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Bon Air, pop-folk saveur voyage et optimisme – Rencontre

Bon Air, pop-folk saveur voyage et optimisme – Rencontre

Sur la page Facebook de Bon Air, a.k.a. Gaëtane Abrial et Guillaume Farré, on peut lire cette courte mention : « pop sauvage et folk lumineux ». Une description tout en simplicité, qui colle parfaitement à ce binôme passionné de musique, de voyages et de grands espaces. Si la grisaille parisienne en ce moment vous asphyxie, leur nouvel EP Electrical devrait vous apporter quelques goulées d’air frais et ondes positives bienvenues. Rencontre avec deux artisans de l’évasion musicale.

Manifesto XXI – Comment avez-vous commencé ce projet ? Quel était votre parcours dans la musique jusque-là ?

Gaëtane : On s’est rencontrés il y a sept ans, et on a commencé par des reprises. Le but était de reprendre des morceaux, mais à notre manière. On a tout de suite fait des concerts. Ça a vraiment commencé en Nouvelle-Zélande, parce qu’on est partis six mois là-bas. On vivait de notre musique, on jouait quasiment tous les soirs.

C’était quel genre de répertoire ?

Gaëtane et Guillaume : Très folk, ancien comme moderne, aussi bien Johnny Cash que Moriarty… Un peu country aussi…

Gaëtane : C’est vrai que moi je suis très attirée par la folk, surtout américaine, Alela Diane… Et Guillaume lui revenait de sept ans en Australie, donc influencé par le folk de là-bas.

Guillaume : Oui, folk australien, surf music… J’avais cette vie qui me suivait un petit peu.

Vous avez appris la musique en école, ou bien de manière autodidacte ?

Guillaume : J’ai fait le conservatoire pendant huit ans en guitare, puis pour la voix c’est venu tout seul, je n’ai pas eu le choix puisque je me suis accompagné pour pouvoir jouer seul.

Gaëtane : Moi mon truc c’est plus la voix, je chante depuis très jeune, j’ai pris beaucoup de cours de chant, c’est vraiment une passion depuis des années. Et après je n’ai pas eu le choix, je me suis accompagnée à la guitare, c’est l’inverse !

Au début on ne s’appelait pas comme ça, on avait un autre nom en Nouvelle-Zélande. C’était tellement inspirant, c’est un pays qu’on a adoré, c’était vraiment magique. On a commencé à écrire là-bas. Puis quand on est rentrés en France milieu 2011, on s’est installés au Pays basque, à Biarritz, et on a enregistré ces chansons, tout est parti de là. On a sorti notre premier EP en 2012.

© François Joret
© François Joret

Quelle était votre direction esthétique au moment de monter ce projet ? 

Guillaume : En fait, on n’a jamais trop cherché à se dire « on va faire ça ou ça », avec telle volonté esthétique ; on est juste nous, on est réels. Le projet avance, aujourd’hui il est un plus pop que folk, mais je pense que c’est parce que nous, on évolue aussi : ce qu’on écoute nous inspire en permanence.

Après, moi, je vivais à l’étranger où c’était très folk, en Australie, et il y avait cette culture guitare-voix… On a gardé quelques bases, mais on a voulu étoffer. Parce qu’on est en France aussi depuis cinq ans, et c’est la vibe qu’on ressent ici.

Quels artistes vous inspirent en ce moment ? 

Gaëtane : The Lumineers, sinon Rhodes…

Guillaume : The Strumbellas, un groupe canadien qui explose en Australie, ça correspond un peu à ce que je pouvais écouter avant, là-bas, mais en plus arrangé.

Gaëtane : Comme disait Guillaume, quand on a commencé, on n’a pas monté le groupe dans un but de style particulier. C’était très naturel, spontané. Mais dans une optique professionnelle quand même, car depuis le début on vit de notre musique. Ça fait six ans qu’on ne fait que de la musique. Après, on évolue avec nos rencontres, nos découvertes musicales…

Guillaume : C’est un peu notre façon de vivre aussi, pour moi la musique m’a toujours fait gagner un peu d’argent en plus, quand je donnais des cours de sports de glisse, ou quoi que ce soit à côté. Et avant de rencontrer Gaëtane je le voyais comme ça aussi, je jouais dans un pub, je me faisais plaisir, puis j’étais payé pour ; je trouvais ça génial.

Gaëtane : Je pense que ce qui a fait la différence aussi, c’est cette idée de passion qui devient un métier, donc rapidement on a été super carrés, ce qui nous a permis d’avancer.

Comment composez-vous ?

Guillaume : Au départ, on composait beaucoup chacun de notre côté, on avait chacun nos chansons, sur lesquelles l’autre apposait des chœurs, mais de plus en plus on partage la compo aussi ; on va s’aider sur un texte, un gimmick, une guitare…

Vous êtes plus dans l’interaction aujourd’hui ?

