Nola Cherri vient de sortir son premier EP en indépendant : These Associations. Après l’avoir découverte sur le single « Montmartre » de Maseki, elle nous dévoile un projet soul, sensuel.
Accompagnée d’une équipe de producteurs tous plus talentueux les uns que les autres, cet EP introduit remarquablement l’univers de la jeune artiste. Nola Cherri nous a parlé des associations artistiques qu’elle imagine et de sa vision de la femme à Paris.
Manifesto XXI : Tu t’apprêtes à sortir ton premier solo These Associations. A quelles types d’associations souhaites-tu faire référence? Des associations musicales?
Nola Cherri : J’ai commencé dans un collectif à Saint-Ouen (Le Nauctilus Lab) et donc depuis le début, je n’ai jamais réellement travaillé seule. Puis lorsque j’ai décidé de lancer un projet « solo », j’ai commencé à enregistrer des interviews de femmes. Leur point commun était qu’elles étaient étudiantes à Paris, mais de différentes origines géographiques. Les interviews se faisaient dans leur langue d’origine (du danois, à l’italien en passant par l’arabe) afin de comprendre ce qu’elles ressentaient à ce moment-là. Et c’est de là qu’est née l’idée de These Associations, même si ces enregistrements ne sont pas du tout présents dans l’EP aujourd’hui et ne sortiront jamais en digital. Après, j’ai travaillé avec cinq producteurs différents sur cet EP qui ont des univers musicaux très différents. Donc même le résultat final raconte l’histoire de ces différentes associations.
Ces femmes que tu as rencontrées, de quoi parliez-vous durant ces échanges?
Je partais d’un sujet simple : que ressens-tu en tant que femme venant d’un pays différent et vivant à Paris, une ville urbaine « masculine »? Comment le vis-tu? Quels messages veux-tu faire passer aux autres? Les réponses étaient très intéressantes et surprenantes car j’ai plus entendu des conseils à donner que des remontrances par exemple.
En ce moment je travaille mes propres productions. C’est quelque chose maintenant qui m’appelle plus que l’écriture.
Tu mets les producteurs de tes morceaux en avant. J’ai l’impression que cet univers te fascine. Faire en plus les productions de tes morceaux, tu l’envisages pour de futurs projets?
En ce moment je travaille mes propres productions. C’est quelque chose maintenant qui m’appelle plus que l’écriture. Ça me fascine beaucoup en effet. Je fais toujours attention à respecter le travail du producteur. Et les citer c’est la première chose à faire. Pour moi il y a un vrai échange, un vrai partage, à créer lors de la construction d’un morceau. que ce soit avec OkMasekek (connu également sous le nom de Maseki auparavant), ou avec Sydji. Maintenant, j’ai une vision claire des productions que je souhaite faire, mais travailler avec ces personnes-là m’a permis d’apprendre d’eux. Je veux construire ma propre identité à travers ces productions.
Dans le premier extrait de These Associations, « Virginia Rose », tu nous dévoiles un super morceau soul. Qui est Virginia Rose?
Tout le monde me pose cette question [rires]. C’est une histoire assez personnelle car elle parle d’une amie. Alors elle ne s’appelle pas Virginia Rose dans la vraie vie. Le nom vient en fait d’un compte Instagram de pin-ups à la base. Le nom était cool, je l’ai alors utilisé. Le morceau raconte l’histoire d’une femme qui évolue dans une ville urbaine, qui est indépendante, qui vit sa vie sans le regard et le jugement des autres. À côté de ça, elle est malheureuse, car elle sent qu’elle est jugée, mais en même temps, elle n’en a rien à faire. Il y a une partie de moi qui l’admire.
Virginia Rose, c’est la femme que tu es ou que tu admires?
Virginia Rose c’est la parisienne que je croise tous les jours. La parisienne a quelque chose que le monde entier lui envie. Elle fume sa clope, elle boit des pintes, elle drague. Et à côté de ça, elle ne ne peut pas faire tout ce qu’elle veut. Toutes les femmes sont ou doivent être un peu cette Virginia Rose.
J’ai plus écouté du rap français dans mon adolescence que de la soul.
L’esprit de ta musique est teinté d’une soul outre-Atlantique. Mais tu chantes tous tes morceaux en français. C’est important pour toi ?
Je te parlais de mon collectif à Saint Ouen avant. Quand j’y étais j’ai commencé à écrire en anglais. Il y avait des mecs qui faisaient des prods, d’autres qui rappaient. Ils posaient tous en français et je me suis dit que moi aussi j’y avais le droit. J’ai plus écouté du rap français dans mon adolescence que de la soul. Ça s’est fait naturellement. Aujourd’hui, j’ai envie de m’aventurer dans une nouvelle direction encore peu exploitée comme le franglais par exemple. On peut pas toujours dire des choses en français. Il y a beaucoup plus de libertés en anglais. Et à côté de ça j’adore écrire en français, je le prends comme un challenge.
Pour l’écoute de These Associations, dans quel cadre conseilles-tu de l’écouter? Quelle est la meilleure association que tu conseilles?
Avec des personnes que tu aimes, posé.e.s calmement. En plus si vous êtes plusieurs à écouter les morceaux, en terme de diffusion de ma musique, c’est mieux. (rires)