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E-Saggila, Hildegarde, Wu-Lu, Thea Soti : Accords Perdus #19

E-Saggila, Hildegarde, Wu-Lu, Thea Soti : Accords Perdus #19

Deux fois par mois, la rédaction musique revient sur les projets et les actualités musique marquantes des deux dernières semaines. Hildegarde, Wu-Lu, Fatale, Thea Soti, E-Saggila, irsh : voici notre sélection des projets parus début juillet.

Les actualités du moment

Les Siestes Électroniques à Pantin : l’initiative Les Siestes se démarque du paysage festivalier français en proposant des évènements qui veulent rendre plus accessible une programmation exigeante, tant par la gratuité que par la facilité d’accès à ses espaces. Iels visent aussi à toucher des publics aux profils plus larges que les niches concernées par les formes expérimentales et électroniques. Les 16 et 17 juillet, la sieste se fera au Parc des Courtillieres à Pantin. Au programme, une succession de sujets sociologiques et politiques portant sur l’évolution de la musique club en Angleterre, la funk dans les productions rap françaises, 60 ans de relaxation en musique et la latinité dans la pop.


Les nouveautés à écouter

✩ Blaze de E-Saggila (sorti le 27 juin)

E-Saggila est une bricoleuse qui produit autant des cascades rythmiques périlleuses qu’une ambient contemplative, toujours marquée par un environnement cybernétique. D’origine irakienne et basée à Toronto, elle est connue sur la scène underground canadienne aux sonorités noise, gabber et au-delà. Elle a élargi son audience avec son remarqué premier disque pour Northern Electronics, My World My Way, titre qu’on peut lire sur une enseigne de magasin sur une de ses photos Instagram. Sa musique s’imprègne de la société numérique de consommation avec un regard et une oreille portés sur les glitchs, les aberrations. 

Samples zarbis et bruiteux, en masse, peuvent rimer avec groovy, et Blaze, brillant de radicalité, en extirpe des mécaniques bien huilées. C’est un blender de genres : techno, dancehall, dubstep chelou (« Dripper »), noise romantique (« H2god »), ou… pff, cela en devient innommable et renvoie balader toute formule figée. C’est avec des bijoux électrisés comme « Digital Them », « Seecure », que ce Blaze nous réveille sur un dancefloor, et par là, maintient E-Saggila sous notre radar. 

CW.

✩ Inside de Hildegarde (sorti le 30 juin)

Comme on ouvre un mystérieux grimoire trouvé au fond d’une forêt enchantée, Inside est le premier album de l’artiste xenogender Hildegarde. Dix morceaux bercés par des vocalités à la limite du réel, dressant des histoires de réalités parallèles sur des sonorités électroniques oniriques saturées. Entre procédés créatifs magiques comme l’écriture automatique (pour la track « Odeline ») et feats avec une autre créature elfique, EURROPE, nous nous aventurons au fur et à mesure de l’album dans l’univers d’Hildegarde. Vendu avec un livret de paroles et une clef usb, l’album se construit comme un objet artistique à part entière, distribué par le label underground marseillais Du Cœur Records. En définitive, Inside est un xeno-objet musical où l’on transforme ses repères – pour mieux les retrouver ?

EF.

✩ ØVER+ de Thea Soti (sorti le 1er juillet)

La vocaliste expérimentale Thea Soti revient sur le label parisien Planisphère avec un objet musical non identifié. La musicienne serbo-hongroise développe un propos métaphysique servi par une superbe spatialisation sonore dans son nouvel album Over+. La composition vocale guide l’écoute dans une succession d’atmosphères morcelées et robotiques. Over+ est un album de niche mais c’est aussi une performance noise fascinante. Questionnant jusqu’à son identité artistique, Thea Soti n’hésite pas à fragmenter, à hacher et à autotuner sa voix à l’extrême. Après tout, pourquoi exprimer son appartenance au genre humain·e ou même à la planète Terre si l’on peut développer un rapport aussi riche au cosmos ?

KT.

✩ Loggerhead de Wu-Lu (sorti le 8 juillet)

Wu-Lu est un poète punk venant du sud londonien. Cette région de la ville est réputée pour ses melting-pots d’influences musicales allant du rap à la drum & bass, en passant par le punk et la jungle. Ça ne rate pas chez Wu-Lu, qui parvient à faire honneur à toutes ses influences. Ayant sorti ses précédents travaux acclamés chez CURL & Touching Bass, c’est aujourd’hui chez Warp Records qu’il signe Loggerhead. En 2022, cet album compte mettre à jour la définition de punk : les paroles scandalisées du poète moderne voguent par moments sur des riffs tirés du jazz et de la soul puis sur les bpm rythmés de la jungle, pour se poser sur des mélodies d’electronic minimales proches de Yves Tumor ou Tirzah.

AdC.

Voir Aussi

✩ Compilation did you mean: irish vol. 2, de irsh (sorti le 8 juillet)

Il y a quelques années, ZULI et Rama, tous·tes deux basé·es au Caire, ont lancé Irsh. L’initiative avait pour but de lier vidéo et live pour mettre en avant les talents émergents de la scène locale ainsi que tous·tes celleux qui souhaitaient jammer dans leur ville. La pandémie a mis une halte aux rassemblements et iels n’ont eu que pour option de se retrancher dans le monde virtuel afin de lancer leur première compilation. Aujourd’hui, iels présentent leur deuxième édition chargée en trance, breaks, et musique club expérimentale.

AdC.


Les dernières parutions sur Manifesto XXI

 COLLECTIF MU : « C’EST UN COMBAT POUR GRATTER UN MÈTRE CARRÉ À PARIS POUR LA CRÉATION », par Géraldine Faure : Le Garage Mu Festival célèbrera en grande pompe, la décennie de trois entités, qui ont su chacune à sa façon marquer le paysage musical ces dix dernières années : le label français Teenage Menopause, l’Amsterdamois Knekelhuis Records et enfin Garage Mu en personne. Les festivités s’étendront sur trois jours, du 8 au 10 juillet et brasseront une nouvelle fois plusieurs saveurs musicales : « du rock de caves aux musiques de clubs souterrains en passant par les tréfonds de la pop SoundCloud ».

 TRANSVOCALITÉS (3/4) : LE FÉMINISME COUPÉ/COLLÉ DE MIRA CALIX, par Charles Wesley : Après un premier épisode dédié à SOPHIE, un deuxième en entretien avec Lyra Pramuk, nous abordons cette fois-ci les voix politisées coupées/collées de l’artiste et musicienne Mira Calix, qui s’est éteinte en mars de cette année à l’âge de 52 ans à Bedford au Royaume-Uni. Nous rendons hommage à son œuvre prolifique et revenons plus particulièrement sur une de ses installations réalisée à Londres en plein Brexit, la même qui alimentera son tout récent et malheureusement dernier LP, absent origin (2021).


Image à la une : E-Saggila.

Rédaction : Eva Fottorino, Max Deleus, Kristell Thomas, Charles Wesley, et Adélaïde de Cerjat.

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