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Olga Caldas ne se cache pas : découverte d’une photographe qui a l’œil

Olga Caldas ne se cache pas : découverte d’une photographe qui a l’œil

©Olga Caldas - Le Lac

Olga Caldas souligne quelque chose d’essentiel en photographie : ce qui est caché se voit mieux, ou plus intensément. Les espaces ont beau se distendre, depuis le lac mythique jusqu’à l’intimité quasi-perverse de la salle de bain, le topos reste le même. Découverte d’une photographe pleine de ressources.

©Olga Caldas - Le Lac, Performing white and black
©Olga Caldas – Le Lac, Performing white and black

Cette libido sentiendi qui habite Olga Caldas se traduit par une curiosité pressante, une nécessité herméneutique : lever le voile de Popée, vite. C’est que le caché fascine, d’autant plus que celui qui est caché semble prendre plaisir à être vu. Les séries de photographies deviennent des sortes de jeux, où les règles s’établissent entre vus et voyeurs, acteurs et spectateurs.

©Olga Caldas - Le Lac, Wedding black and white
©Olga Caldas – Le Lac, Wedding black and white

On pense alors à cette pulsion scopique décrite par Racine : « Madame, en le voyant, songez que je vous vois » (Néron à Junie). En effet, les personnages d’Olga Caldas ne nous regardent pas, mais ils nous voient, même de dos, même s’ils ont le visage dissimulé. On ne peut donc plus ignorer que nous sommes regardés-regardant et c’est tout le génie de ces photographies.

©Olga Caldas - A fleur de peau #jardin
©Olga Caldas – À fleur de peau #jardin

Mi-fantômes, mi-êtres mythologiques, les figures d’Olga Caldas errent dans des lieux familiers et étrangement inquiétants. Depuis la demeure gothique jusqu’au jardin en passant par la soirée parisienne, la sensation est bien celle d’assister à une scène singulière, un rituel moderne et quotidien à la fois.

©Olga Caldas - A corps perdu
©Olga Caldas – À corps perdu

Avec l’exposition « Boudoir », Olga Caldas propose d’investir une galerie comme un petit salon aux réputations sulfureuses. Le boudoir, c’est ce lieu d’où émane la chaleur moelleuse et intime d’un intérieur douillet et sert en même temps d’écrin à tous les interdits. Si le marquis de Sade a contribué à développer la renommée de cette pièce propice aux causeries privées et actes scandaleux, il en a également dégagé toute la philosophie. « Boudoir » vient de « bouder » qui signifie mettre à l’écart. Éloignée de ce lieu réservé aux femmes, la gent masculine a de fait su trouver dans le boudoir terrain propice aux fantasmes érotiques.

©Olga Caldas - A corps perdu
©Olga Caldas – À corps perdu

Dans la quasi monochromie des corps soulignés par le noir et blanc, les photographies donnent à voir au spectateur… si celui-ci, du moins, accepte les règles du jeu.

Voir Aussi

Exposition à la Galerie La Ralentie, 22-24 rue de la Fontaine au Roi, 75011 du 8 au 13 décembre.

Vernissage le 7 décembre de 18h à 21h > évènement Facebook

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