« La vérité a deux visages et la neige est noire sur notre ville ». La vidéo illustrant » African Melancholia » s’ouvre ainsi, sur une citation du poète palestinien Mahmoud Darwich, avec une simplicité qui, on le devine, cache plusieurs lectures. Léonie Pernet, avec cet extrait de son futur premier album Crave prévu pour le 21 septembre sur InFiné, épaulée du réalisateur Adrien Landre, annonce la couleur. Ou plutôt, les couleurs. Sur toutes les teintes de sombre, la voix de l’artiste accompagne, hypnotique, la course obligée d’un migrant incarné par Mohammed Mostafa, lui-même réfugié soudanais. Elle y chante « cet autre visage qui est le [sien] », du particulier vers l’universel, une « communauté de destins » par-delà les frontières. La prod y est minimaliste mais puissante, propice au déploiement de multiples émotions dans les interstices. Sous la terre, dans la nuit, le corridor est interminable, traversée de détresse et d’impuissance. Une violence subtile et symbolique s’y installe au fur et à mesure du sprint. Pour laisser place à une sourde colère, rythmée par la voix de Léonie Pernet, étrangeté incantatoire. On en ressort le cœur arraché. Pressé d’entendre la suite.
Léonie Pernet. La tragique fuite sans fin d’African Melancholia
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