Nous vous présentions GAMUT en septembre, lors de la soirée Chosen Family organisée par le collectif. Lors du premier défilé à La Station – Gare des Mines le 28 septembre, GAMUT présente une collaboration avec le musicien Jardin. Annonçant une mode en quête de sens et de liberté de formats, cette collection poursuit la quête esthétique des cinq créateur.ices anonymes. Suivre GAMUT sur Instagram ici.
Un vent de révolte semble souffler sur la mode ces derniers temps, animé par un constat implicite : il faut changer le système et avec lui, notre approche de la consommation. Une mode nouvelle, se voulant humaniste, prend au fur et à mesure forme grâce aux jeunes créateur.ices émergent-es.
Défilé printemps-été 2019. Bande son : Jardin
Il est rafraîchissant de voir que c’est justement à Paris, notamment aux alentours d’Aubervilliers, qu’un débat sur le nouveau système-mode se prolonge. Nourri de références techno, se démarquant par des coupes déstructurées rappelant les années d’or de l’anti-fashion, GAMUT appartient à cette vague de maisons qui ne vont pas s’adapter aux règles en place en remettant en question tout le fonctionnement de l’industrie du vêtement. A commencer par la place du créateur. Reproduire l’expérience des six d’Anvers pendant les nineties, continuer de faire sortir la mode de ses lieux officiels : entre réminiscences du passé et ancrage dans l’urgence du présent, GAMUT participe au mouvement de remise en question de notre mode de consommation du vêtement.
En finir avec le culte du créateur
Le collectif répond à l’urgence de remettre en cause l’absolutisme des grandes maisons. Après quelques expériences au sein d’institutions prestigieuses, les createurices de GAMUT décident de faire tout l’inverse. Créer un espace horizontal où tout avis est pris en compte, où la divergence est richesse et le styliste cesse d’être la star mondaine d’un cirque où la créativité passe en second plan. Qui fait donc partie de GAMUT ? Pas de noms ni de prénoms. Le collectif l’emporte. Les fondateurices viennent de La Cambre Mode/s/ à Bruxelles et prônent un projet de liberté, d’émancipation des mécanismes de pouvoir actuels. L’amitié et la bienveillance remplacent le culte de la personnalité et l’irrespect de l’humain.
Dépasser le vêtement
Aller au-delà de la mode et bâtir un univers culturel rayonnant allant plus loin que le vêtement. Une attitude clairvoyante qui répond à une quête de sens grandissante dans nos habitudes de consommation. Musique, art, vidéo, GAMUT se veut plus un mouvement créatif qu’une marque. Si le vêtement a toujours eu une fonction identitaire, d’appartenance à un groupe, ici c’est la maison en elle-même qui propose une vision artistique à 360°. On saura alors que derrière une pièce GAMUT résonnent les notes sombre et envoûtantes de Jardin, la rave énergique de Rebeka Warrior, les scénographies rouges sanguines de Clément Pelisson, des images brutes et dépouillés qui se succèdent sur les écrans pendant le défilé.
Le vêtement n’a pas de genre
Alors que l’industrie de la mode fait face avec maladresse à la révolution no gender, qui vient bousculer l’existence-même d’un vêtement masculin et d’un vêtement féminin, GAMUT ne semble même pas avoir pris en compte la question du genre dans l’équation. Reflet de son époque, GAMUT ne salue pas les gens par leur identité intime. Comme Koché ou Andrea Crews, GAMUT dépasse même le concept d’unisexe : pas de genre ne signifie pas créer un troisième label, mais intégrer tous les genres, aussi différents soient-ils, dans une même collection. La « femme GAMUT » n’aura donc pas lieu d’être. Pour le plus grand bonheur de celles et ceux qui commençait à s’ennuyer à la Fashion Week parisienne.
GAMUT est le réceptacle d’un flux vital et urgent d’expression, de partage, de solidarité, de plaisir et de respect écologique qui traverse le monde contemporain. GAMUT croit à l’impact de la création sur le fait social et s’engage dans un esprit de résistance humaniste.
Premier défilé, présenté à La Station – Gare des Mines
Plus d’informations ici
GAMUT sur Instagram