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Les Fils du Calvaire : pétillante rencontre

Les Fils du Calvaire : pétillante rencontre

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Les Fils du Calvaire c’est trois potes. Ils sortent leur premier album, Fils de… Nous avons rencontré Damien et Clément, Jonathan étant absent. Absurde, second degré et élégance en parcimonie sont les maîtres mots de leur univers. Ci-dessous, une interview mêlant humour, musique et cinéma.

Manifesto XXI Les Fils du Calvaire, pourquoi ?

On avait notre studio parisien au métro Filles du Calvaire et on utilisait le nom « la rue des Fils du Calvaire » pour faire des fausses factures. Ça nous a bien amusé et on s’est dit « Tiens, c’est un bon nom de groupe ça ! ». C’est farfelu, parisien, c’est notre quartier, c’est nous !

Manifesto XXI – On se doutait que c’était en référence à la station de métro. Je suis allée voir d’où venait ce nom sur Wikipédia. Ça vient d’un couvent du XVIIe siècle qui se trouvait dans la rue près de la station, où résidaient les Filles du Calvaire, une congrégation de sœurs bénédictines. Quel rapport ?

Oui ça vient du Calvaire, le mont Golgotha où Jésus a été crucifié avec les deux voleurs, ça nous parlait ! Et on est trois, comme sur cette image des trois crucifiés sur le mont Calvaire.

Manifesto XXI – Vous aviez déjà un groupe, dOP. Pourquoi avoir eu besoin d’en créer un autre ?

Ce sont deux univers très différents. dOP c’est de la musique électronique, de la musique de club, très énergique et en anglais surtout. Les Fils du Calvaire, même si c’est actuel et moderne, c’est de la chanson française. C’est un autre format et une autre langue. C’est plus simple, déjà pour ne pas se perturber nous-mêmes, et pour ne pas perturber ceux qui suivent le groupe. Ce sont deux identités différentes, ça ne nous dérange pas du tout d’avoir les deux. On a même d’autres projets, d’autres groupes avec d’autres noms, pour coller à des idées et concepts différents.

Manifesto XXI – Et donc deux publics différents ?

On a un public plus international avec dOP. Les Fils ça touche davantage la France et plus de générations : les jeunes, nos parents et nos grands-parents peuvent les écouter.

©Myqua
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Manifesto XXI Pourquoi avoir choisi ce logo, un point d’interrogation à l’envers ?

Ça s’appelle un point d’ironie, ça existe, on ne l’a pas inventé ! On a eu l’idée de ce point d’interrogation à l’envers avant de savoir que ça s’appelait un point d’ironie. Ça collait tellement à notre projet ! L’ironie, c’est le fil conducteur du groupe et de ce disque. Cette trouvaille a confirmé notre choix.

Manifesto XXI – La première fois que je vous ai entendus, c’était sur la petite scène du Petit Journal où vous chantiez le titre « Rester chez toi », avec Miss Kittin. Il y avait une petite mise en scène présentant deux personnes sur un canapé. Plutôt érotique ! Le sexe est vendeur ?

Oui… Sexe, violence et rock’n’roll ça vend. Sinon tu poserais pas la question en même temps ! (rires) Ce n’était pas notre premier choix de faire quelque chose relié directement au sexe, mais le label nous a présenté les personnes qui ont fait cette vidéo, Anonymous, et ils avaient ce concept de clip interactif et voilà, c’est parti comme ça. Mais c’est évident que les gens aiment regarder des corps nus.

Manifesto XXI – Des toilettes, un Gin Fizz, une femme d’affaires, etc., dans quel contexte vos idées vous viennent-elles ? Des délires de potes ?

Petites chroniques de la vie quotidienne parisienne. Le premier jet est effectivement toujours très spontané, même si après la musique et le texte sont retravaillés. Ce sont des petites choses de la vie quotidienne.

Manifesto XXI – Qu’est-ce qui vous séduit dans la synth-pop eighties qui définit en partie votre style musical ?

Rien ne nous séduit, mais on a grandi dedans. Disons qu’on utilise beaucoup d’outils électroniques de l’autre groupe. On utilise toutes ces machines dont on est fans, ce sont ces musiques des années 80 qui les ont d’abord fait exister tout simplement.

