À l’occasion de la Kindergarten XXL, organisée au Petit Bain le 7 juillet de 18h à 06h, on a rencontré Anna Mennessier, scénographe et styliste de cet event. Entre punk schlag et burlesque, elle oscille toujours entre plusieurs visions de la nuit en club. Après avoir écumé les soirées queer et les loges d’artistes, le collectif mélange club, costumes, et show.
Manifesto XXI – Présente-toi, qui es-tu ? Que fais-tu ?
Anna : Je suis Anna Mennessier, je fais partie du collectif Kindergarten. Mon rôle au sein de la Kindergarten, c’est de fabriquer les décors et de participer à la programmation et à l’organisation. De penser au spectacle dans son ensemble. Que ce soit sur scène mais en dehors aussi, les activités hors scènes sont très importantes.
Ce n’est pas vraiment un spectacle, car il s’agit d’un club, mais on le pense comme une forme scénique avec une évolution.
Au début on voulait une cour de récré avec des jeux géants et petit à petit on s’est dirigés vers des thèmes plus précis pour la scène. Le prochain thème de la Kindergarten XXL on sera plus sur de la kermesse, avec des jeux des activités et ensuite on passera à la dimension club.
Comment travailles-tu ? Comment penses-tu la scénographie pour un club ?
Je travaille en collaboration principalement avec les performeurs, et notamment Klaus, pour voir ce qu’il a prévu de faire sur scène et quels sont les éléments dont il aura besoin et ce que moi j’ai envie de faire aussi. Au début, on a fait des premières expériences et on a pu voir ce qui marchait ou non, et puis on reste quand même dans un club avec un public qui vient pour la teuf, donc il faut des choses visibles de loin très contrastées avec des identités très fortes.
J’utilise du carton, du papier et parfois du bois, ce sont des matériaux peu onéreux, et puis c’est pas mal de récup’ et facile à manipuler.
Qu’est-ce qui t’inspire dans ton travail ?
Dans les scénographies que je fais, je fais en fonction de l’histoire qu’on veut raconter sur scène, mon esthétique est grossière et bricolée et j’aime l’entretenir. J’aime ce qui coloré et enfantin et c’est pour ça que la Kindergarten m’a plu. C’est toujours la kermesse ! Le côté punk dans le mal fait, c’est l’anarchie et schlag dans ce que je construis, et je crois que c’est ce qui me plait. Je m’inspire du cirque, des clowns, du cabaret, de tout ce côté burlesque du spectacle.
Comment es-tu arrivée à la Kindergarten et au déguisement ?
J’ai toujours eu une affinité pour le milieu du spectacle, déjà petite j’avais une attirance pour la scène et le costume, environnement dans lequel j’ai d’ailleurs été bercée puisque mes parents sont dans le théâtre.
À quelques mois, je traînais déjà dans les loges ! Et puis mes études de styliste m’ont fait croire que je voulais être styliste.
Mais le côté commercial ne m’a pas trop plu, j’aime être dans l’instant, dans le fun, dans le show, et surtout aller dans les choses expérimentales. Je ne veux pas faire des choses « mettables ». Je me suis rendue compte que ce qui me plaisait surtout c’était de manipuler des formes et des couleurs, que ce soit sur des vêtements ou des décors.
J’ai rencontré Hugo en soirée House of Moda, avec qui je me suis très vite entendu sur la vision qu’on avait du clubbing, autant au niveau artistique que politique. Lorsqu’il a commencé à travailler sur le projet de Kindergarten avec Thibaut, on s’est revus pour boire un verre. J’ai tout de suite été emballée et je lui ai proposé de faire les décors. Cumuler musique, show, décors, c’est ça la vision que je me fais du clubbing.
La Kinder est l’héritage de toutes les soirées qu’on a faites, on avait tout ce même amour du clubbing et du spectacle et chacun à apporté ses compétences.
Tu aurais une définition d’un club safe ?
C’est un club où je peux être en costume et à moitié à poil sans que des mecs viennent me voir toute la soirée en me demandant pourquoi je m’habille comme ça en me regardant dans les seins. Je ne suis pas anti-club hétéro, ni anti-hétéro, mais j’aime les gens qui sont informés et qui sont dans la bienveillance. Tout simplement de ne pas se faire emmerder et que tout le monde puisse se parler sans que ce soit direct de la drague.
J’aime les espaces où tout le monde peut montrer ce qu’il a envie, se transformer pour devenir qui l’on veut ou exacerber un partie de soi que l’on cache d’habitude.
Que ce soit les House of Moda ou la Kinder, il y a plein de gens qui viennent te voir juste pour te dire, “Wow ton costume est top”. Tout le monde est à la fois l’artiste et l’oeuvre, il se passe partout quelque chose.
Est-ce que tu as des projets pour la suite ?
J’aimerais bien évoluer dans le monde du club et du spectacle, là pour le moment je travaille en tant que styliste/illustratrice customisation. Mais j’aimerais petit à petit me lancer à mon compte et ne faire que des décors et des costumes, et pourquoi pas organiser ma propre soirée.
La soirée d’Anna, elle serait comment ?
Ce serait pas très loin de la Kinder mais avec plus de gabber.
Article : Clothes Barbie