Du mercredi 18 au vendredi 20 novembre, le Future East Festival propose des lives de musique expérimentale en immersion. Durant ces trois jours, six performances d’artistes femmes et de personnes queer originaires du Moyen-Orient et d’Asie centrale seront diffusées sur la plateforme du festival.
Une expérience immersive à 360° avec des lives d’ambient et de créations expérimentales, filmés dans un hôpital abandonné au nord de Berlin. Telle est l’idée de Sam Eyvaz, cofondateur du Future East Festival, qui se déroule exclusivement en ligne du 18 au 20 novembre 2020.
Tout part d’un triste constat réalisé à Téhéran durant l’automne 2019. Sam Eyvaz, Iranien installé à Berlin, discute avec plusieurs femmes artistes et queer de son entourage. « J’ai toujours été fasciné par leur musique, qui est malheureusement interdite dans des pays tels que l’Iran », regrette le jeune homme. Lui-même, membre d’un groupe de post-punk dans son pays d’origine, avait déjà fait face à quelques réticences concernant sa musique.
De retour dans la capitale allemande, Sam ne se fait pas prier. Alors qu’il a déjà un pied dans l’événementiel berlinois grâce à Tehran On Their Ground, il se lance dans la programmation du Future East Festival consacré à ces femmes artistes du Moyen-Orient et d’Asie. Initialement prévues en mai au Yaam, les deux soirées qu’il avait imaginées seront malheureusement annulées en raison de la crise de la Covid-19.
Cette dernière est loin d’abattre la détermination du jeune programmateur. Avec l’aide de Merve Namli et d’une équipe technique, notamment composée de Tim Novikov, ils mettent en place un festival en réalité virtuelle. Aidée de près par Music Board Berlin, la petite équipe part à la recherche d’un lieu et monte rapidement une programmation pour une version digitale du Future East Festival. « Is it ever possible to emerge anew, uninhibited and infinite? » peut-on lire sur le site de l’événement, qui propose une courte réflexion-manifeste sur l’ancrage, l’épanouissement de l’art et la nature. Dans les trois jours qui suivront les performances expérimentales et immersives sont proposées au public sur Youtube et sur le site du festival.
« J’ai toujours été fasciné par la nature qui reprenait ses droits dans les différents lieux urbains abandonnés. Je trouvais qu’il y avait une belle analogie avec ces artistes trop souvent marginalisé·es dans leurs pays d’origine, confie le programmateur. Ce n’est pas juste une sous-représentation de genre mais davantage un problème politique. Je souhaite que ces artistes puissent exprimer leur musique et leur art comme il se doit ! »
Je n’ai jamais joué dans un endroit aussi beau !
Rojin Sharafi
Ainsi, Rojin Sharafi, 6zm, Teresa, Mustelide, Sabiwa et Sara2stra ont enregistré des performances à 360° dans les décombres de l’hôpital abandonné avec l’aide de \// \\\, Ultrabianka et Rasmus Bell, trois artistes visuels. Dès mercredi, le Future East Festival les diffuse sur ses plateformes. « Je n’ai jamais joué dans un endroit aussi beau », confie Rojin Sharafi. La jeune artiste iranienne basée à Vienne a encore des étoiles dans les yeux. Pour des raisons techniques, elle a enregistré son live à 3h du matin. « À cause de la présence d’oiseaux qui dormaient dans l’hôpital, j’ai dû jouer à un volume sonore réduit. Le tout devant une petite audience composée d’artistes et de techniciens. C’était une expérience très forte », se souvient-elle.
Pour s’offrir une expérience complète, Sam Eyvaz recommande de s’équiper d’un casque de réalité virtuelle pour smartphone (ou d’un grand écran) et d’un bon sound-system. « L’objectif est d’amener le spectateur dans ce lieu abandonné et qu’il puisse aller au plus près de l’artiste, détaille le curateur du festival. Nous avons travaillé de façon à proposer des performances et un son de qualité. »
Pour les retardataires, il sera possible de retrouver des extraits des lives sur les réseaux sociaux du Future East Festival. « Nous ne publierons pas l’intégralité des contenus par respect pour les artistes », explique Sam. En effet, la plupart des créations sont des avant-goûts de projets encore inédits. D’ailleurs, celui de Rojin Sharafi sortira en 2021 sous le nom de Kariz chez Ventil Records.