Bien s’informer, c’est important mais ça demande du temps. Alors chaque lundi, la rédaction de Manifesto XXI vous présente sa revue de presse pour bien commencer la semaine. Dedans, retrouvez des infos essentielles, des enquêtes marquantes, des débats, des images fortes, des actus queers et féministes…
Alors que Thomas Pesquet s’envole à nouveau pour l’espace, l’épidémie de Covid n’en finit plus sur Terre. L’apparition d’un nouveau variant en Inde vient jeter une ombre sur l’arrivée du printemps… Mais cela ne suffit pas arrêter le cour de la justice américaine qui vient de se prononcer sur le cas de Derek Chauvin, le policier qui a assassiné George Floyd, ou les dénonciations de harcèlement dans le monde de la télé-réalité et de l’édition en France.
Publiée la journée de la visibilité lesbienne, cette revue de presse fait aussi un focus sur l’identité fem avec une recommandation de lecture et un documentaire.
La semaine en bref
Derek Chauvin – Il y a presque un an, George Floyd décédait suite à une interpellation policière, déclenchant une vague de mobilisation inédite aux Etats-Unis et à travers le monde. Derek Chauvin, le policier qui a maintenu son genou sur le cou de l’Afro-Américain pendant 10 minutes, a été jugé au tribunal de Minneapolis et reconnu coupable de meutre mardi 20 avril. Cette décision historique arrive dans un contexte où l’Amérique est toujours profondément divisée comme l’explique cet article de The Conversation. La peine du policier sera rendue publique le 16 juin. Sur VICE US, l’autrice Nylah Burton rappelle que la lutte contre les violences policières ne peut dépendre que d’une mobilisation numérique et de l’utilisation de hashtags. Elle liste les actions que l’on peut continuer d’initier pour dénoncer la brutalité des forces de l’ordre.
Angels In Dubai – Plusieurs fois critiquée pour sa misogynie et sa violence, ce sont d’anciennes candidates qui cette fois lancent l’alerte sur l’émission Les Anges de la Télé-Réalité. En cause : la production de l’émission qui alimenterait le harcèlement des candidats les plus fragiles et ne reculerait devant aucune entorse au droit du travail pour obtenir des images. Pour mieux comprendre, la militante Lucie Otto-Bruc propose une résumé très complet de l’affaire dans ses stories Instagram. A lire aussi sur Twitter, ce thread de l’autrice Valérie Rey-Robert.
Dans la tête de Lola – Plus qu’un simple fait divers, l’affaire de l’enlèvement de la petite Mia Montemaggi révèle un réseau de complotistes d’extrême droite n’hésitant pas à monter des commandos pour « récupérer des enfants kidnappés par l’Etat ». Mais derrière ce groupuscule, se cache l’ombre de Lola, la mère de la petite. Qui est-elle et comment a-t-elle pu tomber sur ce réseau ? Arrêt sur Images revient sur l’affaire, d’après une analyse de la militante anti-fasciste Nadia Meziane.
La révolte des pagnes – Le coup d’État militaire du 1er février en Birmanie a écarté la dirigeante Aung San Suu Kyi du pouvoir et a symbolisé un retour à l’autoritarisme. Depuis des mois, un mouvement de résistance et de désobéissance civile fait face aux forces armées de la Tatmadaw. Pour tenter de ralentir sa répression, de nombreuses femmes ont redoublé d’inventivité en suspendant leurs pagnes appelés htamain dans l’espace public, certaines allant jusqu’à accrocher des serviettes hygiéniques à l’effigie du dirigeant de la junte. Traditionnellement, passer sous des vêtements féminins serait porteur de mauvaise augure et affaiblirait le pouvoir des hommes. Avec humour et créativité, les femmes birmanes s’inscrivent une nouvelle fois dans la lutte politique de leur pays, pour la démocratie.