Manifesto XXI Et pourquoi pensez-vous que ça revient à la mode ?

À cause de la musique électronique justement. Aujourd’hui elle est beaucoup plus mainstream. Certaines personnes se replongent dans les origines, se demandent pourquoi ce son, pourquoi ce piano, cette boîte à rythmes, et forcément ça mène à la fin des 70’s, début des 80’s.

Manifesto XXI – Votre univers semble osciller entre humour, absurde, kitsch, second degré et élégance. Un équilibre naturel ou travaillé ?

C’est ça, c’est exactement les mots que t’as donnés. T’aurais dû écrire le sticker sur le CD (rires). Le côté humoristique et léger, le côté élégant et raffiné, mais discret, pas quelque chose de flagrant. L’élégance est là, discrète, et c’est travaillé. On a un son en tête, très précis, on sait déjà où on veut aller.

Manifesto XXI – Le cinéma semble avoir une place particulière dans votre travail, surtout quand on découvre un clip comme Gin Fizz. Jonathan joue d’ailleurs très souvent dans vos clips. Quelles sont vos références cinéma ?

Damien : Moi j’adore vraiment le cinéma, enfin comme tout le monde, j’imagine. Je suis fan absolu de Kubrick et sinon j’aime rire.

Clément : Moi je suis très comédies et documentaires. Et maintenant qu’ils ont inventé le « mocumentaire » alors là, je suis une personne comblée…

Damien : Ha ouais les faux documentaires…

Clément : C’est le style que je rêvais d’inventer quand j’étais petit, c’était vraiment ça et en fait c’est génial…

Damien : Oui c’est notre style préféré…

Manifesto XXI – Mocumentaire… ?

Damien : Oui c’est donc des faux documentaires, mais c’est un style réel ! Et aujourd’hui il y a un vrai catalogue. Avec Clem on est vraiment passionnés.

Manifesto XXI – Peut-être un projet un jour…

Ha oui c’est clair ! On en a déjà fait un petit, Notre propre enterrement. On est très curieux et on aime rigoler.

Damien : Souvent quand je vois des films très dramatiques, je suis impressionné, il y a des films extraordinaires, mais je ne peux les regarder qu’une fois. La décharge d’émotions est tellement forte et violente que j’ai une certaine appréhension à regarder certains réalisateurs parce que je sais que je vais être trop ébranlé. L’actualité est déjà assez dure, j’ai besoin de me divertir.

Clément : Je ne suis pas un spécialiste de cinéma, mais moi j’ai de plus en plus de mal avec la forme d’un film d’une heure et demie, à part certains films qui sont brillants, anciens ou nouveaux. Mais très vite je suis blasé par la forme avant même de savoir le sujet du film. Ce truc où tu sais qu’il va se passer ça, là. Tout est tellement prévisible, les histoires sont compressées, raccourcies, coupées, ça me procure moins d’émotions. Une comédie c’est une comédie, tu rigoles point barre, tu te refais les répliques avec tes potes.

Damien : C’est vrai que les gros films américains avec la simplicité des émotions, c’est plutôt quand on prend l’avion…

Manifesto XXI Et en ce moment, quelles reprises faites-vous entre potes ?

Ha il y en a plein ! Quand on est en tournée, on cherche à connaître plus de choses. Là on est dans les caves et les grottes donc on a regardé le film Caveman avec Ringo Starr, depuis deux jours on parle le langage du film !

Clément : Par exemple je pourrais te dire « HUL ! » qui veut dire manger, « Matcha » qui veut dire monstre.

Damien : Zoc ! zoc !

Donc voilà, ça, c’est d’hier. Très bon film avec une super musique de Lalo Schifrin ! Ça, c’est le genre de film qui a fait un flop gigantesque, c’est exactement ce qu’on aime : une langue inventée, une préhistoire en carton et de l’humour à chaque seconde. Et pourtant ça parle de la condition humaine avec beaucoup de finesse.

Manifesto XXI En parlant de grotte, j’ai vu que vous aviez d’ailleurs fait la BO d’un film, Le dernier passage consacré à la grotte Chauvet (qui pour le coup est un projet très sérieux incluant des équipes de scientifiques, d’historiens, etc.) dont une projection publique était organisée au Palais de Tokyo hier soir. J’avoue avoir été surprise quand j’ai vu la nature du projet associé à votre univers ! Les Fils du Calvaire n’ont pas de limites, pas de barrières ?