Gaëtane : Oui, avant on avait chacun nos chansons par rapport à nos univers, parce qu’on avait quand même des univers différents – pas incohérents mais différents, donc il y avait sans doute plus de contraste entre les morceaux où Guillaume était en lead et les miens –, alors que maintenant c’est plus cohérent je pense, on a plus créé notre style à tous les deux.

© François Joret

Quels sont les thèmes, inspirations, qui nourrissent vos écritures ? 

Gaëtane : La vie en général, les gens, l’avenir, qui fait un peu peur aussi…

Donc une vision pessimiste ?

Gaëtane : Non, c’est plutôt optimiste, c’est plus des questionnements. Aussi la thématique de la sincérité, être vrai avec soi-même, avec les autres.

Tu es plutôt dans des textes très métaphoriques, métaphysiques, ou bien ce sont plutôt des histoires très descriptives, narratives ? 

Gaëtane : Avant c’était très imagé, j’avais du mal à raconter des histoires, et à parler de moi, c’était toujours un peu dans le rêve, et c’est vrai que plus ça va plus je raconte des histoires, sur moi ou quelqu’un d’autre, mais après tout n’est pas toujours explicite.

Et toi, Guillaume ?

Guillaume : Je pense que Gaëtane va parler de mes textes beaucoup mieux que moi ! (rires)

Gaëtane : Et toi de la musique beaucoup mieux que moi ! (rires) Tu es beaucoup inspiré par les voyages…

Guillaume : Oui, beaucoup les voyages, ça peut être un personnage aussi…

Est-ce que certains paroliers vous ont beaucoup inspirés pour l’écriture de vos textes, où vous faites ça surtout à l’instinct ?

Guillaume : Non…

Gaëtane : Non, pas vraiment… C’est plutôt spontané. Parfois tu as une idée, tu vois une phrase quelque part, et tu te dis c’est cool, et tu pars de ça…

Guillaume : Moi je ramène souvent les sentiments aux éléments de la nature, qui nous inspirent tous les deux beaucoup ; ça nous touche énormément, on a besoin de ça. Moi j’ai besoin de m’évader, aussi, pour écrire.

Gaëtane : Je pense que l’endroit où on vit joue aussi, c’était un choix d’habiter au Pays basque. Au départ, c’était vraiment un voyage, de partir habiter là-bas, car on n’était pas de la région – et ça doit se ressentir aussi dans nos textes effectivement, le rapport à la nature, etc.

Ça vous tient à cœur, cette idée de proposer un moment d’évasion aux auditeurs, hors du temps, en lien avec la nature… ? 

Gaëtane : On nous le dit souvent, oui.

Guillaume : On aime les gens, on aime la vie, on a envie de transmettre ça.

Gaëtane : Au début ce n’était pas forcément conscient, mais c’est le retour qu’on a.

Guillaume : C’est notre caractère je pense, car c’est ce que les gens nous disent quand ils nous écoutent : qu’ils voyagent, que ça leur transmet une énergie positive. C’est notre énergie, on nous dit souvent qu’on est colorés… C’est vrai qu’on est comme ça, on ne va pas se changer.

Gaëtane : Et ça nous touche beaucoup que les gens le ressentent comme ça. Quand tu es content, cool, souriant, les gens te le renvoient aussi.

Comment composez-vous, pour l’aspect instrumental ?

Guillaume : Moi en général ça vient avec la chanson, ce n’est pas très calculé non plus. Le texte vient avec la musique, dans le passé non, mais maintenant je fais des textes avant, parfois. Souvent, à un moment de la journée, il y a quelque chose qui me dit « tiens, la mélodie est là, prends la guitare », et là il y a quelque chose qui sort.

Vous composez tous les deux les guitares, ou c’est plutôt Guillaume ?

Gaëtane : Non, c’est 50/50, mais moi ce n’est pas pareil car je suis plus autodidacte, du coup il m’arrive de jouer des choses, je me dis tiens, ça c’est cool, et j’essaie de chanter par-dessus. Sinon je fais beaucoup d’enregistrements à la voix, des mélodies, encore plus pendant les voyages, qui m’inspirent énormément – je m’enregistre sur mon iPhone.

Tu crées la mélodie avant de poser des paroles dessus ?

Gaëtane : De plus en plus, oui.

Vous venez de sortir un nouvel EP, pouvez-vous me raconter sa genèse ?

Gaëtane : En fait, on a plein de chansons parce qu’on écrit tout le temps, et du coup l’année dernière on s’est dit qu’il serait bien de sortir un troisième EP.

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Guillaume : Le public était demandeur aussi. Il y avait des morceaux qu’on jouait déjà en concert, et les gens voulaient savoir quand ils seraient disponibles sur CD.

