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32ème Festival de Hyères : Radiographie de la Création Contemporaine

32ème Festival de Hyères : Radiographie de la Création Contemporaine

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Ils étaient trente sélectionnés pour les trois disciplines — la mode, la photo et les accessoires. Seuls quelques-uns ont été récompensés. Mais au-delà de ces prix que chacun avait toutes les bonnes raisons de remporter, nous avons pu observer un certain nombre de constantes et d’interrogations communes à tous ces jeunes artistes rassemblés pour ces quelques jours exceptionnels.

Les accessoires

La qualité de cette 32ème édition du festival d’Hyères s’apprécie définitivement dans les détails précieux et accessoires que nous avons pu y observer. C’était d’ailleurs la première année que le Festival ouvrait son concours aux designers d’accessoires. Les amazones de la créatrice Marine Serre (la collection se nomme d’ailleurs Radical Call For Love) défilaient avec un large bandeau, presque un fichu, comme on en portait dans nos tendres années 1990. Pour compléter cette parure, de très grande créoles, pour une beauté façon bohémienne, mystérieuse, venue tout droit du futur. On retiendra aussi les immenses boucles d’oreilles comme de grosses gouttes d’eau précieuses aux oreilles des mannequins de Vanessa Schindler, Prix du public de la ville d’Hyères et prix Première Vision (voir plus bas).

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©Marine Serre

Immanquable, le show de Marianna Ladreyt s’est ouvert sur une silhouette accessoirisée d’un sac de couchage (ou d’une tente en baluchon). Toujours chez Marianna, la sandale de randonnée marque le pas. La combinaison chaussettes-sandales a de beaux jours devant elle.

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©Marianna Ladreyt

Le point de départ est proche mais le résultat complètement différent : les chaussures de Marina Chedel, gagnante du prix accessoires Swarowski, sont directement inspirées des vertigineuses hauteurs de la montagne.

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©Marina Chedel

Les couleurs

Pour la palette on retiendra la présence de couleurs franches, presque primaires. Ainsi la collection Under Wraps de la Finlandaise Maria Korkeila célébrait un jaune joyeux. Le bleu (de travail) se retrouve dans les créations de Gesine Fösterling, travaillé par touches avec du blanc et du rouge, tout comme chez Danial Aitouganov.

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©Maria Korkeila
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©Gesine Fösterling

Le vert était aussi à l’honneur chez Hunwoo Kim et Marine Serre. On retrouve d’ailleurs toutes ces couleurs mixées dans les pièces dessinées par le Japonais Wataru Tominaga, grand gagnant de la précédente édition. Pour la première année, le Festival accueillait des lauréats des éditions précédentes au sein du dispositif The Formers, et cette présence permetait de mettre subtilement en perspective les réflexions des lauréats d’une année sur l’autre.

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©M Le Monde, Wataru Tominaga

Mais chez d’autres designers au contraire, ce sont des teintes plus douces qui prévalent comme le mauve chez Vanessa Schindler ou Damien Ravn (The Formers) ; ou encore le beige chez Fuhong Yang (collection RETOUCHE) et Hermione Flynn (collection LAWLESS).

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©Fuhong Yang

Les tissus

Le velours que l’on voit sur les podiums depuis quelques saisons continue d’être un terrain d’expérimentations pour les jeunes créateurs, et on l’a retrouvé chez Vanessa Schindler et Damien Ravn notamment.

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©Vanessa Schindler

Chez tous les participants de cette année, on a pu percevoir un vrai questionnement sur les potentialités et limites des matériaux utilisés. Les tissus résistants voire très bruts, comme des bleus de travail, étaient également très présents — la collection de Gesine Fösterling en témoigne. Enfin, la recherche de prouesses techniques et technologiques a touché un niveau d’excellence. Les délicates créations de la collection Urethane Pool, Chapitre 2 de Vanessa Schindler sont travaillées avec ce un polymère liquide (l’uréthane) qui se fond dans les fibres du tissu après soudure.

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©Vanessa Schindler

Grandes tendances de style et d’attitude

Les lignes des silhouettes bougent chez tous les participants ou presque, les volumes sont là où on ne les attend pas grâce à de savants jeux de plissé ou des coupes audacieuses. L’oversize est encore omniprésent et vient entourer la plus frêle des silhouettes d’une véritable armure.

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Le sportswear reste aussi incontournable, notamment chez Marianna Ladreyt et Marine Serre. Néanmoins les créatrices en donnent une lecture élégante qui, sans renoncer au confort, redessine les codes du raffinement.

L’heure est au vêtement technique, voire technophile. La solidité est au cœur des compositions que l’on a pu découvrir lors de ce défilé, et cela se retrouve aussi dans la sélection des designers accessoires. Le métal est à l’honneur chez Emma Montague ou Mayeul Reignault.

Enfin, cette sélection 2017 de créateurs poursuit une vraie réflexion sur le costume masculin. En tout, trois collections Homme ont été présentées (Gesine Fösterling, Hermione Flynn, Maria Korkeila), toutes affichant des silhouettes riches et différentes, complexifiant enfin la définition de « virilité ».

La photo, nouvelles perspectives derrière l’objectif

La réflexion des designers sur les volumes et le corps trouve un écho singulier chez les jeunes photographes sélectionnés comme le lauréat, Luis Alberto Rodriguez ou encore Roos Quakernaat.

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©Luis Albertu Rodriguez

Dans la sélection de cette année, les jeunes talents travaillent à réinventer le réalisme. La rue a ainsi été récompensée à travers le travail de Daragh Soden, Grand Prix du jury Photographie. Le questionnement sur les traditions et les habitudes est encore un autre fil rouge qui relie les travaux de Lucie Khahoutian (notre interview ici), Sofia Okkonen ou Cordula Heiss et Caroline Speisser.

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©Daragh Soden

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