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Les Filles Et Les Garçons, populaire et content

Les Filles Et Les Garçons, populaire et content

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Les Filles Et Les Garçons : il n’y a qu’une seule personne derrière ce joli nom et cette musique hybride qui intrigue critiques musicaux et fans. Nous avons rencontré Lucas Nedellec au Café de l’Industrie, pour essayer de comprendre quels sont les ingrédients du mix unique de l’artiste.

Manifesto XXI – Alors, Les Filles Et Les Garçons, pourquoi ce petit côté romantique dans le nom de ton projet ? Ça vient d’où ?

Lucas Nedellec : Je porte ce nom depuis cinq ans maintenant. Il est super embêtant, parce que trop long sur les flyers et affiches, mais je l’adore, je ne m’en séparerai pas de sitôt. Le monde est fait de filles et de garçons, on vit tous ensemble, et j’ai envie d’emmener tout le monde avec moi. LFELG, c’est assez naïf aussi ; la naïveté est une notion qui me colle à la peau, je tiens à garder cette part d’enfance. Et en même temps, on est tous de grands enfants, on est tous des filles et des garçons, les plus jeunes et les plus vieux.

Il y a une petite référence à la chanson de Françoise Hardy (ndlr : « Tous les garçons et les filles« ) aussi, non ?

Oui, je m’inspire beaucoup de la variété française, autant française qu’internationale d’ailleurs. J’aimerais avoir le côté populaire de Françoise Hardy.

La référence à Françoise Hardy est aussi très claire dans le texte de ta chanson « Fantasmes« , et il y a aussi quelque chose de Joe Dassin. Quels sont les auteurs, les textes qui t’inspirent ?

C’est vraiment les chansons qui m’ont bercé : les textes d’Yves Montand, la génération de Hardy, mais aussi la musique actuelle. Je ne me fixe aucune limite dans ce que j’écoute. Ce qui m’inspire, c’est surtout des coups de cœur, donc ça va de Julien Doré à JUL actuellement. Et puis ce qui me tient à cœur par-dessus tout, c’est de proposer quelque chose de nouveau, nourri de références aussi bien classiques que contemporaines. J’écoute beaucoup de rap, on le ressent, mais c’est important de comprendre que je ne fais pas de la musique urbaine.

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Sacré « prochain phénomène de la pop française » par Les Inrocks, tu « réinventes la pop » pour Konbini avec « Dans ma rue » Est-ce que tu te sens à l’aise avec cette appellation « pop » ? Qu’est-ce que ça t’évoque ?

Je voulais casser les clivages entre le in et le out. Les gens aiment bien mettre tout dans une case, et moi je voulais vraiment contrer ça. Je voulais mélanger toutes mes influences et ça a donné « Dans ma rue ». Pour autant, je n’étais pas dans l’idée de faire absolument quelque chose de pop. Cependant, de plus en plus, toutes mes chansons sont pop, et je pense que ce sera le meilleur moyen pour moi de surmonter ces clivages.

Sinon, est-ce que tu t’identifies à un autre genre dans ce qu’on entend actuellement ? Rap ? Cold wave… ?

Il faut savoir que je viens du Sud-Ouest : chez moi, c’est rugby et tubes de l’été espagnols. Je n’arrive pas vraiment à trouver une case qui corresponde à cette définition (rires), c’est ça qui est perturbant aussi, comme on aime bien tout mettre dans des cases. Genre toi tu fais de la cold wave, toi tu fais de la new wave, toi tu fais de… l’atmospheric wave… (rires). Et en effet, il n’y a pas vraiment de terme. Je ne me mets dans aucune case à part la pop qui regroupe tout ça.

Dans ton premier EP, ta façon de poser ta voix est très « aérienne », ça correspond à un tempérament ou à une phase de ton travail d’artiste ?

Dans chaque chanson que j’écris ou que je produis, je traduis une sensation, et pour « Dans ma rue », c’est vrai qu’il y a ce côté aérien, c’est surtout parce que c’est une émotion. Je travaille sur un moment, des sentiments, des événements, je veux que ça corresponde à une ambiance précise qui parle aux gens.

As-tu la sensation (comme nous) d’un rebattage complet des cartes et des codes du « rap game » ces dernières années ? Quelles sont pour toi les caractéristiques de la scène rap émergente française ?

Je n’écoute pas non plus tous les styles de musique ; comme je l’ai dit précédemment, j’écoute principalement des coups de cœur. Le rap, c’est le seul genre musical qui arrive à évoluer rapidement. Il y a une différence entre ceux qui font le son et ceux qui le copient, c’est toute une vague, mais je trouve qu’il y en a toujours qui arrivent à développer quelque chose de nouveau. Je pense qu’ils ont un égo qui les pousse à vouloir être les meilleurs, c’est le goût de la conquête.

D’ailleurs, est-ce qu’il faut vraiment avoir un égo pour être un artiste ?

Oui, forcément, même si c’est plus ou moins développé. Ce qui prime, c’est l’émotion qu’on a envie de dégager, ce que l’on a envie de dire, et je pense qu’il faut surtout avoir du courage.