Maisons d’éditions – Chez Cheek, la journaliste Myriam Levain s’intéresse à l’émergence de maisons d’édition à l’opposé des mastodontes germanopratins. A l’instar de Face Caché, co-fondé par la critique rap Ouafa Mameche en 2015, de nouvelles maisons veulent raconter les histoires de la France toute sa diversité : Bande Organisée, Hors d’Atteinte, la collection La Grenade lancée par Lattès viennent agrandir le petit cercle des ambitieux·ses littéraires. Comme le dit la Booktubeuse Christiane Tran : « Les histoires qui concernent les minorités ne sont pas une niche, elles intéressent tout le monde, et permettent au contraire de se débarrasser de ses préjugés en découvrant d’autres univers.«
Harcèlement en Chine – La vidéo d’une employée de l’administration chinoise frappant son patron à l’aide d’une serpillère, après avoir été harcelée par texto, a été visionnée des millions de fois. Le geste parait plutôt risible mais il souligne l’ampleur du harcèlement sexuel dans des cadres professionnels où la parole des victimes est largement cadenassée. Si l’homme a été licencié, les officiels chinois ont tout de même affirmés que la jeune femme était atteinte d’une « forme non spécifiée de maladie mentale ». Les images circulent vite mais les mentalités se déconstruisent beaucoup plus lentement.
Porcs sur Youtube – Alors que son nom est évoqué depuis le fameux scandale #BalanceTonYoutubeur, Norman Thavaud (Norman fait des vidéos) poursuit sa carrière sans embûches et nous a même gratifié d’un spectacle hilarant (non). Heureusement ses victimes n’ont rien lâché et Urbania a sorti une grande enquête cette semaine, qui révèle la manipulation et le harcèlement sexuel que Norman Thavaud a fait subir à de jeunes fans mineures pendant des mois.
Metoo dans l’édition – Stéphane Marsan, patron de la maison d’édition Bargelonne spécialisée dans la littérature de l’imaginaire est visé par de nombreux témoignages dénonçant ses abus de pouvoir. Qu’elles soient autrices, éditrices, traductrices ou stagiaires, une vingtaine de femmes dénoncent des remarques et gestes déplacés, des opportunités conditionnées à un rapport de séduction dans un contexte d’omerta. En osant poser leurs limites face à cette figure économique et communicationnelle, elles ont douté de leurs talents, perdu de l’argent, démissionné, été licenciées ou blacklistées. Le monde de l’édition n’échappe visiblement pas au sexisme systématique même lorsqu’il s’agit de réinventer nos imaginaires. Une enquête à lire sur Mediapart, signée Ellen Salvi.
Décès – Dimanche 25 avril, on a appris le décès d’Albert Elbaz, designer qui a notamment marqué l’histoire de la maison Lanvin pour laquelle il a œuvré durant 14 ans. Il est décédé des suites du Covid, à l’âge de 59 ans seulement, RIP.
Suicide des soignants – Depuis le début de l’année, 5 internes en médecine se sont suicidés. Dans Liberation, on peut lire le témoignage déchirant de la mère d’Elise, 24 ans, décédée : «Elle est morte d’épuisement professionnel. Elle travaillait 80 heures par semaine, a-t-elle dit à l’AFP. Après ce drame, nous avons découvert l’horreur de la situation des étudiants en médecine et l’absence totale de dispositifs de prévention.»
La semaine en images
Départ de Thomas Pesquet dans l’espace – Vendredi, Thomas Pesquet prenait son envol pour la station spatiale internationale (ISS) à bord de la capsule d’Elon Musk, Crew Dragon. Avant son départ (réussi), nous avons pu voir sur Twitter une photo postée par Anne Monnet, compagne de l’astronaute, se faisant les adieux.
8 ans du Mariage pour tous – Le 23 avril 2013 était adopté le projet de loi permettant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Pour célébrer cet anniversaire, ci-dessous les propos tenus par Christiane Taubira il y a huit ans.
