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Nos Icônes immortalisées par Julia Grandperret Motin

Nos Icônes immortalisées par Julia Grandperret Motin

Frappée par l’image fantasmée que nous nous faisons d’une personne via les réseaux sociaux, la photographe Julia Grandperret Motin s’interroge sur les liens entre célébrité et sacré à notre époque. Elle dévoile aujourd’hui un aperçu de sa série photo Les Icônes.

C’est une ode au féminin qui s’inscrit dans une dimension picturale millénaire; mais en jouant avec des détails décalés, les tenues et les accessoires. Surtout, l’attitude des ces jeune femmes transcende les représentations de la Vierge, pieuse et pure. Ces Icônes représentent la détermination. Leurs regards évoquent mystères et désirs…

Julia Grandperret Motin a commencé cette série de portraits en s’interrogeant sur la position presque irréelle de mini déesses dans laquelle se trouvent des filles de son âge. Elle a décidé de ralentir le temps d’Internet et de sacraliser leur beauté, leur prestance, leur force, à travers des images prises à l’argentique. Les artistes Joanna, Camille de Grand Blanc, la make up artist Anaelle Postollec, ou encore la comédienne et chanteuse Alma Jodorowsky se trouvent réunies dans cette série qui oscille entre fantasme et réalité.

Edwina Zajdermann ©Julia Grandperret Motin

Manifesto XXI : Quel était le but premier de cette série de portraits ?

Julia Grandperret Motin : J’ai démarré cette série il y a un an, après avoir constaté que les Icônes de notre génération – musiciennes, comédiennes, influenceuses – étaient adulées majoritairement par les réseaux sociaux. Voire parfois voyaient le jour uniquement à travers eux ! Et à travers un nombre vertigineux d’images instantanées sur lesquelles on scrolle automatiquement.

J’ai eu envie de contrecarrer cette tendance, à ma petite échelle, et de représenter des femmes inspirantes, exposées au public, de manière solennelle à travers les codes picturaux de l’iconographie religieuse, avec un mode de prise de vue argentique, lent, quasiment sans post-production.

Ce que je présente aujourd’hui sur Manifesto XXI, est d’ailleurs une étape plus qu’un projet fini. La série, que je vais continuer et élargir à plus de femmes, est destinée à être tirée et encadrée dans des cadres uniques. Pour créer des vrais petits objets, semblables à l’objet religieux de l’icône.

Margot Ladroue ©Julia Grandperret Motin

Tes icônes sont des femmes qui dans leur vie, s’exposent, s’assument elles, ainsi que leurs engagements. Pourquoi as-tu décidé de les mettre dans cette position d’objet sacré, qui, habituellement est relié à une certaine forme de censure, d’asservissement et de soumission ?

C’était justement tout l’enjeu, de jouer de ces codes et de ces postures religieuses pour mieux les détourner ; et finalement sacraliser la femme moderne, et sexuée.

Je ne suis absolument pas dans l’apologie de la madone dans ce qu’elle représente traditionnellement, mais plutôt dans la mise en valeur de la femme contemporaine dans sa singularité.

Alma Jodorowsky ©Julia Grandperret Motin

Penses-tu que celleux qui s’exposent publiquement sont devenus les dieux de notre époque ?

Comme je le disais, c’était vraiment le constat de départ ; que l’adulation par les réseaux sociaux prend une ampleur démentielle, de l’ordre du fanatisme.

Anaelle Postollec © Julia Grandperret Motin

Comment as-tu préparé la mise en scène du projet ?

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Pour la mise en scène, je me suis imposée d’avoir les ciels en fond, et des drapés, de manière systématique. J’ai été aidé par une set-designeuse pour démarrer la série.

Ensuite, j’ai pour la majorité, donné carte blanche aux modèles. Car il fallait que ça les représente.

On réfléchissait ensemble à un objet, vêtement ou accessoire qu’elles pourraient amener qui leur était cher, qui les représentait ou juste qui les faisait marrer. La post-production a été assez rudimentaire, uniquement un peu de contraste et de chromie, mais pas de montage. C’était important pour moi de tout constituer sur le set, et de photographier en argentique. Donc de ne rien re-créer en post-prod. Justement dans cette volonté d’avoir un objet fini, dès la prise de vue.

Sarah Benabdallah © Julia Grandperret Motin
Camille Delvecchio © Julia Grandperret Motin
Andree Keita © Julia Grandperret Motin
Antoinette Love © Julia Grandperret Motin
Joanna © Julia Grandperret Motin
Jéromine Chasseriaud © Julia Grandperret Motin

Crédits :
Photographe : Julia Grandperret Motin
Assistante : Aurora Troise
Set Design : Léa Colsy
Maquilleuses : Virginie Delin, Marguerite Machuel, Anaëlle Postollec
Crédits photographies ciels : Kamila K Stanley, Melvin Israel, Clothilde Royer, Léa Colsy, Julia Grandperret Motin

Suivre le travail de Julia Grandperret Motin sur Instagram

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