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Fière de sa France, comme si elle y était née. Rencontre avec une militante FN

Fière de sa France, comme si elle y était née. Rencontre avec une militante FN

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Tous les militants Front National ne sont pas des hommes blancs de plus de 50 ans, vivant à la campagne. Le militant FN se décline sous toutes les formes, Tania Sargsian en est l’exemple :  c’est une femme de 30 ans, étrangère, diplômée et citadine. Son point de vue est éclairé et se fonde sur des connaissances théoriques acquises lors de ses études, notamment. 

Un personnage comme le sien tranche avec les présupposés sur l’électorat Front National, et donne à réfléchir. Car Tania incarne parfaitement la stratégie de dédiabolisation menée par le FN. Et face à sa rhétorique et ses connaissances, il nous faut redoubler d’efforts.

Par Maureen Wilson

Nous sommes à quelques semaines des élections présidentielles, et le Front national a de grandes chances de passer le premier tour. Rencontre avec Tania, jeune femme d’origine arménienne, que le FN a convaincue de venir s’engager dans ses rangs il y a déjà deux ans.

Dès la prise de rendez-vous, elle précise vouloir éviter les lieux de passage. Nous nous rencontrons donc dans un café peu fréquenté et nous installons au fond de celui-ci, à l’abri des regards. « Je n’ai pas envie de me faire casser la gueule si les gens entendent que je suis au FN. Rennes est une ville de gauche, il ne faut pas l’oublier. » Tania Sargsian tracte régulièrement sur les marchés de l’agglomération rennaise, fait du porte-à-porte et défend fièrement les couleurs bleu Marine.

Et elle est bien accueillie ! Particulièrement par les personnes âgées. Le seul problème étant les « bobos rennais [qui] sont méprisants et déstabilisés de savoir qu’une étrangère est plus patriote qu’eux ». Cette Arménienne de trente ans, courtière en assurances, s’est engagée pour le Front national en 2015.

Elle, dont les parents n’avaient aucun engagement politique et qui ne s’était jamais engagée associativement ou politiquement auparavant, a été convaincue par les idées et valeurs défendues par Marine Le Pen. Particulièrement son engagement pour un « retour à une France sûre », en opposition à une insécurité grandissante notamment causée, selon Tania, par un communautarisme islamiste.

D’étudiante arménienne à militante frontiste

Tania est arrivée en France en 2008, pour continuer des études de droit commencées en Arménie. C’est avec fierté qu’elle parle de ses origines, tout autant que de son engagement pour le parti d’extrême droite. Elle ne comprend pas le manque de patriotisme en France. « Je viens d’un pays où le nationalisme est dans notre ADN. » Et c’est avec passion qu’elle nous dit, quitte à reprendre presque au mot Nicolas Sarkozy en 2012, « si tu aimes la France, tu t’adaptes ». C’est ce qu’elle apprécie au sein du Front, qui l’a accueillie chaleureusement, sans jamais faire une seule réflexion sur son statut d’étrangère. « Le fait d’aimer la France m’a permis de m’intégrer immédiatement. Le Front national rassemble des patriotes aimant leur pays, c’est un parti humaniste. »

Ce qui l’a convaincue dans le discours de Marine Le Pen, plus que le côté nationaliste, c’est son programme politique et économique. Le protectionnisme prôné par le FN est, selon elle, la seule solution qui « permettra de redonner à la France sa grandeur d’antan ». Un programme qui l’a galvanisée au point de la convaincre de s’encarter il y a deux ans. Cette aventure, Tania ne la mène pas seule mais avec son compagnon actuel, Sébastien Angué, comptable et responsable FN de la 8ème circonscription en Ille-et-Vilaine.

Celui-ci ne tarit pas d’éloges sur elle : « Tania est l’une de nos meilleures militantes sur le département ». Un avis partagé par d’autres militants du parti. Présente à chaque événement, Tania est décrite comme quelqu’un d’une grande force de persuasion, toujours le sourire aux lèvres, même face aux personnes les plus hostiles. « Face aux personnes se disant de gauche, je reste courtoise en leur rappelant le passé fasciste du mouvement qu’ils soutiennent. »  Son compagnon déplore cependant le fait qu’elle n’ait pas encore la nationalité française, ce qui l’empêche d’être candidate à toute élection.

Ce qu’elle fera, une fois la nationalité acquise : les démarches sont en cours.

« C’est naturel pour moi d’aimer sa patrie, son drapeau »

Tania n’a pas d’idoles ou de personnes qui l’inspirent particulièrement. Tous les artistes sont politisés et font de la propagande ! En fait, si, Charles de Gaulle. Et Louis de Funès, qui est très connu dans les pays de l’Est. « Il nous montrait la France comme on se la représentait, joyeuse et pleine de liberté. » Une réponse franco-française pour cette Arménienne, qui ferait presque rougir un Français « de souche ».

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La France, c’est toute la vie de Tania. Elle ne sait d’ailleurs pas citer de grand rêve pour l’avenir : « Mon engagement est suffisant. »

Et ce n’est pas peu dire que Tania Sargsian est une acharnée de travail : une licence de droit et une formation de commerce en poche, elle jongle actuellement entre son poste de courtière en assurances, son statut de militante et celui d’étudiante en master de droit européen. Cependant, quelque chose détonne chez la militante.

Par rapport à « l’affaire Théo » par exemple, elle affirme qu’il s’agit d’un « accident, mais ce n’est ni du racisme, ni un viol ». Elle, qui est éduquée et intégrée à la société française, tient ici un discours qui peut surprendre. Comme s’il s’agissait d’une compétition à qui subit le plus de discrimination, elle ajoute qu’il y a surtout beaucoup de racisme anti-blanc en France. Elle raconte avoir été giflée par « deux noirs d’Afrique » car elle n’était pas voilée.

Elle refuse le communautarisme, notamment musulman, qui pour elle est la plaie de notre société : « Il faut qu’ils respectent les règles. » Pour elle, c’est d’ailleurs la première cause des inégalités femmes-hommes, et lutter contre le communautarisme permettra de lutter pour l’égalité. Car Tania Sargsian est féministe, « mais pas un féminisme de gauche », qu’elle accuse d’avoir une obsession sur des « futilités telles que le partage des tâches ménagères, les cartable roses ou bleus, etc. »

Rendez-vous le 24 avril, au premier tour des présidentielles, pour savoir si le Front national a réussi son pari. Tania n’en doute pas : pour elle, le FN est maintenant un parti comme les autres et « il faut que les gens s’y habituent ».

Maureen Wilson

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