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JUDY, mélancolie rythmique – Rencontre

JUDY, mélancolie rythmique – Rencontre

JUDY, jeune trio originaire de Reims, fait partie de ces quelques groupes sur lesquels on a très envie de miser pour 2017. Forts d’un univers à la fois original et dans l’air du temps, ils allient avec brio la puissance rythmique d’un hip-hop ciselé et la douceur élégante de l’électro-pop. Rencontre avec Charlie, leader du projet.

Manifesto XXI – Peux-tu me raconter un peu les débuts de ce projet ?

J’avais un projet perso avant qui s’appelait Soap, et JUDY est né du split d’un groupe de Reims. Le bassiste, le batteur et le guitariste de l’époque voulaient reformer un projet avec un autre chanteur, et du coup j’ai intégré la formation. On l’a tout de suite baptisé JUDY, c’était en 2013. Moi c’est mon premier groupe, car avant j’évoluais plutôt seul, j’enregistrais chez moi, etc. Au fur et à mesure, la formation a un peu évolué. Au début on était quatre, avec une formation un peu plus classique basse/guitare/batterie, il n’y avait pas encore vraiment de synthés, et petit à petit j’ai apporté mon style et ma personnalité dans les morceaux. Du coup aujourd’hui c’est plus un projet perso ; après, pour le live, on bosse ensemble les arrangements avec les gars.

C’est devenu un projet solo en termes de composition et de direction artistique ?

Oui, voilà, même si on est soudés. On répète toujours ensemble, le bassiste Léo est là depuis le début, le batteur Jérôme est là depuis deux ans… Après, c’est assez souple, on discute les arrangements scéniques… Mais pour les morceaux studios, ce sont plus mes morceaux, mes idées.

Quel a été le déclic de professionnalisation du projet ?

J’ai toujours été assez ambitieux dès le départ, dans mes projets solos, même s’il n’y avait pas d’actus médiatiquement parlant. Je faisais mon truc, mais ça a toujours été un peu sérieux.

Mais le vrai déclic a été je crois les inRocKs lab en 2013. On est arrivés jusqu’en demi-finale, et on s’est retrouvés dans ce contexte assez sérieux, avec une certaine pression, alors qu’on ne s’y attendait pas du tout, qu’on n’était pas prêts… On s’est rendu compte qu’on était dans un environnement vraiment professionnalisant, et c’est là qu’on a passé un cap.

Vous avez sorti deux EP jusqu’ici ; qu’est-ce qui a évolué du premier au deuxième ?

Au moment de la composition du premier EP, on répétait beaucoup en groupe, c’étaient des morceaux qu’on tournait depuis un bout de temps ensemble, qui avaient été montés comme ça, donc c’était plus acoustique, l’idée était de retranscrire ce qu’on faisait en répet’, il fallait être cohérents.

Le deuxième EP est parti du processus inverse : j’ai composé plein de morceaux sur mon ordi, à la manière d’un producteur, ce qui a donné une couleur un peu différente, plus électronique, plus perso, avec beaucoup de synthés… Ce que je faisais déjà moi avant JUDY, en fait. Je n’ai pas contraint ma composition par la technique du groupe, les instruments présents… J’ai fait ce que je voulais. Puis la question qui s’est posée après, du coup, a été : comment faire pour les jouer en live.

Est-ce que tu avais certaines idées directrices au moment de commencer à composer ce deuxième EP ?

Ça s’est un peu fait au fur et à mesure ; l’élément déclencheur a été le morceau « Oupos », que j’ai bossé avec un ami à moi de Reims qui s’appelle Slowglide, producteur aussi, qui fait un genre de trap orientée techno, assez sombre et classieuse. J’ai beaucoup aimé le résultat, et ça a été un vrai déclic. Parallèlement, j’ai découvert un artiste qui s’appelle Spooky Black, qui fait une sorte de rap un peu mélancolique, et qui m’a beaucoup influencé aussi. J’ai trouvé de nouvelles directions musicales, de nouvelles couleurs, tout en gardant le côté pop que j’affectionne.

Donc tu as vraiment tout composé et produit sur l’EP ? 

