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Rencontre avec les sulfureux et déroutants Marie Madeleine

Rencontre avec les sulfureux et déroutants Marie Madeleine

Si vous ne connaissez pas encore les excellents Marie Madeleine, voici quelques cours de rattrapage en mots, en musique et en images. Rencontre.

Manifesto XXI – Difficile de ne pas être tentée, en introduction, de vous demander tout d’abord pourquoi ce nom de projet si inattendu, « Marie Madeleine » ?

Jarco : Parce que nous aimons la dualité et que Marie Madeleine est un personnage qui incarne cette notion à merveille.

Manifesto XXI – Quelles sont vos principales influences ? Musicales bien sûr, mais aussi visuelles, littéraires, cinématographiques…

Nous avons une culture très large : du rap au jazz, de la chanson française aux divers folklores et musiques traditionnelles, du plus underground au mainstream dégueulasse. C’est difficile de lister nos influences, mais nous pouvons jeter à la volée quelques noms : Yves Simon, Joakim, Zombie Zombie, Danny Brown, Stanley Kubrick, Jim Jarmusch, Quentin Dupieux, Louis-Ferdinand Céline, Omar Khayyam, Saul Bass, Samuel François, Raymond Depardon…

Manifesto XXI – Comment commencez-vous un morceau généralement ?

Nous n’avons pas spécialement de méthode, parfois les textes inspirent une mélodie, mais c’est plus souvent le contraire… À partir d’un brouillon mélodique, j’écris les textes puis nous arrangeons tout ça.

Manifesto XXI – Qui écrit les textes ? Avez-vous des méthodes d’écriture, des thématiques récurrentes ? Quelles ont été les inspirations ou influences en termes d’écriture ?

J’écris parfois les textes avec les chanteuses que nous invitons en featuring. Aucune méthode, ou peut-être une forme d’écriture automatique. Les grosses thématiques que l’on retrouve chez Marie Madeleine sont la femme (pas le groupe, hein !) et l’amour, les histoires de cœur qui finissent mal. Les jeux de mots et de sonorités, les allitérations, font souvent partie du jeu d’écriture. Le cinéma et les rêves ont aussi une belle part dans les chansons de Marie Madeleine.

Manifesto XXI – Pourquoi être passés au français pour les titres récemment sortis ?

On aime changer de cap et redéfinir notre musique. Aussi, le français me faisait peur, on n’écrit pas en français comme en anglais, et au début je manquais de confiance et d’expérience : après avoir pris de l’assurance, j’ai commencé à écrire en français et je me suis rendu compte que ce n’était pas si compliqué. Cela fait aussi quelques années maintenant que je vis en France, ce qui n’était pas le cas avant. Je vivais à l’étranger et ma langue principale était l’anglais, il m’était donc plus facile de m’exprimer dans cette langue.

Manifesto XXI – D’où provient cette passion pour ce caractère glauque, oppressant et désillusionné qu’on peut retrouver dans une grande partie de votre musique, tant dans la voix masculine très gutturale et caverneuse, que dans l’instrumentation, ou encore dans certains clips ou artworks ?

Il faudrait demander à mon psy ! Sinon peut-être le fait d’être né dans les eighties et de vivre dans ce monde dégueulasse dans lequel on consomme de la merde et où nos dirigeants se foutent allègrement de notre gueule en rinçant leurs amis. Un monde dans lequel la beauté artificielle et la superficialité des images nous rendent de plus en plus cons et vulnérables, et toujours passifs.

Manifesto XXI – Quel rôle donnez-vous à la provocation dans votre travail artistique ?

Je pense que l’artiste se doit d’essayer de faire évoluer les mentalités, et par son statut public, de proposer un point de vue sur la société. La provocation est un vecteur de communication qui permet de faire tilter les gens, et peut-être d’engager un débat ou une réflexion. Malheureusement, c’est aussi souvent générateur de haine et de propos de merde. Mais j’aime ça et je continuerai ! Même si je me bride souvent pour ne pas nuire aux autres membres du groupe, qui ne sont peut-être pas aussi cyniques que moi.

Manifesto XXI – Quel lien entretenez-vous avec l’absurde ?

Une casserole.

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Manifesto XXI – Parmi ces propositions, quel impact principal espérez-vous que votre musique et votre univers aient sur les auditeurs : les perturber, les faire réfléchir, les divertir ?

Les trois.

Manifesto XXI – Avez-vous le sentiment d’appartenir à un courant musical particulier actuellement ? De quels autres artistes vous sentez-vous proches esthétiquement ?

D’après je ne sais plus quel magazine, nous sommes le fer de lance de la « nu disco »… C’est une grosse connerie. Nous n’appartenons à aucun courant musical : les courants musicaux servent uniquement aux vendeurs de la Fnac pour ranger les cas dans l’ordre, mais il n’y a plus de CD, donc tout ça ne sert plus à rien. Mais si on devait être classés dans une grande famille, je dirais la pop. On nous colle souvent l’étiquette « électro » car nous utilisons des synthés et des boîtes à rythmes. En France, s’il n’y a pas une guitare et une batterie dans le groupe, tu fais de l’électro, je n’ai jamais vraiment compris ce truc.

Manifesto XXI – Il s’est déjà écoulé quelques années depuis votre premier EP ; avec le recul, quelles ont été pour vous les grandes lignes d’évolution du projet, de ce premier EP jusqu’à maintenant ?

Oulà, c’est bien compliqué tout ça, il y a eu tellement de changements, de hauts et de bas… Il va falloir attendre le biopic si vous voulez en savoir plus !

Manifesto XXI – Est-ce que vous comprenez vraiment tout ce que vous faites, ou reste-t-il une part de folie non maîtrisable que vous-mêmes n’expliquez pas dans votre travail ?

Si on voulait comprendre ce qu’on fait, on ferait un vrai travail !

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