Rencontre avec Fergus Clark, l’artiste aux multiples talents. De passage à Paris pour la soirée Curiosités, il à répondu à quelques-unes de nos questions.
Entre digging, scène internationale et métissage culturel, cet artiste a su nous prendre entièrement et nous faire voyager. Globe-trotteur musical, Fergus Clark c’est un peu le backpacker de la scène écossaise.
Manifesto XXI : Parle nous un petit peu de la scène musicale de Glasgow, est-elle différente des autres scènes ?
Fergus Clark : C’est le seul endroit où j’ai vécu, donc c’est la seule scène que je peux réellement prétendre connaître. Depuis mes jeunes années il y a plein de soirées variées, des shows et des raves où sortir, et la ville est assez petite pour qu’il y ait un brassage des milieux. Je n’irais pas jusqu’à dire que tout le monde se connaît, mais on n’en est pas très loin. N’importe quel jour de la semaine, tu peux trouver tous les types de musique si tu sais où chercher. En ce moment, il se passe quelque chose d’excitant avec tous ces gens qui se bougent pour amener des soundsystems dans des endroits inhabituels. Il y a un vent de fraîcheur avec de très bons DJs qui émergent. L’école d’art a brûlé récemment, ce qui a temporairement fait fermer leur lieu, un endroit très particulier où se déroulent beaucoup d’évènements. Peut-être le feu a-t-il catalysé cette énergie.
Tu sembles avoir un lien très étroit avec le digging, comment fonctionnes-tu ? Y a t’il es endroits où tu sais que tu trouveras de bons sons ?
C’est facile en ce moment de se procurer des disques, oui. Je reviens tout juste d’une tournée en Amérique du Nord pendant laquelle j’ai acheté beaucoup de disques de dancehall (difficiles à trouver ici, en Écosse). Des gens là-bas m’ont aussi offert leurs sorties, et j’ai déniché un disque fou de UK wave qui m’excite toujours autant. Pour être honnête, ces dernières années j’ai essayé de ne pas trop acheter de disques, en général j’en revends pour en acheter d’autres, plutôt que d’allonger ma collection. J’ai hâte de revenir à Paris pour aller aux Puces et passer à Vinyle Office, DDD et Crocodisc – les spots habituels.
Le métissage culturel parait être quelque chose de très important dans ta musique, qu’est-ce qui te plaît dans ce mélange ?
Heureux que tu relèves ça ! Je suis fasciné par les concepts de modernité, de globalisation et de convergences culturelles. Il se trouve que je vais retourner étudier peu après la soirée Curiosités. L’Université m’a accepté en master de musicologie et j’ai envie d’explorer les liens entre musique et culture, plus spécifiquement les convergences des styles musicaux depuis les années 1970. Au fur et à mesure que tu grandis et que tes goûts musicaux changent, je trouve que la musique du monde entier t’excites de plus en plus. Il y a tant de pays à explorer, et comprendre le contexte historique de ces morceaux est très important. Je ne collectionne pas un certain type de musique, mes disques viennent de partout… Peut-être que parfois je peux jouer de la musique qui ne provient que d’un seul pays (Brésil, Turquie…) ou d’une décennie, mais spontanément j’ai tendance à tout mélanger dans un set, ça me semble plus naturel. Je crois beaucoup également au fait de jouer de la nouvelle musique, contemporaine, en parallèle de toujours faire référence au passé. Trouver un bon équilibre entre les deux est un autre élément important !
Au niveau de la musique actuelle, est-ce qu’il y a selon toi des choses incroyables à ne pas rater ? Et d’autres que tu déplores ?
Des artistes et labels du moment que j’aime, sans classement particulier :
Muscut, Ruutu Poiss, XYR, Firecracker, Stroom, Robert Bergman, BREW, Discrepant, Cucina Povera, Acting Press, Music From Memory, Samo DJ, The Trilogy Tapes, Dices and Flaty, Nikolaienko, Antinote, Grim Lusk, XVARR, Best Available Technology, Fasaan, Sex Tags, Regelbau extended crew, Domestic Exile, LIES, Good Morning Tapes, Christos Chondropoulos.
Bien sûr, il y a beaucoup de choses que je n’aime pas, mais j’essaie de ne pas y prêter trop d’attention.
Peux-tu nous parler de ton label ? Qu’est ce que c’est ? Que recherches-tu à développer ou au contraire à éviter ?
Avec le label on essaie de bâtir notre propre univers sonore et visuel, dont une grande partie provient d’AL White / DJ Crud et son artwork. Chaque sortie semble avoir un thème commun, mais nous ne savons pas nous-mêmes lesquels. On aime tous le dub, l’ambient, les percussions intéressantes et les mélodies, bien sûr. Et je pense qu’une partie de la musique qu’on sort parvient à combiner tous ces éléments. La dernière sortie est la 005, mais on en a déjà 12 de programmées. Je suis impatient de sortir un double LP d’un producteur grec, une compilation 12’’ avec plein de morceaux fous d’amis (début 2019), et notre dernier projet en date est de travailler avec un artiste local qui vit ici à Glasgow sur un album d’expérimentations vocales. Je ne crois pas qu’on évite quoi que ce soit consciemment, nos oreilles sont ouvertes !
Article : Clothes Barbie