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Caraco, parenthèse enchanteresse

Caraco, parenthèse enchanteresse

Nous avons rencontré Caraco, une belle découverte pop de l’été ! Ce qu’on retient ? Une voix enivrante et des textes souvent écrits à partir d’un « yaourt », une bonne énergie sur scène comme autour d’un café/interview, sans oublier la reprise exquise de « Pull Marine » d’Isabelle Adjani ! La Cigale Superstar – titre de son premier EP – chantera (au moins) tout l’été et nous en sommes fort aise. À nous de danser maintenant…

Manifesto XXI – L’histoire du projet ?

J’ai grandi dans la musique. Mon père fait de la musique traditionnelle orientale, jazz, rien à voir avec ce que je fais. J’ai fait le conservatoire au début. J’ai commencé à faire des covers guitare/voix avec une copine, on faisait des petits concerts c’était marrant ! Ça faisait un peu Moldy Peaches, enfantine folk. Ensuite j’ai commencé à bidouiller l’ordinateur avec GarageBand (rires), j’ai commencé à rajouter des synthés sur ma guitare acoustique. Ensuite j’ai lâché la musique quand j’ai fait de la mode après le bac et ça m’a manqué. J’ai tout arrêté pour me consacrer à ça. C’était plus des années d’apprentissage, d’améliorations techniques, que de la composition. À la fin de cette année-là j’ai sorti quelques maquettes, j’étais à New York et c’est là que j’ai commencé le projet Caraco. J’avais fait ces maquettes au Maroc en autarcie et c’est à New York que j’ai osé les sortir. J’ai tout balancé le même jour sur Internet, sans aucune organisation. Et en fait j’ai envoyé ce que je faisais à des radios sur SoundCloud, c’était n’importe quoi, j’ai fait ça comme ça, tout le même jour (rires). Les Inrocks ont dû lire mon message et ils ont mis un de mes morceaux dans la playlist du mois de janvier 2015 ! Suite à ça des gens m’ont contactée, des labels, plus pour faire connaissance que pour travailler ensemble. Ça m’a donné confiance !

Ensuite la question c’était de faire des dates. Je me disais que j’étais beaucoup trop timide pour faire ça mais en fait ça s’est débloqué au fur et à mesure en rencontrant des musiciens aux répéts !

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© Manon Delalune

Manifesto XXI – Pourquoi ce nom Caraco ? 

J’ai eu plusieurs noms avant mais je ne vais pas le dire sinon vous allez trouver des traces sur Internet (rires) et je n’ai pas envie ! En plus c’était nul comme nom, j’avais pris deux mots au hasard dans le dictionnaire, je les ai assemblés, ça sonnait pas trop mal ! Mais alors Caraco, comme beaucoup doivent le savoir, ça désigne les petits tops à fines bretelles mais c’est aussi le haut des robes au XVIIe siècle. La sonorité est exotique et ça rappelle mon goût particulier pour la mode, les vêtements.

Manifesto XXI – Toi qui as travaillé dans la mode, comment as-tu envie de l’insérer dans ton projet ?

Ce que je trouve génial dans la mode c’est justement de ne pas travailler dans la mode ! Je n’aime pas trop le milieu et c’est limité en termes de création finalement. Mais si tu la combines à quelque chose d’autre c’est génial, ça devient un jeu.

Je n’aime pas l’idée d’un personnage à part entière dans la musique. Après je dis ça mais Bowie est très dans le personnage et je l’adore mais lui a plein de facettes. C’est juste lui et sa fantaisie. Voilà j’aime la fantaisie mais pas l’égocentrisme d’un personnage-artiste.

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© Manon Delalune

Manifesto XXI – Comment écris-tu ?

Souvent la musique vient avant le texte. Au début j’ai une espèce de yaourt anglais qui ne veut rien dire, je baragouine. De ce yaourt, je passe à un yaourt français, je fais des phrases qui ne veulent toujours rien dire, mais ça crée des sonorités. De ce yaourt il y a des mots qui se dégagent. Ces mots-là plus l’atmosphère du morceau me parlent et me guident vers l’écriture du texte qui cette fois a un sens, vers un thème.

Manifesto XXI – Après que tu as trié ce yaourt, quels thèmes aimes-tu aborder ?

