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LAAKE : « Le noir est très présent dans cet album »

LAAKE : « Le noir est très présent dans cet album »

Manifesto XXI - LAAKE

Quand nous avions rencontré LAAKE en 2017 pour la présentation de son second EP PIAANO, il nous avait confié vouloir travailler sur un projet « symphonique ». Deux ans plus tard, son souhait est accompli : le producteur dévoile « O », un album orchestral électronique.

« O », une simple lettre pour présenter un premier grand album signé par l’artiste LAAKE, dans lequel il déverse une ivresse de mélodies furieuses sur des rythmes frénétiques. « O », c’est la fusion harmonieuse d’un orchestre baigné dans une base d’électronique charbonneuse, qui donne cette couleur si particulière à ce disque. Les cuivres et les cordes, qui accompagnent son piano, appuient toute l’intensité de sa musique, donnant naissance à un clair-obscur sous tension : parfois épique, parfois mélancolique, voire même tragique, la musique de LAAKE vient directement te prendre aux tripes. Il livre ici un premier album explosif, chargé en émotions et surtout, gorgé de noir.

Manifesto XXI - LAAKE
© Isabelle Chapuis

Manifesto XXI – Tout d’abord, est-ce que ton confinement se passe bien ?

LAAKE : Alors, oui plutôt bien, je ne suis pas à plaindre, je suis resté à Paris dans mon home-studio. Je n’ai fait que travailler pour l’instant, donc je n’ai pas vu le temps passer…

Comment s’est passée la composition de cet album ? Tu as tout fait tout seul ?

J’ai d’abord tout composé et enregistré sur ordinateur, chez moi. J’ai utilisé des plug-ins de cordes et de cuivres pour toute la partie orchestrale. Cependant, je ne m’y suis vraiment pas bien pris à la base, sur certains morceaux il y avait 10 notes jouées par les cordes en même temps, j’ai dû tout réécrire pour les deux quatuors. Ça a été la phase la plus délicate de l’album, n’ayant aucune connaissance en écriture de partitions et ne sachant pas lire la musique… J’ai choisi (peut-être à tort) de ne pas me faire aider, et j’ai tout écrit tout seul, ce qui donne des choses peu conventionnelles, car j’ai tout fait à l’instinct. En testant mes arrangements en répétitions avec les musiciens, je me suis rendu compte que certaines choses ne sonnaient pas bien en vrai, que certaines tonalités n’étaient pas trop employées dans la musique orchestrale, car très difficiles à faire sonner. Il y a eu moins cinq phases de réécriture pour toutes les partitions, sachant qu’il y a 11 morceaux et 8 partitions à faire pour chaque titre. Pour le mixage de l’album et l’enregistrement, je me suis entouré de Sébastien Berteau qui était déjà présent sur mon deuxième EP PIAANO.

D’où vient cet attrait pour l’aspect « orchestre » ? Qu’est-ce que ça représente pour toi de façon générale ?

J’ai toujours rêvé de jouer avec un orchestre, j’avais envie de donner de l’amplitude à ma musique. Les cordes et les cuivres s’accordent bien avec le piano et l’électro. Je ne suis pas particulièrement attaché à la musique classique, mais elle est présente dans mes compositions sans que je ne puisse vraiment le justifier. Je n’en écoute pas plus que ça et je n’ai pas eu de formation classique.

Comment est-ce que tu as choisi les sonorités de ton orchestre, les cuivres et les cordes ? Qu’est-ce que ça a apporté à ta musique ?

Pour les cordes, ça s’est imposé assez rapidement, car un quatuor classique est généralement composé de 2 violons, un alto et un violoncelle. Juliette Serrad, qui m’accompagne au violoncelle, m’a conseillé des musiciennes et le quatuor s’est formé assez rapidement. Pour les cuivres c’était différent, car je n’avais vraiment aucune connaissance à ce sujet. J’ai monté un quatuor assez peu conventionnel dans le classique (d’après mes musiciens), composé d’un trombone basse, 2 trombones ténors et une trompette. Les cordes accentuent le côté dramatique voire romantique de ma musique, tandis que les cuivres apportent de l’assise et de la puissance, il y a ce côté conquérant dans les cuivres qui se marie bien avec la musique électro.

Il y a énormément d’émotions qui passent sur l’album. Qu’est-ce qui t’a inspiré ? On sent beaucoup de colère, de la mélancolie, mais aussi un peu d’espoir. Comment en es-tu arrivé ce résultat ?

Pendant toute la période de composition et d’enregistrement, je n’ai écouté quasiment aucune musique, j’avais tellement le nez dedans que pendant les moments libres que je m’accordais, j’avais envie d’entendre le silence. Je pense que la musique que je fais est un reflet de mes émotions, tout ce que j’emmagasine au jour le jour, le négatif comme le positif, est digéré, mélangé et retranscrit de manière totalement inconsciente dans ma musique. Les notions d’ombres et lumières sont très présentes dans cet album. J’essaye de créer du relief et de donner plusieurs chemins à une même composition. L’album se termine par « LIGHTS », mais le morceau ne se termine pas de façon si sereine que ça.

Le noir est très présent dans cet album, mais j’essaye d’y apporter quelques touches plus lumineuses, car il n’y a pas d’ombre sans lumière !

LAAKE

On sent aussi une dimension cinématographique dans ta musique. Est-ce que le cinéma est quelque chose qui t’inspire ?

Le cinéma est très inspirant bien sûr, mais il n’influence pas particulièrement ma musique. Pour l’instant c’est plutôt l’inverse, c’est la musique qui m’inspire des idées de clips ou de scénarios. Les deux sont intimement liés pour moi, étant graphiste à la base, j’ai toujours composé avec ces deux pratiques, au final, je ne fais quasiment même plus la différence entre les deux. J’aimerais justement un jour composer pour un long-métrage et mettre ma musique au service d’un film, d’une histoire.

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Il y a l’orchestre, mais il y a aussi une grosse part d’électronique dans ton projet et tu as même intégré des sons organiques comme dans le titre « MIND » ou même un son d’alarme dans « DIFFRACTION ». Comment as-tu « dosé » la part des deux, entre l’orchestre et le reste, sans que ce soit indigeste ? 

J’utilise souvent des bruits d’eau et de textures comme le crépitement d’un feu par exemple dans ma musique. Dans cette démarche il y a l’idée de se raccrocher aux éléments, à la Terre. L’électro amène quant à elle le côté plus rugueux, poisseux, le monde de la nuit, la ville.

Ma musique est aussi bien influencée par la nature que par la ville et j’essaye de trouver un équilibre entre les deux. 

LAAKE

Je ne voulais pas faire un album exclusivement orchestral, je pense que plein de gens l’auraient fait bien mieux que moi. Je ne voulais pas non plus mettre en retrait l’électro pour faire plus de place aux instruments, comme c’est souvent le cas dans les compositions de néo-classique. Le dosage entre les deux n’a pas été évident, car c’était déjà très chargé en termes de mélodies, d’instruments. Je suis resté sur des rythmiques électro relativement simples et qui vont à l’essentiel pour pouvoir conserver une certaine énergie et laisser de la place aux instruments.

La prochaine étape après l’orchestre ?

Je vais composer la musique d’un spectacle de danse dans un premier temps. Je réfléchis également à un petit album de piano solo en attendant de composer la suite de « O », j’ai emmagasiné sur mon téléphone des centaines de mélodies au piano que je n’ai jamais exploitées encore…

/L’album « O » est disponible en écoute sur toutes les plateformes/

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