Comédienne et stand uppeuse aux multiples talents, Tahnee, l’autre, vous raconte les actualités et le monde d’aujourd’hui avec panache. Sur scène comme dans les « pages » de Manifesto, elle décrit notre quotidien entre contradictions, ras-le-bol et tout de même, quelques bribes d’espoir.
Illustration : Garbo Iaciancio
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« Bonne année ! », « Meilleurs vœux ! », « Bonne santé ! » : si la Française des jeux devait sponsoriser un mois, je pense que ce serait le mois de janvier. « Bonne année ! » : quel pari risqué !
Comment prétendre que l’année va être bonne ?
Je pense qu’inconsciemment, souhaiter une « bonne année » aux autres n’est ni plus ni moins qu’une technique de survie en début d’hiver, une manière d’arrêter l’alcool à la sortie des fêtes, d’oublier les chocolats, un moyen de se persuader et d’espérer que l’année sera OK… Mais en vérité, on en a strictement aucune idée !?
Tous les ans c’est la même chose, on souhaite une « bonne année » à tout le monde, mais on sait que, statistiquement, certaines personnes ne vont pas passer une bonne année (#pucesdelit #acné #mycoses). On sait que l’année ne sera pas parfaite !
Dire « bonne année » est devenu tellement commun qu’il nous arrive même de souhaiter une « bonne année » à des personnes dont, au fond de nous, on ne souhaite pas forcément qu’elles passent une bonne année ! Claudine qui fait des blagues racistes à la pause café, Michel qui se moque des « tapettes » à la photocopieuse… On leur souhaiterait plutôt du respect ! Mais on leur dit, « bonne année », c’est la forme. Même si j’allais à la galette des rois de LMPT on me souhaiterait une bonne année ! « Bonne hypocrisie », va !
En tout cas, pendant longtemps j’ai prononcé des « bonne année » en ayant cette culpabilité, ce doute, cette angoisse de ne pas savoir comment ladite année allait se passer : allait-elle être heureuse, triste, agitée ? J’ai même eu ma théorie selon laquelle les années impaires se déroulaient toujours mieux que les années paires… Ne me demandez pas pourquoi, je suis perchée !
Mais bref, cette année, j’ai décidé de me relaxer. Parce que j’ai compris. J’ai compris qu’une bonne base d’invariants se produisaient chaque année. Et que finalement, la grande question n’était pas de savoir ce qui allait se passer, mais plutôt… À qui certaines choses allaient arriver !
Pour 2019, je vous invite donc à faire de même et à ne pas paniquer, laissez de côté le stress et osez la légèreté, plongez avec moi dans le divertissement, prenez un crayon et un papier, et pronostiquez :
Qui, cette année, va déménager à Belleville ?
Qui va couper ses cheveux à la Jeanne Added ?
Qui va se faire percer ?
Qui va se faire un tatouer un triangle, une licorne ou un poing levé ?
Qui va tenter de devenir DJ (pour draguer) ?
Lesquel.le.s de nos potes vont se choper langoureusement en soirée ?
Quel sera le plus grand dramagouine de l’été ?
Qui va se remettre avec son ex après l’avoir pleuré.e ?
Quel politique fera sa pire sortie homophobe de l’année ?
Quel sera le nouveau scandale de notre président préféré ?
Quel nouveau désastre écologique le gouvernement va-t-il ignorer ?
Quelle star fera son coming-out ou fera sa plus belle déclaration d’allié.e ?
Qui va se mettre en couple et on ne le.a verra plus de l’année ?
Qui va se faire larguer et t’appeler tous les weekends pour sortir en soirée ?
Qui va devenir végétarien.ne ?
Qui va essayer d’arrêter la clope ?
Qui va essayer d’arrêter la drogue ?
Qui va adopter un chaton ?
Qui va adopter deux chatons ?
Qui va songer à devenir chatton-sitter ?
Tout un tas de questions à dérouler, à imaginer et qui me donnent finalement envie de démarrer 2019 comme un grand bingo humain illimité !
Vous l’avez compris donc : pour 2019, ne faites pas vos résolutions, faîtes vos jeux, vous allez bien plus vous marrer.