pour travailler, et ça a fait une une coupure dans la relation. Je pense qu’on en avait besoin, surtout avec Marine. Avec Aurélie, on a continué d’échanger pas mal. Au moment où je suis partie, en fait, Aurélie était enceinte, et la grossesse n’a pas été évolutive. Donc elle a dû avorter. Et je l’ai beaucoup soutenue par message. Enfin, autant qu’on peut soutenir quelqu’un dans ces moments là par SMS.

Donc je reviens, et la première chose que je fais, c’est revoir Aurélie. On passe Noël ensemble tous·tes les trois. On a commencé à 11h au Mimosa et on a fini à 23h un peu bourré·es. Mais oui, elle m’avait fait des cadeaux sous le sapin, comme quand on est enfant. Enfin un truc très mignon. Ça faisait longtemps que j’avais pas eu ça. C’était chouette. J’avais du ramener des escargots d’Auxerre, quelques bouteilles. Du coup, on a passé la journée de Noël ensemble. C’était chouette.

Ça a été un peu compliqué avec Marine de retomber un peu sur nos pattes, de savoir dans quel type de rapport on était. On a eu des grandes discussions là dessus et on a réussi à repartir sur un rapport beaucoup plus apaisé. On a pu démarrer quelque chose d’un peu plus concret avec Aurélie. Et quelques mois plus tard, Marine qui finalement me fait du rentre dedans, sorti de nulle part. De ce qu’elle m’a expliqué, le fait de plus avoir de pression, et d’être dans un rapport amical, ça l’avait détendue. Et ça a pu se passer de manière beaucoup plus fluide.

Ça faisait sept mois que j’avais rencontré Marine, six mois que j’avais rencontré Aurélie, et voilà, ça y est, on se définissait en trouple. Après une rupture, et un raccommodage.

Je les ai présentées un peu dans ma famille, pas à tout le monde, mais on est allé·es prendre un goûter chez mon père. Elles m’avaient dit « Non mais on ne va pas te laisser y aller toute seule ». Et effectivement, j’étais pas enchanté·e parce que mon père est raciste, sexiste, homophobe et compagnie. Et oui, ça m’avait fait du bien de les avoir à mes côtés. Mais il a été tellement odieux que quand on est parti·es vraiment, on en a joué. On s’est roulé des grosses pelles et on est parti·es. Et ce soir là, du coup, on était allé·es aussi repas de famille avec les grands parents, l’oncle, la tante et la cousine.

C’était assez drôle parce qu’ils ont juste pas compris pourquoi je ramenais deux personnes mariées. Et au bout d’un moment, mon oncle qui demande : « Et toi, du coup tu vois quelqu’un ? » « Et ben elles sont devant toi toutes les deux ». Ben il est devenu tout rouge et m’a dit « Ah ben c’est bien, tu t’ennuies pas ». C’est la seule fois ou je les ai présentées, enfin où elles ont rencontré des membres de ma famille. J’ai rencontré un petit peu les parents de Marine. Je pense qu’ils étaient un peu interloqués, mais ça s’est bien passé.

Je pense clairement, l’année 2019, c’est l’année où j’ai été le plus heureux·se dans ma vie. J’avais l’impression d’être sous drogue continuellement. C’est vraiment ce truc d’être amoureux·se fois deux et d’éprouver de la compersion, vraiment très fort, pour les personnes qu’on aime et qui s’aiment entre elles. Des fois j’y pensais, et ça me submergait d’émotions. Mais en bien. Et au delà d’y penser enfin, c’est le vivre, l’éprouver.

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Les câlins, la tendresse au quotidien… Le soutien aussi, de se soutenir à trois, de s’organiser des petites surprises les un·es pour les autres. Elles m’avaient un peu kidnappé·e pour mon anniversaire. On est allé·es passer un week end à Barcelone et elles avaient tout organisé. Elles avaient fait en sorte qu’on passe voir les vitraux de la Sagrada Familia… J’ai pas les mots parce que c’était vraiment des moment… Il n’y a pas de mot pour ça. Juste, je me laissais porter et ça me submergeait au quotidien.

Alors je dis, je me laissais porter… Je mettais aussi la main à la pâte pour organiser des surprises, des choses. Il y a eu ce week end à Paris. En fait, Aurélie avait une formation à Paris le jour de nos un an, de la soirée où j’étais allée enregistrer chez elle, et du coup elle m’avait proposé qu’on se voit la veille et qu’elle parte le lendemain. Elle avait son train vers 12h, quelque chose comme ça. Et alors, je suis une très mauvaise menteuse, mais j’avais grâce à l’aide de Marine… Enfin en gros, je suis partie avant elle et du coup, quand elle est arrivée à Paris, je l’attendais sur le quai de la gare avec ses sushis préférés, les tickets de métro et en ayant révisé l’itinéraire pour rejoindre son Airbnb (parce que je savais qu’elle ne l’aurait pas fait et que ça, c’était le genre de choses qui la soulaient).

