Après avoir dévoilé un premier album (Esja) l’année dernière chez Gondwana Records, Hania Rani poursuit sa route et livre une suite magnifique à ce prélude musical, nommée Home.
Originaire de Gdansk en Pologne, Hania Rani, pianiste et musicienne, dévoilait en avril 2019 son premier album, Esja, composé sobrement de dix pistes néo-classiques, mettant à l’œuvre un simple piano, délicat et flottant. Si ce premier opus avait été une réussite, remportant une certaine reconnaissance grâce à sa douceur et son son lisse, ce n’était alors qu’un avant-goût du savoir-faire de la compositrice. Un an plus tard, l’artiste polonaise poursuit sa traversée pour nous offrir un nouvel album, Home, incarnant la suite d’Esja et promettant un périple sonore à demi-éveillé vers des espaces inconnus qu’elle qualifie de « maisons ».
Le départ. Hania Rani évolue aujourd’hui entre Varsovie, sa maison, et Berlin, là où elle travaille et étudie, sans oublier qu’elle a tourné dans de nombreuses villes suite à son premier album Esja. La vie d’artistes s’accompagne très souvent d’une mouvance constante et, même si le voyage peut être troublant, Hania Rani a composé le long de son parcours ces pièces musicales et nous montre que peu importe la destination, l’important est qu’une fois arrivé·e, on se sente chez soi. Home est une traversée métaphorique avec 13 musiques évolutives dans lesquelles on se réfugie, pour contempler ses nouvelles maisons sonores offertes par la musicienne. L’album s’ouvre avec des notes délicates de piano, démarrant le premier chapitre « Leaving ». Progressivement, des couches de piano se rajoutent, on entend retentir la voix aérienne d’Hania Rani : « Are you leaving ? » Le départ a sonné.
Le changement. L’une des premières choses à noter sur cet album, c’est la présence pour la première fois de la voix de l’artiste sur quelques pistes, amenant une émotion brute aux morceaux. Contrairement à Esja, qui était composé à partir d’un simple piano, Hania Rani continue sa recherche musicale avec des cordes, des basses, une batterie et des synthés, dessinant avec justesse de nouvelles lignes vibrantes à sa musique d’espaces. Chaque titre offre une véritable palette de décors que la pianiste a imaginés, dans lesquels on plonge tête baissée, en toute sécurité. L’album navigue sur une atmosphère apaisante et rassurante, à l’exception de « Zero Hour » qui peut être le plus surprenant à l’écoute : s’ouvrant sur une vibration de voix et des respirations saccadées, ce morceau nous plonge dans un univers sombre et froid, donnant un tout nouveau relief au disque.
L’arrivée. Rien n’est gravé dans le marbre. Notre entourage évolue en rythme avec le temps qui passe et nous avec. Le voyage a beau être de courte durée, les choses que l’on a laissées derrière ont elles aussi changé. « Come Back Home » qui clôture l’album est un rework du titre « Home ». Hania Rani propose une nouvelle lecture, en annonçant notre retour dans le lieu que l’on avait quitté, mais également la fin de ce voyage : « Home, I feel like home. » Baignant dans un climat plus noir que sa version originale, les silences sont plus présents et, si la forme est bien la même, on ressent que le goût a changé. Finalement, on lève les yeux et tout ce que l’on avait abandonné au début de l’écoute a évolué pendant notre absence.
Hania Rani offre une véritable traversée sensorielle et dense avec ce second album dans lequel les espaces s’agrandissent et se transforment, pour laisser place au confort rassurant et doux que seul une maison peut offrir.