Gaëtane : Puis on voulait passer à une étape supérieure aussi, avoir un clip, faire des images… On a senti un nouvel élan, et c’est là qu’on a changé de nom aussi.

Sinon l’enregistrement s’est fait assez vite, on a bossé avec un arrangeur sur cet EP (Julien Gaulier – Hey Hey My My, Mother Of Two), parce qu’on est tout le temps tous les deux, un peu dans une bulle, et on s’est dit que ça pouvait être sympa d’élargir le champ. Et ça a été une super rencontre !

Si vous aviez beaucoup de morceaux, comment avez-vous sélectionné ceux qui sont sur l’EP ?

Gaëtane : On teste tous nos morceaux sur scène, comme on fait beaucoup de concerts, et c’étaient des titres qui avaient bien marché. Ces cinq titres-là nous semblaient les plus forts au moment d’enregistrer. Mais le but, c’est vraiment de faire un album d’ici un an.

Guillaume : Encore une fois, comme on disait tout à l’heure, on évolue en permanence, ça commence à faire quelques années qu’on est rentrés en France, et maintenant il nous semble assez logique d’écrire en français, donc on commence, surtout Gaëtane.

Gaëtane : On a testé sur un morceau qu’on a écrit en août, alors qu’on n’avait jamais testé ensemble le français depuis sept ans qu’on se connaît, et on s’est dit que ça le faisait. Donc on veut continuer, mais en gardant les deux langues.

Pour revenir à ta question sur la cohérence de l’EP, on était partis en voyage en Australie juste avant d’enregistrer, et ça nous a beaucoup influencés pour ces compositions.

Qu’a amené l’arrangeur sur cet EP ?

Guillaume : Il avait des guitares électriques très intéressantes déjà. Nous, c’était un instrument qu’on avait ajouté par nous-mêmes juste avant, on était passés de deux acoustiques à une électrique et une acoustique. Julien a amené une patte électrique qui nous ressemble, parce qu’on a un jeu assez proche du sien. Et il a été moins timide sur les guitares qu’on ne l’aurait probablement été juste tous les deux. Il a apporté des gros trémolos, des guitares très tarantinesques, années 1960…

Gaëtane : Ça collait très bien, ce sont des inspirations communes qu’on a avec Julien, donc ça s’est fait très naturellement.

Guillaume : Donc on a ajouté des guitares, sinon quelques claviers, et un batteur est venu enregistrer aussi. Sinon c’est nous qui avons tout composé et joué.

Quel est votre set up actuel en live ? 

Gaëtane et Guillaume : Tous les deux, deux acoustiques ou acoustique/électrique, et des percussions.

Donc ça reste plutôt intimiste ?

Gaëtane et Guillaume : Oui, parce qu’on n’est que deux, mais ça devient de plus en plus dynamique.

Gaëtane : Il y a une véritable envie aussi cette année de trouver deux autres musiciens, basse/clavier, et batterie. Si on pouvait être cinq et avoir un violoncelle ce serait énorme, mais déjà quatre ce serait bien. La volonté c’est d’élargir les possibilités.

Quels sont vos objectifs pour 2017 ?

Gaëtane : Continuer les concerts, et continuer à composer car on aimerait enregistrer un album. Et continuer à vivre aussi !

Guillaume : Oui, parce qu’on sort d’une grosse année : trouver les financements, enregistrer, préparer la sortie… On fait tout tous les deux donc on a énormément de travail. Là on voudrait vraiment se faire aider, trouver un label et un tourneur cette année.

Vous avez l’air d’être très attachés à un fonctionnement naturel, simple, un peu old school en un sens, loin du flux des technologies, de la ville, de la communication et du marketing, quel est votre ressenti là-dessus ? 

Guillaume : Je suis très go with the flow comme on dit en Australie, heureusement qu’il y a Gaëtane pour essayer de poser des cadres, un côté pro… Mais c’est cool, on s’équilibre comme ça.

On est très attachés aux rencontres, on sait que ça prend du temps… Mais on passe par le live, on développe notre fanbase – ça ce n’est pas très old school, pour le coup –, mais on pense que c’est important. On a vraiment un public, des gens qui nous suivent, on nous achète beaucoup de CD à la fin des concerts… C’est super cool. On sait qu’aujourd’hui tu peux créer un concept et faire un million de vues sur YouTube, mais est-ce que ces gens vont venir te voir ? Entre la personne qui te regarde sur YouTube et celle qui vient te voir ou acheter ton CD, il y a un pas. On ne l’a pas réfléchi, on ne le calcule pas, mais on voit qu’aujourd’hui pour nous, ça passe d’abord par le live.

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Retrouvez-les en concert :

04/01 – Le Pop-Up du Label / PARIS

28/01 – L’Atabal (première partie de Rover) / BIARRITZ

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