Ouais, c’était un très beau moment ça aussi. On a pu profiter de ce week-end-là à Paris à deux. On passait notre temps à envoyer des petits messages à Marine, qui était restée à Montpellier. Mais ça valait le coup, de voir sa tête en descendant du train, c’était drôle. Je crois qu’elle avait pas compris qu’elle avait quitté Montpellier.

C’est des moments que je chéris, vraiment très fort, qui me sont précieux. Puis il y a eu la fête de la musique où Aurélie nous a chanté à chacun·e une chanson. Enfin, son groupe était invité dans un petit village à performer. Elle nous avait fait une chanson pour chacun·e. C’était des chansons qu’elle avait écrites. Celle me concernant était aussi sur le rapport au corps, et comment on apprend à s’accepter, à s’aimer. Le rôle de l’amour de l’autre là-dedans. Et celle de Marine évoquait plein de choses, et notamment le fait qu’elle n’arrêtait pas de parler, ce truc d’aventure perpétuellement renouvelée.

Et après, tout simplement, tous les moments cocons, les moments où on fait des câlins, à trois, devant un film. À quatre, avec le chat qui tenait à avoir une patte sur chaque personne. C’est des petites choses, mais ça reste des beaux et des grands moments quand même.

On a rompu suite au confinement. On a été confiné·es à trois dans un appartement fait pour deux. C’est un moment où je commençais à travailler dans le Centre Covid pour personnes sans domicile, et c’était très fatigant. Je dormais très mal, c’était très anxiogène et ça faisait un petit moment qu’on avait des problèmes de communication. Et là du coup, on se retrouvait coincé·es ensemble, et moi j’avais besoin d’espace. On était confiné·es, donc il n’y avait pas d’espace. Donc ça, ça a beaucoup entamé nos rapports, notre relation. Donc voilà, ça s’est arrêté au moment du confinement.

Au début de la relation, elles m’avaient expliqué qu’elles cherchaient à avoir un enfant, et la question commençait à se poser d’en avoir plusieurs. Et là, pour le coup, j’avais un peu de mal à visualiser quelle serait ma place là-dedans. J’ai jamais souhaité être parent, mais être beau parent, ou être un espèce d’adulte référent qui ne serait pas parent dans la vie d’un enfant, ça ne me gênait pas. Par contre, je me voyais pas évoluer dans une fratrie de plusieurs enfants. Ce n’était pas la vie que je voulais.

Du coup, c’est sûr, la fin était un peu moche, mais pour moi c’est pas représentatif de toute l’histoire qu’on a pu vivre. Et ce que je choisis d’en garder en fait, c’est ces moments où je me sentais submergée d’amour. Autant d’en recevoir, que d’en ressentir. C’est ces moments-là que je veux garder. Et mine de rien, ça fait beaucoup réfléchir sur sur le rapport à la jalousie.

C’était pas du tout prévu à la base, mais je me suis découvert·e réellement polyamoureux·se, dans le sens où ce truc-là, de compersion, c’est un truc qui est très fort chez moi. Et autant j’ai pas le besoin de séduire, d’avoir plusieurs relations en même temps… Mais c’est quelque chose que j’ai envie de revivre dans ma vie, de me réjouir du bonheur de mes partenaires, de les voir amoureuses d’autres personnes.

Je considérais vraiment qu’il y avait quatre relations qui se jouaient au même moment. Il y avait celle entre Marine et Aurélie, celle entre Aurélie et moi, celle entre Marine et moi, et la relation de trouple, qui avaient chacune des dynamiques différentes. Et ce que je retiens, c’est l’intensité. Toutes les deux, vraiment, c’était d’être piles électriques. Elles s’arrêtent jamais, jamais. Et j’ai adoré ça. Ça m’a un peu rendu·e accro, c’était comme de la drogue. Et c’était beau. C’était fort. C’était tout le temps très fort.


Vous venez de lire le 2ème témoignage de Lesbien·nes au coin du feu, un podcast Manifesto XXI signé Athina Gendry. Merci à Jimmie de nous avoir partagé son histoire. Jeanne Chaucheyras a assuré la réalisation, le sound design et la musique originale de cet épisode. Il a été produit par Soizic Pineau, avec Apolline Bazin à la distribution et promotion, et Coco Spina à la direction éditoriale. L’identité visuelle et la direction artistique de ce podcast ont été imaginées par Dana Galindo. Léane Delanchy anime le compte Instagram @lesbaucoindufeu et a réalisé l’illustration de cet épisode.

Merci au média Hétéroclite ainsi qu’à ACAST pour la diffusion du podcast. On vous retrouve bientôt pour un nouveau témoignage. En attendant, si vous avez aimé cet épisode, n’hésitez pas à le noter et à le partager autour de vous.

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