Exactement, pas de barrières ! On a eu de la chance de participer à ce projet magnifique. On a été en contact avec tous ces spécialistes, on a vu la grotte de près pour composer la musique… C’était vraiment super !

Manifesto XXI – Comment ça s’est fait ?

Le producteur du film est le frère d’un réalisateur, pour qui on a fait deux musiques pour ses films. Les BO étaient un mélange d’acoustique et d’électronique, et après un essai ils se sont dit qu’on pouvait le faire pour ce film projeté hier.

Manifesto XXI – Pas de barrières donc on peut s’attendre à plein de surprises…

Clément : Ha oui c’est promis, on est un groupe à surprises !

Damien : Ça pourrait être un prochain groupe d’ailleurs, les Surprises… C’est bon ça ! On le note ?

Manifesto XXI – Un décor et une tenue vestimentaire qui résumeraient l’univers des Fils du Calvaire ?

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Jo a fait faire des costumes de scène pour les Fils du Calvaire, des vestes avec le point d’ironie dans le dos !

Manifesto XXI – Je vous avoue que le clip Qu’est ce qu’on est bien m’a particulièrement marquée. Les paroles sont décalées et justes, au point que maintenant je l’écoute tout naturellement, ça parle de toilettes quand même. Le clip est tout aussi intéressant, on dirait une scène de théâtre. On y retrouve un lâcher-prise, un cadre où tout est possible, quelque chose qui fait du bien au milieu d’une actualité morose comme vous le disiez avant. Comment s’est déroulé le tournage ? Quartier libre pour les comédiens ?

Damien : Exactement, de la légèreté !

Clément : C’est Jo qui a fait le clip, tu fais bien de le dire parce que son concept, je te le cite, c’est du Jo : « Le script c’est qu’il n’y a pas de script ».

Damien : C’est bien du Jo ça !

Clément : Ça tournait en non-stop, chacun faisait sa petite scénette, caméra presque fixe en fait.

Damien : Il faut avouer que la meilleure performance, excusez-moi, mais c’est Clément ! Avec le petit chapeau c’est toi qui conduis la danse, c’est le moment bonne humeur !

Clément : Je suis dans le montage ? Je me souviens plus !

Manifesto XXI – Et le coup de balai à la fin qui ne balaye rien du tout…

Ha c’est Jo qui balaye c’est pour ça, il sait toujours pas balayer…

Manifesto XXI – Spontanéité, ça fait donc partie de votre groupe…

Oui on se connaît depuis longtemps, ça peut partir très vite ! Bonne humeur, mauvaise humeur, peu importe, ça part ! Parfois on se définit nous-mêmes comme des « party shooter », des petits bâtons de dynamite.

Manifesto XXI – Il y a quelque chose de très féminin dans votre musique. Je me trompe ?

Damien : Oui je pense qu’on est tous les trois des grands amoureux de femmes et on vit pour les femmes quoi ! On les aime, on les respecte.

Manifesto XXI – Elles vous inspirent ?

Clément : Qu’est-ce qu’on n’inventerait pas pour une femme ! Si l’homme a autant progressé, c’est pour plaire aux femmes. Si on n’avait pas fait tant d’efforts pour vous séduire, on serait encore à l’état de singe ! Des pyramides, des murailles de Chine, parce qu’on vous aime ! On va sur la Lune pour vous ! On ferait tout pour vous ! Le mec de la Nasa qui a essayé de décrocher la Lune, c’était pour une meuf !

Manifesto XXI Et l’humour, il paraît que ça plaît aux filles.

Damien : Il paraît… Comme on dit, femme qui rit… femme à moitié dans ton lit !

Clément : Ha, mais non, elle aurait dû terminer la phrase !

Manifesto XXI – C’était le mot de la fin, je pense ?

On ne pourrait faire mieux !

Les Fils du Calvaire seront en concert le 4 juin prochain au festival We Love Green

Plus d’infos sur leur site : www.lesfilsducalvaire.com

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