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Barbagallo, la force tranquille

Barbagallo, la force tranquille

Barbagallo

C’est exilé en pleine nature au beau milieu du Lot que Barbagallo a choisi d’enregistrer son troisième album, Danse dans les ailleurs, qui sera dévoilé le 2 mars prochain. Au fil des neuf morceaux à la texture organique et aux arrangements soignés, on retrouve avec délectation tout l’art mélodico-harmonique du compositeur, héritier d’une exigeante culture de la chanson française. Entre balades bucoliques, douce rêverie et évasion sonore, il ne s’agirait pas de sous-estimer les vertus thérapeutiques de cet opus, qui plonge l’auditeur dans une délectable hypnose, loin des injonctions terrestres et de la rugosité hivernale. 

Manifesto XXI – Dans quel environnement et à partir de quelle envie ou fil rouge as-tu composé cet album ?

Barbagallo : Je n’avais pas vraiment de plan en tête, je fonctionne rarement comme ça. Ce qui changeait avec cet album-là par rapport aux deux précédents, c’est surtout que j’avais une deadline.

Est-ce que ça a pu influer d’une certaine manière sur ton mode de composition ?

Oui, parce qu’au lieu d’attendre que les idées tombent d’elles-même, tu es obligé d’aller les provoquer, ce qui est intéressant comme processus, parce que tu ne sais jamais trop ce qui va sortir.

L’autre grosse différence pour cet album c’est que j’ai enregistré en studio et pas chez moi. J’avais envie de franchir un cap dans la qualité d’enregistrement, et je voulais m’imposer cette contrainte de temps.

J’aime les deux façon de faire, mais c’était bien d’être confronté à d’autres objectifs. Après, j’ai quand même composé sur le long terme, certains squelettes de chansons remontaient à un moment déjà.

Donc il n’y avait pas forcément d’idée directrice à l’origine de cet opus ?

Non, à part peut-être l’idée d’avoir un instrumentarium le plus simple possible, d’éviter les fioritures. Je voulais quelque chose de plus organique.

Dans quel cadre s’inscrit cette volonté ? C’est une contre-réaction à l’omniprésence des machines aujourd’hui ?

C’était plus personnel que ça, c’est plus lié à mon parcours. J’ai principalement évolué jusqu’ici dans des environnements assez classiques de studio. Le côté DIY que j’ai pu avoir, lié à l’ordinateur, est plutôt venu par défaut. Là je me suis dis « tiens, j’ai peut-être les moyens de revenir vers quelque chose qui me parle plus ». C’est parce que j’ai la chance d’être sur un label qui me donne les moyens de faire ça.

Quelle est ta formation musicale d’origine ?

J’ai une formation de batteur.

Tu as appris d’autres instruments au fur et à mesure pour t’aider dans la composition ?

Assez rapidement quand j’étais ado j’ai commencé à apprendre la guitare parce que j’étais fan de plein de groupes anglais ou américains des années 90, et c’était difficile en tant que batteur de reproduire ce genre de son. Puis c’est finalement à la guitare que j’ai commencé à composer. J’ai aussi appris la basse et le piano de manière autodidacte.

Autant j’adore jouer en groupe, autant je prends beaucoup de plaisir à explorer des instruments de mon côté, seul, et voir ce que je peux en tirer. Après si je suis confronté à des obstacles techniques, et si c’est vraiment crucial à l’identité du morceau, je fais appel à un instrumentiste.

Danse dans les ailleurs

En studio tu as donc tout enregistré seul avec ton ingé son ?

On est parti avec mon ingénieur du son, Angy Laperdrix, avec qui je travaille depuis longtemps et qui fait mon son en live, ma femme, Brigitte, et mon chien. Ma femme documentait tout et nous a aidé à gagner beaucoup de temps sur des choses pratiques, tandis que côté musique, Angy ouvrait et déplaçait les micros, et moi je passais d’un instrument à l’autre.

C’était dans un endroit plutôt isolé ?