Toujours sur le rap, est-ce que ça t’évoque quelque chose, cette querelle des Anciens et des Modernes, les « c’était mieux avant » versus un nouveau rap « vulgaire, matérialiste », qui aurait remplacé un rap conscient, politique et moralisateur de l’époque NTM, IAM… ?

Non, ça ne m’évoque pas grand-chose. Moi je suis pour l’évolution, sinon on écoute toujours la même chose, on ne propose rien et on ne change pas. Dès que ça sort de l’ordinaire on peut être perdu, voire dérangé. Je le vois avec ma musique. Il n’y a pas de juste milieu. Pourtant je pense qu’il faut rester libre, c’est le principal !

Le débat autour de l’usage du vocoder ne cesse de faire rage tant entre les rappeurs qu’entre les auditeurs : c’est quoi ton apport à cet outil technique ?

Dans mes références, il y en a beaucoup. Mais je ne l’utilise pas tout le temps. Tout a une signification et le vocoder permet de transmettre une émotion qui me paraît mélancolique, ce n’est pas un artifice. Pourtant j’aimerais qu’il y en ait un peu moins, que ça devienne un détail plus discret.

Le rap est-il encore aujourd’hui selon toi autant conditionné par les origines sociales de ses pratiquants qu’à ses débuts, ou est-ce qu’on a dépassé cette revendication ?

Aujourd’hui, ce qui est important c’est de faire ce qu’on veut, d’oser mélanger et se mélanger sinon ça ne sert à rien, c’est peut-être ça le combat de notre génération.

Tu produis toi-même tes instrus, ou tu fais appel à un ou des producteurs ?

Alors, je suis auteur-compositeur-interprète. Je compose une chanson d’abord en guitare-voix, je débute un arrangement qui donne le ton, les intentions, bref une direction, ensuite j’envoie à Gabriel Loridon qui vient sublimer la chanson en mixant tous les sons entre eux et en ajoutant des idées.

Quel type de production t’inspire, sur quelle base tu construis ? Tu as un dada en particulier ?

Comme je te l’ai dit, je construis en guitare-voix. Ensuite, de ce que m’inspire le texte, comment je pose ma voix, je commence l’arrangement. C’est principalement en fonction de ça plutôt qu’à partir d’une production entendue. Mais on est nourris de partout.

Tu as une image très forte. À quel point c’est important pour toi, la mode ? Est-ce qu’il y a des créateurs que tu aimes particulièrement ?

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Pour « Dans ma rue », j’ai travaillé avec Morgane Nicolas qui est une styliste que j’adore. Oui, c’est important l’habit : c’est une enveloppe, c’est le premier regard que l’on porte sur une personne. J’aime bien la mode… En ce moment, j’adore Jacquemus, Raf Simons ; je viens de dénicher un pantalon Prada dont je suis super content.

Pour tes deux clips, tu as travaillé avec la même personne ?

J’ai travaillé avec Morgan Prêleur pour « T tresses », et pour « Dans ma rue«  j’ai travaillé avec Kevin Elamrani. Leur travail m’a beaucoup plu, et ce sont à chaque fois des choix logiques par rapport aux chansons. Je pourrais retravailler deux fois avec le même réalisateur, mais il faut que la chanson lui colle à la peau. Puis j’aime bien qu’il y ait sa vision, sans trop le brider même si moi aussi j’ai envie de participer… J’aide beaucoup sur le montage, j’aime travailler en collaboration.

Donc tu es aussi investi dans la DA, ce n’est pas quelque chose que tu délègues ?  

Non. Je travaille aussi avec Inès Longevial, qui est ma copine et qui est peintre. Elle m’aide sur l’image globale du projet. Je ne suis pas tout seul à prendre mes décisions !

Tu penses que ça aussi ça a changé, qu’aujourd’hui avoir une image forte ou un projet esthétique total est un impératif ?

Comme c’est un peu nouveau ce que je propose, que ça ne pourrait pas forcément passer dans une playlist Spotify, je pense que s’il n’y avait pas une image forte derrière qui en dit plus sur moi, ça serait moins lisible. L’image, c’est le moyen de préciser, sinon ça pourrait partir un peu partout. Moi je n’ai pas envie que la musique soit enfermée, et l’image permet ça.

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Couverture de l’EP, par Julot Bandit

D’ailleurs, quel est le symbole derrière la couverture de ton EP ? Elle est géniale !

Ah oui ! Merci ! (rires) Hum, l’idée de base avec Julot Bandit, c’était… En fait elle a un petit côté choquant pour certains, cette image, parce que cette fille a des poils sous les bras. Et on voulait aussi rappeler un côté enfantin, comme si un gamin avait vu un calendrier de routard et qu’il était venu coller son sticker du club de Mickey. C’était pour dénoncer ce truc, moi en tant qu’homme j’ai le droit de montrer mon téton, donc free the nipple for the women… Et puis les filles aussi ont des poils sous les bras, on a tendance à l’oublier !

Pour conclure, une envie ? Un projet top secret dont tu voudrais nous parler ?

Là je suis content, parce que je suis en pleine phase de création et j’ai plein de nouveautés qui arrivent ; plusieurs choses se mettent en place et c’est excitant. Mais non, je ne peux pas en dire plus. (rires)

Le 23 février 2017 au FGO-Barbara.

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