Les toutes premières chansons sont très adolescentes, très naïves. Les dernières le sont moins. J’en profite pour parler de choses qui me tiennent à cœur, certaines musiques (dont quelques-unes que je ne joue pour l’instant qu’en live) sont assez incisives. Bon après sur les thèmes je ne suis pas très originale : amour, joie de vivre, etc.

Manifesto XXI – Pourquoi une reprise d’Isabelle Adjani ? C’est drôle parce que tu as un petit air !

En fait c’est parti de là, sans me lancer des fleurs ! (rires) Mes potes me charriaient, disaient que je lui ressemblais. Je ne connaissais pas bien ce « personnage » alors je suis allée voir, je me suis penchée dessus et en fait j’adore les films dans lesquels elle joue ! Surtout L’Été meurtrier. Un ami m’a dit que ce serait drôle que je fasse une cover d’elle du coup voilà, « Pull Marine ».

Caraco au Supersonic, Instagram Manifesto XXI
Caraco au Supersonic, Instagram Manifesto XXI

Manifesto XXI – Tu as d’autres personnalités qui t’inspirent ? Des inspirations du Sud, toi qui es du Sud ?

C’est drôle je me suis posé la question récemment ! J’ai regardé Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda il n’y a pas longtemps. Le personnage est une femme fragile, un peu cruche on peut dire, mais comme Isabelle Adjani dans L’Été meurtrier, ce sont des femmes très sincères et d’une sensibilité exacerbée. France Gall aussi, elle paraît très légère, mais il y a un truc très bouillonnant à l’intérieur. Ça me parle !

Manifesto XXI – Le style de musique que tu proposes est plutôt en vogue en ce moment, quelle particularité peut te définir ? Comment penses-tu te démarquer ?

Oui c’est vrai qu’en ce moment ça marche, Entreprise, La Souterraine… Je trouve ça génial, il y a une espèce d’émulsion de la scène française. Même si clairement il y a une identité commune, une scène identifiable quand tu écoutes Cléa Vincent, Fishbach, etc. Pour autant tous ces artistes sont différents. Je pense que personne ne dit la même chose. J’aime beaucoup Fishbach, elle est plus en force, je trouve que sa musique est mélancolique dansante, même si on peut dire de ma musique qu’elle est dans cette vague scène pop électro française, ma musique n’est pas comparable à celle de Fishbach par exemple, elle est plus en « légèreté ». J’ai juste remarqué que ma musique plaisait à un public très varié. Mais je trouve que cette vague est géniale, tu te rends compte qu’il y a plein de choses à faire avec le français, encore des choses à explorer !

Manifesto XXI – Justement quand tu évoquais l’image « cruche » des icônes dont tu parlais tout à l’heure, tu as déjà entendu des réflexions du genre « Oh encore une chanteuse à voix » ? Critique qu’on entend d’ailleurs moins quand c’est un mec !

Le regard des mecs change sur la chanteuse à partir du moment où elle compose soit dit en passant ! Mais oui ça m’énerve ! Surtout quand on te demande « Tu fais quoi dans la vie ? », « Je suis musicienne », « Ah t’es chanteuse ! ». Oui je chante mais je ne fais pas que ça, je compose, je produis, je mène mon projet alors laisse-moi tranquille ! (rires) T’es une fille, t’es forcément QUE chanteuse, ça c’est fatigant.

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© Manon Delalune

Manifesto XXI – Et en live, que voudrais-tu améliorer ?

Je voudrais apporter plus de chaleur au set tout en conservant la froideur de certains morceaux.

Manifesto XXI – Si tu penses ton projet à long terme, comment penses-tu son évolution ?

Ça ne me fait pas trop peur, je n’ai pas le sentiment de me forcer à faire quelque chose qui est à la mode, tu vois ce que je veux dire ? Ça évoluera avec mes goûts reliés aussi avec ce qui se fait autour.

Manifesto XXI – Un clip en cours ?

Oui ! Pour « Chignon Secrétaire ». C’est une chanson un peu féministe. On croit que c’est une chanson de rupture au début mais en fait non ! C’est une fille qui se sépare d’elle-même, elle dit stop à l’image de la fille que la société veut diffuser. Entre ce qu’on demande à la fille sur une pub Calvin Klein et la réalité, ce n’est pas ça. C’est une séparation entre ces deux femmes. Le clip se passe donc dans deux univers parallèles différents, je n’en dis pas plus ! Pour dire un grand mot, c’est un peu la dichotomie de la femme (rires).

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