Du 18 janvier au 1er février, le festival Parallèle tisse sa 12ème édition autour de la notion « veiller ». Entre performances, pièces théâtrales et sonores, danse et fête, une exploration artistique qui confirme la position pointue et expérimentale de l’événement marseillais.
Cette année encore, il nous faudra veiller. Veiller sur soi, veiller sur les autres. Veiller nos mort·es, et nos vivant·es. Veiller, le temps que le jour se re-lève. Allumer la veilleuse pour s’endormir. Se réveiller. Après une édition 2021 sous covid « réservée aux professionnel·les de la culture », le festival Parallèle devrait ouvrir ses portes au grand public le 18 janvier à Marseille. L’an dernier, nous explorions un théâtre post-internet avec Marion Siéfert, étions transportées par la poésie mystique de Josèfa Ntjam et repensions l’habiter avec les jeunes diplômé·es de La Relève. Sans jamais pouvoir se départir d’une réflexion autour de l’urgence culturelle, cherchant à faire vivre autrement un réseau artistique alternatif en résistance. Pour cette 12ème édition, Parallèle dresse une programmation autour de la thématique « veiller », un terme qui nous inspire aussi bien une éthique du soin qu’une vigilance accrue.
Insufflée par le travail du collectif haïtien The Living and the Dead Ensemble (The Wake), pour qui le coin du feu est une étincelle de révolte dans un monde en chaos, la veillée revêt également des atours festifs. En ces temps sombres où danser n’a jamais été aussi politique, la teuf semble se retrouver une place sublimée sur scène, avec la pièce Rave to Lament de la danseuse Katerina Andreou qui rend un hommage personnel à l’héritage du mouvement free party (vendredi 21 janvier, Mucem). Le même soir, Les Marmots Ouinch Ouinch, avec Happy Hype & DJ set, nous invitent carrément à entrer dans la danse lors d’un rituel contemporain immersif. Apothéose du spectaculaire, la deuxième semaine de festival s’achèvera sur une proposition scénique du chorégraphe et performeur Steven Cohen, connu pour son travail autour du corps travesti, maquillé, dénudé, avec les danseur·ses du Ballet national de Marseille (samedi 29 janvier, BNM).
Mais la veillée est aussi méditation, rites introspectifs et croyances plus intimes. En soirée d’ouverture, on retrouvera Anne Lise Le Gac avec La Caresse du Coma ft. YOLO (mardi 18 janvier, Friche Belle de Mai) dont nous avions vu une étape de travail lors de l’édition précédente. Puis la chercheur·se et artiste sonore Sandar Tun Tun nous plongera dans un état de conscience proche de l’auto-hypnose avec Remixed Settings. Deux façons de réfléchir au bonheur et aux moyens d’y parvenir. Dans sa performance Love Mathematics (jeudi 20 janvier, SISSI club), la DJ et productrice Crystallmess, également écrivaine, livrera une réflexion-témoignage en forme de prêche : « Comment appréhender l’amour de soi dans un monde qui te le refuse ? » Une question à laquelle Chouf, accompagnée du musicien Trustfall, répondra aussi dans sa Poésie chantée (mercredi 19 janvier, Coco Velten), entre amours et solitudes contemporaines.
Avec une vingtaine d’autres résident·es d’Artagon Marseille, Manifesto XXI sera présent lors des Confessions nocturnes le samedi 22 janvier : une veillée pendant laquelle le bâtiment des anciennes usines Ricard sera investi de plusieurs présences, tantôt fantomatiques, tantôt fédératrices. On y trouvera quelques noms qui nous sont chers et que l’on suit avec attention : Prune Phi, Valentin Noujaïm et Neïla Czermak, Sœurs Malsaines, Hugo Mir-Valette avec Dan Adeyemi, Liam Warren de RIFT, Théophile DCX et Nelo Gevers, Nicolas Perez… Nous y animerons un plateau radio sur toute la durée de la soirée (18h-1h), entre discussions croisées autour de la notion de bienveillance, des dérives de la société du contrôle et des nouvelles spiritualités entourant notre approche de l’au-delà, lectures performées et playlists thématiques.
De l’espace intime de petites galeries indé aux plateaux de la Friche ou de la Joliette, jusqu’à l’esplanade du Mucem, entre des sorties de résidence, des premières et des pièces qui ont déjà tourné à l’international, de la lecture de poésie jusqu’au ballet en passant par la performance sonore… Parallèle, « pôle de production pour les pratiques émergentes », dans son esprit de laboratoire caractéristique, poursuit encore une démarche dénicheuse et expérimentale qui a de quoi émoustiller notre début d’année. Gardons les yeux ouverts.
Tout le programme du festival Parallèle 12 est à retrouver ici.