Couverture Valentino – Une nymphe androgyne sort nue de l’eau avec un sac Valentino. Quoi de plus simple pour une publicité ? Rien de choquant au premier abord, sauf pour celles et ceux habitué.e.s à voir une femme et à la place d’un homme. Cette image de la griffe italienne a suscité un flot de commentaires homophobes. Comme quoi, il en faut peu même en 2021…
36 quai des Orfèvres – Avril 2014, des policiers violent une touriste canadienne, Emily Spanton. Le 31 janvier 2019, la justice donne raison à Emily Spanton. La justice est une chose, mais les traumatismes restent présents. C’était il y a sept ans.
Marche lesbienne – Dimanche 25 avril avait lieu la première Dyke March depuis 30 ans dans la capitale. Les messages drôles et politiques des pancartes ont inondé Internet, mais voici tout de même une de nos images préférées…
Buttes-Chaumont – Dimanche toujours, une fête sauvage a eu lieu dans le parc du XIXe arrondissement. Les images ont suscité de vives réactions sur Twitter, les faits n’ont semble-t-il pas encore été commentés par des membres du gouvernement…
Cultures queer et transféministes
Bi pop – Sur Youtube, Docteur Pralinus nous livre une analyse piquante de la période emo queer de la pop française du début des années 2000. Flashback sur nos années lycée, où les clips regardés sur la 17 ont éveillé des sensibilités LGBT avec des déluges de eye-liner noir, de pétales de roses et d’accords de guitare électriques saturés… mais sans que rien ne soit jamais explicitement revendiqué. Attention, vous risquez d’avoir Mozart l’Opéra rock ou Superbus en tête après.
Bad bitches de la musique – Gender Games, maison d’édition de jeux de société féministe, présente son nouveau projet : comme son nom l’indique « Bad bitches only – Music Edition » est la version dédiée aux artistes musique de leur jeu de carte destiné à faire connaître les figures féminines et queer puissantes. Le crowdfunding se termine bientôt, hurry up pour soutenir cette édition !
Safia Nolin, une critique médiatique – La liberté d’expression ou liberté d’oppression ? Safia Nolin répond à cette question dans une vidéo publiée cette semaine sur son compte Facebook. Elle explique ainsi son éloignement des réseaux sociaux. En effet, l’artiste québécoise exprime son mal être face à l’afflux de propos mal-intentionnés à son encontre. Selon elle, le problème remonte à la médiatisation, certains médias, sous couvert de « liberté d’expression », alimentent la haine à son égard, comme à celui d’autres personnes, créant un effet boule de neige. On vous laisse l’écouter.
FEMpower – Sur le site de Barbieturix, Delphine Montera explique comment elle s’est réconciliée avec la féminité via le queer. Elle raconte comment d’une norme fémine hétéro cis genre qui la fascinait en étant inacessible, elle a petit à petit construit son identité fem permet d’inclure toute une iconographie d’empouvoirment dans les identtiés queer. Elle raconte, la lenteur de ce processus pour une jeune femme qui s’est d’abord construire comme grosse, puis découverte lesbienne et neuroatypique : “Il faut du temps pour accepter son identité et son apparence tant il y a une violence du contrôle de nos corps par les normes et aucun espace où nos corps nous appartiennent et peuvent rencontrer nos désirs.” On vous conseille aussi de suivre son travail pour la réalisation d’un documentaire sur l’autisme avec un angle féministe et queer, @autistequeer_le_docu.
Le documentaire : Sorcière Lisa
Pour filer la réflexion sur la féminité queer, on vous recommande la nouvelle série de la réalisatrice Camille Ducellier, Sorcière Lisa. Avec ces 8 épisodes de 8 minutes, vous plongez dans la vie et les pensées de Lisa, tarologue de 26 ans, strip-teaseuse gouine et fièrement marseillaise. L’animation et la mise en scène de cette mini-série sublime chaque facette de la personnalité de cette figure haute en couleur. A voir sur France.tv.
Sélection et rédaction : Albane Barrau, Apolline Bazin, Salvade Castera, Anouk Durocher
Image à la Une : © Luki Fair
Loi Sécurité globale, asexualité, Wikipedia : Revue de presse #12