Hoorsees faisait ses premiers pas fin 2019 avec un EP qui a éveillé les soupçons du public avide de rock vintage et mélodique. Avec leur premier album Hoorsees, les quatre musicien·ne·s de la capitale confirment les craintes : c’est le retour des années 2000, teintées d’une pop nostalgique. Et Hoorsees prouve avec talent que les guitares résistent encore aux mâchoires de la musique électronique.
Rangez vos cravates et vos MacBook, sortez vos posters et vos walkmans, le quatuor parisien vous renvoie dans la fin des années 90, dans votre chambre rongée par vos idoles du rock. Casé entre un t-shirt de Nirvana et l’intégrale de Green Day, vous auriez pu trouver un vinyle rose, flanqué d’un toutou noir et blanc : le premier album de Hoorsees – qui n’a rien à voir avec les chevaux, non. En tout cas, c’est dans sa chambre qu’Alex, chanteur et compositeur du groupe, a entièrement composé le projet, enregistré par la suite en Mid-fi collectivement. Compagnons de scène de TH da Freak, déjà habitué·e·s du public, et alors même que leur deuxième album est déjà enregistré, iels sortent ce premier projet, bien décidé·e·s à faire vivre le rock à guitares, et armé·e·s d’un je-m’en-foutisme détendu qui leur offre de raconter ce qu’iels veulent, comme iels veulent – par exemple, « Overdry » est un mot qui n’existe pas. Dans ce disque, on retrouve, bras grands ouverts, le sentiment d’insouciance revêche qui s’accroche, bien décidé à ne pas plier sous les assauts de la vie adulte.
Leur premier EP paru en 2019 – au titre équivoque Major League of Pain – semblait plutôt explorer les déprimes de la fin de l’adolescence, des soirées sans fin et des amours un peu foireuses. Hoorsees, leur nouvel album, premier long projet plein d’alacrité, est lui empreint d’allégresse et disposé à la bonne humeur. « Nothing’s gonna go wrong » peut-on entendre dans « Instant Tea » ou « I won’t give it up » dans « Give It Up« , messages d’encouragement soutenant que les petites ou grandes blessures de la vie n’en estomperont pas la saveur. Pourtant, en filigrane, coule encore cette humeur paresseuse de l’enfance hystérique qui s’efface pour laisser place à la langueur adolescente. Et la mélancolie qui leur colle à la peau trouve sa place, pour se glisser langoureusement entre les accords.
Reines du premier au dernier titre, les guitares qui mènent la danse dans cet album. À deux, s’affrontant sur deux tons, l’une plus grave et simple, accompagnant la mélodie chantée, l’autre, gambadante et plus aiguë, entêtante et inventive. Chacune nous criant de la suivre. Elles emportent dans leur sillon une basse plus discrète, qui s’impose en touches éparses, ravie et enjouée. Suit la batterie qui cavale droit, joyeusement et sans détour, pour partitionner la bonne humeur générale. Là-dessus, la voix anachronique d’Alex vient nous murmurer son regret de ne pas être né dans la bonne décennie. À cet heureux bordel s’ajoutent des breaks tombés à point, des refrains épaissis par les voix qui chantent en cœur, et des mélodies bourrées de nostalgie.
Surtout, les musicien·ne·s d’Hoorsees ne se satisfont pas de reproduire la musique des idoles qui ont bercé leurs enfances, iels ouvrent la porte à la créativité pour créer leur univers et leur son propre. Et plus qu’une virée de quarante minutes dans le passé, Hoorsees offre surtout un album irrémédiablement dansant, ingénu et ingénieux, qui trimballe avec lui tous ces secrets de refrains qui n’en finissent jamais de nous rentrer dans la tête.
Image mise en avant : © Lucas Martin