Oui, ce sont vraiment mes morceaux, c’est énormément de programmation, les seuls éléments organiques sont la voix, quelques synthés, et certains charleys de batterie. C’est très électronique comme EP.

Tu as l’air de dire ça avec une légère dépréciation, tu ne tiens pas le numérique en haute estime ? 

Ah non, moi j’adore ! Je n’ai aucun complexe par rapport à ça, je trouve le numérique très simple, très pratique, tu fais tout ce que tu veux… Je ne suis pas du tout un puriste. Et puis c’est bien d’avoir un peu ce mélange organique/numérique, avec par exemple cette intégration d’éléments de batterie joués dans une programmation, ça donne quelque chose d’un peu hybride.

Et je pense que pour le troisième EP ou album qui viendra, ça ira encore un peu plus loin dans le processus. Je pense qu’il y a de très bonnes choses à faire entre les deux.

Que peux-tu nous dire de la scène rémoise ?

Il y a beaucoup de groupes et d’artistes à Reims, parmi lesquels certains très connus : Yuksek, Brodinski, The Bewitched Hands… et les Shoes, qui sont ceux dont je me sens le plus proche musicalement. C’est vraiment un groupe qui m’inspire. Après, je ne me sens pas particulièrement appartenir à une forme de scène rémoise… J’écoute ce qui s’y fait comme j’écoute ce qui se fait ailleurs.

Tu as perçu cette ville comme un contexte porteur pour tes projets musicaux ? 

Je pense qu’aujourd’hui Internet a tellement rebattu les cartes que ces notions de scènes ont moins de sens, tu peux écouter des musiques du monde entier et d’artistes renommés comme inconnus sur SoundCloud par exemple. Après, je me sens assez proche des Shoes car ce sont des gars que je connais, tu as un peu ce truc de l’effet « grands frères ». Mais je ne me sens pas appartenir à une forme de vivier ; même s’il y a beaucoup de groupes à Reims, certes les gens se connaissent et c’est intéressant, mais voilà, moi je fais juste mon truc, avec mes influences.

Est-ce qu’il y a des groupes émergents français qui t’inspirent beaucoup en ce moment ?

Non, pas tellement… Je n’écoute pas grand-chose de français… J’écoutais Phoenix par exemple, mais ce n’est pas tout récent.

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Plutôt anglo-saxons ou étrangers peut-être ?

Oui, j’ai beaucoup écouté les Foals, Is Tropical, Son Lux, Tame Impala… Ce sont des groupes assez variés mais ça reste assez sophistiqué, classieux comme j’aime.

Quand est-ce que JUDY a commencé à se produire sur scène ?

Assez rapidement, six mois après le début environ… Donc ça fait déjà trois-quatre ans qu’on joue.

Comment a-t-il évolué, ce live ?

En fait, c’est le live qui a beaucoup fait évoluer le groupe. Au début, on n’avait pas énormément d’expérience, et le fait d’avoir fait les inRocKs lab, et d’avoir rencontré les gens de la Cartonnerie – la salle de Reims qui nous accompagne depuis –, on a pu avoir des avis pro sur ce live, et ça a modifié beaucoup de choses. On a changé de batteur, moi je commençais à avoir trop de synthés à gérer donc on a mis des ordis sur scène pour avoir des backs… On revient de loin ! Au début c’était très acoustique, on n’avait pas de séquences, pas de synthés… Au fur et à mesure, notre live s’est complexifié et électronisé.

À quoi ressemble votre live, aujourd’hui ?

Jérôme assure batterie acoustique, sampleur, s’occupe de lancer les séquences et fait des chœurs ; Léo fait de la basse, du synthé, des chœurs, et il lance quelques samples à partir d’Ableton, et moi j’ai un clavier, une guitare, et je chante.

Donc on peut faire pas mal de choses.

Quel est votre champ de bataille privilégié maintenant que ce deuxième EP a vu le jour ?

Maintenant que le live est calé, il n’y a plus qu’à jouer, il n’y a plus ce gros travail de répétition, de résidence, qu’on a beaucoup fait ces derniers temps, donc le but c’est de tourner le plus possible, et en parallèle, on travaille sur l’album !

Retrouvez JUDY en release party le 23 novembre au Pop-Up du Label (Paris) !
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