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Ultima #1. Les sérénades des rats de l’Opéra par Jana Winderen

Ultima #1. Les sérénades des rats de l’Opéra par Jana Winderen

Jana Winderen. Photo : F. Petursson

Oser être fragile et incertain

C’est le mot d’ordre de Lars Petter Hagen, directeur artistique du festival Ultima à Oslo et qui comptait bien pour l’édition 2017 « se ficher éperdument des conventions ».

Ultima est un festival de musiques contemporaines, mais pas seulement. Avec un focus sur l’esprit d’avant-garde et la musique expérimentale (dans la lignée de la « Nouvelle musique »), les installations sonores, performances audio-visuelles ou multimédia et concerts électroacoustiques se sont déroulés dans les plus belles salles de la ville, mais aussi dans des lieux insolites.

La programmation de l’édition 2017 était placée sous le signe thématique de la tradition et du rituel, explorés toujours avec audace. Dans un entremêlement de cultures anciennes et modernes, cultures occidentales et cultures orientales, cultures classique et cultures digitale, Ultima propage une vision de l’art contemporain transcendant frontières et catégories esthétiques.

Entre mondes parallèles, mondes souterrains ou aériens, Ultima nous a fait voyager en terra incognita. Voici la sélection Manifesto XXI des expériences les plus marquantes du week-end d’ouverture du festival.

#1 Rats – Secret Soundscapes of the City de Jana Winderen

Jana Winderen,
Jana Winderen, « Rats- Secret Soundscapes of the City »

Jana Winderen a conçu pour le festival Ultima 2017 l’installation inédite Rats – Secret Soundscapes of the City, qui nous plonge dans le monde secret des rats peuplant le quartier de l’Opéra d’Oslo à Bjørvika et met à portée de nos oreilles leurs chants d’amour ultrasoniques.

Parallèle au monde des êtres humains se trouve une autre société grouillante – le monde des rats

Avant ses études des Beaux-Arts à Londres, Jana Winderen a étudié les mathématiques, la chimie et l’écologie piscicole : un parcours à l’image de ses productions ! Artiste basée à Oslo, elle a déjà présenté ses installations sonores immersives dans des lieux tels que le MoMa (« Ultrafield« , 2013) ou le Park Avenue Tunnel dans la ville de New York (« DIVE », 2004), mais aussi dernièrement au Centquatre dans le cadre du festival Présences électronique à Paris.

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Jana Winderen. Foto: Anne Valeur
Jana Winderen. Photo: Anne Valeur

Pour la pièce à Oslo, l’artiste a enregistré, à partir de ses recherches sur le terrain et épaulée par une technologie de pointe, les ultrasons émis par les rats (de plus de 20.000 Hz), qu’elle a ensuite ralentis pour les rendre audibles à l’oreille humaine. Elle en tire l’hypothèse scientifique selon laquelle les rats se donnent ainsi des sérénades amoureuses. Le résultat de ce travail prend la forme d’une installation sonore multicanale activée durant toute la durée du festival Ultima à l’embouchure de la rivière Akerselva au centre d’Oslo.

Rats -Secret Soundscapes of the City, Oslo, 2017, Photo : Jana Winderen
Rats -Secret Soundscapes of the City, Oslo, 2017, Photo : Jana Winderen

Jana Winderen reconstruit un paysage sonore immersif et nous dote, le temps d’une visite, de capacités auditives surhumaines pour une expérience irréelle. Les canaux sonores sont disposés aux limites de l’espace de l’installation. Le spectateur peut ainsi entendre de part et d’autres les couinements mélodieux, échanges amoureux des rats. Au-delà de l’hypothèse scientifique, l’artiste nous fait découvrir le monde parallèle de ces créatures, rarement associées à l’amour et à la beauté. Mais on sait dorénavant que les ratons chantent dans le nid pour attirer l’attention de leurs parents. Les rats sont donc aussi sujets aux envolées lyriques !

Dessin de Jana Winderen © Jana Winderen
Dessin de Jana Winderen © Jana Winderen

Manifesto XXI vous propose une captation de l’expérience sonore de l’installation, comprenant donc autant les sons émis par les canaux que les bruits de l’espace alentour, les voix des visiteurs et la rumeur de la ville.

Le projet « Rats – Secret Soundscapes of the City » est le fruit d’une collaboration entre le Munchmuseet on the Move et nyMusikk, organisée par Natalie Hope O’Donnell et Anne Hilde Neset. L’œuvre inclut aussi le séminaire « Sounds of the City », tenu le 22 septembre 2017 au Munch Museum. 

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