Dinamarca. Douce transe

La première fois que j’ai entendu une chanson de Dinamarca c’était au Café Pompier à Bordeaux. Quand la musique a commencé, laconique et sensuelle, cela a eu sur moi un effet immédiat, comme une transe douce. On a tous commencé à se déhancher lentement, de manière presque jouissive, en fermant un peu les yeux. Ce fut une expérience intérieure, un son qui donnait envie de faire du son.

Figure de la scène club suédoise, Dinamarca imagine une électro hybride métissée de rythmes latino. Fondateur du label STAYCORE, il vient de publier un nouvel album, le quatrième, Fantasilandia. Invité à Paris par le collectif Mélange, nous l’avons rencontré peu avant son set au Chinois.

Manifesto XXI – D’où viens-tu Dinamarca ? Tu as des origines mixtes, entre la Suède et le Chili. Quelle est ton histoire ?

Oui je vis en Suède mais j’ai des origines chiliennes. Dinamarca est mon nom de famille.

J’aime bien mélanger les sonorités du club aux sonorités inattendues d’autres cultures.

Tes influences se sentent dans ta musique, ces rythmes latino-américains qui nous font bouger les hanches de manière presque automatique…

J’aime bien mélanger les sonorités du club aux sonorités inattendues d’autres cultures. Je ne sais pas exactement quel est ce rythme mais ce que je veux obtenir c’est vraiment de faire danser avec le bas du corps plutôt qu’avec le haut. Je veux pouvoir danser sur mes chansons.

Quand est-ce que tu as commencé à faire de la musique ?

Je fais de la musique depuis mon enfance. Sur mon ordinateur. Quand j’avais 12 ans, j’allais dans un centre pour les jeunes où on pouvait apprendre le djing, alors j’y allais avec mes potes. Puis j’ai commencé à produire. À 25 ans j’ai eu mon premier studio.

Tu fais tout à l’ordi ?

Oui, mais dans mon dernier il y a aussi du synthé et de la guitare. C’est peut-être pour cela que mon dernier album va un peu dans une nouvelle direction.

Pourquoi créer ton propre label ?

Le label a commencé avec un pote. J’avais un EP à sortir sous le nom Dinamarca et mon ami m’a parlé de son idée de fonder une maison de disques. Alors on a débuté par cette release. Ensuite on s’est agrandi, on a trouvé d’autres artistes.

Au début on n’avait pas vraiment le choix : on n’avait pas de contacts avec les maisons de disques et on voulait vraiment faire de la musique. Aussi, nous avions envie de produire des sons indépendants, expérimentaux, qui sortaient un peu de l’ordinaire. Pour cela, il fallait s’émanciper un peu de la grande industrie. On a appelé le label STAYCORE parce que ce nom véhicule l’idée de rester fidèle à soi-même. De faire les choses comme on l’entend. Sans penser à comment le public va les percevoir.

L’indépendance est donc très importante dans ta manière de faire de la musique…

Oui, elle est très importante. Jusqu’à mes 25 ans je ne savais pas trop ce que je recherchais vraiment. Je copiais les autres, j’apprenais, je m’inspirais trop des autres.

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Puis j’ai compris que la chose la plus importante est au contraire de rester fidèle à soi-même. Que pour faire de la musique il faut être honnête pour que ça marche, en s’émancipant des tendances et de ce que font les autres. Si tu es focus sur toi, tu peux continuer toute la vie.  

Dans tes quatre albums il y a des sons très dansants, qui se prêtent au club. Dans ton dernier en revanche on sent quelque chose de plus posé. Pourquoi ce changement ?

Honnêtement je ne sais pas pourquoi je suis passé à ce style. Je fais vraiment les choses comme je les sens. J’ai commencé en faisant de la musique de club, puis j’ai commencé à faire de plus en plus de concerts et j’ai un peu dépassé cette inspiration purement « clubbing ». Maintenant je préfère rester chez moi, alors spontanément je pense plus à des sonorités qui vont me plaire au réveil ou quand je suis tranquille dans mon appartement.

Tu préfères le matin donc ? Pourtant on n’y est pas trop là… [Dinamarca joue aux alentours de 2h du matin]

Oui en réalité je préfère le matin. Ce soir je vais vous faire dormir (rire). Disons que j’aime les musiques sensuelles, introspectives. Les gens me disent qu’avec ces musiques on plonge à l’intérieur de soi. On médite presque.

Ce sont des sons composés plus pour s’embrasser que pour se déchaîner. Pour se dire des mots d’amour.

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