Oui, c’est un studio très isolé, un endroit incroyable à plusieurs titres. Déjà c’est l’endroit où Nino Ferrer est venu s’installer au milieu des années 1970, ça s’appelle la Taillade et c’est une espèce de ferme médiévale fortifiée qu’il a acheté. Il y a beaucoup écrit, peint, enregistré… Donc il y a une certaine vibe.

L’endroit est sublime, au bout d’une colline paumée dans le Lot. Et c’est donc son fils Arthur qui maintenant fait vivre ce studio, installé dans une dépendance juste à côté de la maison principale. Pour moi c’était exactement ce que je cherchais, les conditions idéales, isolé dans une bulle au milieu de la nature, sans aucune distraction.

Il y a quelque chose de très apaisant dans ta musique, est-ce que c’est un prolongement de ta personne, ou bien ta manière à toi d’exorciser des émotions qui peuvent être plus houleuses ?

J’ai un terrain favorable à ça, ma musique reflète quand même mon caractère principal qui est assez doux je crois. Mais je me sers des chansons pour aller encore plus loin. Mon caractère personnel forme le terreau, dans lequel je vais essayer de faire grandir des choses qui vont aller beaucoup plus loin que ça. Je vais essayer de dépasser ce que je sais de moi-même et de ce qui m’entoure pour aller chercher d’autres questions, car la musique que j’aime me fait me poser des questions plus qu’elle ne m’apporte de réponses. C’est ce à quoi j’aspire, créer de la musique qui puisse questionner l’auditeur d’une manière ou d’une autre.

Un certain nombre d’artistes disent ne pouvoir créer que dans des conditions d’adversité ; toi à l’inverse tu cherches une sorte de cocon ?

C’était un peu un mélange des deux finalement, car l’endroit était très apaisant, mais il y avait quand même une limite de temps, donc une forme d’urgence. On travaillait de 9h à 1h du matin, donc c’était des journées très intenses, mais tu ne le prenais pas non plus comme une agression, c’était juste un rythme dans lequel on était pris.

Tu passes de moments d’extrême excitation à des moments où tu pédales dans la semoule, mais le tout c’est de ne pas paniquer, et juste de laisser venir le prochain moment où tu vas recommencer à faire quelque chose qui te convient. Mais comme n’importe quelle journée de ta vie finalement ! Et ces moments de creux vont te servir positivement par la suite, tu tires des petites leçons chaque jour.

De quoi pars-tu pour construire tes squelettes de chanson ?

De la guitare et de la voix.

Est-ce qu’il y a des moods ou conditions dans lesquelles tu préfères écrire que d’autres ?

C’est assez variable, c’est par phases. L’élément déclencheur peut être une rencontre, un film, n’importe quoi… Généralement je ne m’assieds pas à une table en me disant, tiens je vais écrire, j’enregistre plutôt plein de mémos vocaux quand des idées me viennent. Je trouve un petit bout de chanson, puis je vais la laisser mijoter plusieurs mois avant de m’y mettre.

Je pars le plus souvent de la musique, mais j’aimerais changer ça et tenter de partir des paroles. J’aimerais aussi changer d’instrument, commencer à composer sur un clavier par exemple. J’ai une sorte de méthodologie, mais j’aimerais m’en défaire un peu justement.

Si une mélodie et un texte ne collent pas, tu préfères garder la mélodie ou le texte ?

Ça c’est le casse-tête absolu à chaque fois. Généralement j’essaie de sacrifier le moins possible la mélodie. C’est un défaut que j’ai, je me chante la mélodie pendant tellement de temps qu’après je me peux pas m’en séparer. Mais des fois il serait sans doute plus judicieux de faire l’inverse.

Barbagallo

À partir de quand as-tu commencé à jouer dans cette formation de groupe qu’on te connait aujourd’hui ?

Depuis octobre 2016.

Est-ce qu’elle a été difficile à monter, cette formation ?

Il y a deux personnes qui viennent de Toulouse, Thomas Pradier et François Remigi, que je connaissais d’avant, et Théodora De Lilez je ne l’avais jamais rencontrée avant les répétitions, c’était une recommandation. Du coup on s’est retrouvés en studio avec Théo que je n’avais jamais vu de ma vie, et deux potes avec qui je n’avais jamais fait de musique, et en fait ça s’est hyper bien passé, tout le monde avait bien travaillé, les choses se sont mises en place rapidement, et en tournée on se marre comme des baleines, c’est vraiment une super équipe !

Vous commencez par une tournée à l’étranger là ?

Oui on commence par l’étranger, et ensuite on revient en France, avec une tournée qui s’achèvera le 15 mars au Café de la Danse. Ensuite on reprendra les dates probablement au printemps.

Vous jouerez uniquement des morceaux du nouvel album ou aussi d’autres plus anciens ?

Une partie du nouvel album et quelques morceaux des deux albums précédents. Ce sera la tournée best-of, déjà ! (rires)

Tu es originaire de Sicile et tu as principalement vécu dans le sud, est-ce que tu penses que ça a eu une influence sur ta musique, dans un pays où à l’inverse tout est un peu centralisé au nord autour de Paris ?

Ce qui est sûr c’est que j’ai été épargné de beaucoup de courants parisiens, je n’ai aucune idée de ce qui s’y passe. Je me sens très déconnecté, mais pas spécialement parce que je vis dans le sud, c’est une histoire de personnalité aussi.

Après j’ai toujours eu de la chance de faire de la musique avec des gens que je trouvais géniaux, ça ne m’est jamais venu à l’esprit de me dire que je ferais mieux ou plus à Paris. Il y a une réalité mais aussi un mythe, qui parfois grille certaines personnes. Moi je suis me suis toujours dit qu’il fallait faire vivre le local. Après j’ai peut-être aussi eu énormément de chance, ce n’est pas forcément une norme. J’ai pu pour ma part faire les choses naturellement, sans me forcer à quoi que ce soit.

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Mais je pense qu’on est quand même dans une ère aujourd’hui où là d’où tu viens importe de moins en moins, et tant mieux. Puis dès que tu pars jouer à l’étranger tout le monde s’en fout d’où tu viens… il n’y a que les français que ça intéresse !

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En tournée prochainement :

09/02/2018 – BETHUNE (62) – Théâtre Municipal / Le Poche

12/02/2018 – LONDON (Angleterre) – The Borderline

13/02/2018 – MANCHESTER (Angleterre) – Fac251

14/02/2018 – LEEDS (Angleterre) – Book Club

15/02/2018 – NEWCASTLE UPON TYNE (Angleterre) – The Cluny

17/02/2018 – GRONINGEN (Pays Bas) – Simplon

19/02/2018 – BERLIN (Allemagne) – Barbagallo Grand Chien Tour – Kantine am Berghain

20/02/2018 – MUNICH (Allemagne) – Barbagallo Grand Chien Tour – Heppel & Ettlich

21/02/2018 – COLOGNE (Allemagne) – Barbagallo Grand Chien Tour – Yuca

22/02/2018 – ARNHEM (Pays Bas) – Luxor Live

23/02/2018 – LEEUWARDEN (Pays Bas) – Neushoorn

24/02/2018 – AMSTERDAM (Pays Bas) – Melkweg

27/02/2018 – POITIERS (86) – TAP Scene Nationale

28/02/2018 – TOURS (37) – LE TEMPS MACHINE

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01/03/2018 – MÉRIGNAC (33) – LE KRAKATOA – Tournée La Souterraine

09/03/2018 – LYON (69) – LE GROOM

10/03/2018 – ANNECY (74) – LE BRISE GLACE + Kid Francescoli

14/03/2018 – ROUBAIX (59) – LES PARADIS ARTIFICIELS – La Condition Publique + The Soft Moon

15/03/2018 – PARIS (75) – CAFE DE LA DANSE

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