Entre chanson française et hardcore, il n’y a qu’un pas. Tout du moins c’est ce que le groupe Gargäntua, tente de nous prouver avec ses chansons.
Duo hybride formé par J4N D4RK et GOD3FROY, Gargäntua est habité par une poésie, une mélancolie brutale, et un certain humanisme sur fond de grosses basses. A la croisée de tout, le groupe nous a parlé de leur vision de la musique et de leur références. Attention ça risque de secouer.
Manifesto XXI : C’est quoi Gargäntua ? Vous êtes deux sur ce projet J4N D4RK et GOD3FROY, qui êtes-vous ?
J4N D4RK et GOD3FROY : Depuis 2012 on fait un peu de musique, avec des projets et puis en 2015 on s’est décidé à monter Gargäntua. On est un duo de chanson électro. Le projet a commencé en 2015 après quelques années d’expérimentations musicales. Dans Gargäntua, J4N D4RK chante et GOD3FROY est aux machines, mais nous écrivons et composons ensemble.
Pourquoi Gargäntua ?
C’est en étudiant ensemble l’oeuvre de Rabelais que « Gargäntua » s’est imposé pour ce projet. C’est une oeuvre riche, qui véhicule des idées très sérieuses derrière un enrobage de farce vulgaire et sanglante.
Dans son préface, Rabelais compare Gargantua à un os à moelle. Il explique qu’il faut être capable de “briser l’os” (celui de la vulgarité et de la violence) pour en extraire la “substantifique moelle”.
On s’est immédiatement reconnu dans sa façon de faire passer les idées humanistes de l’époque.
Notre os, c’est la techno et notre moelle c’est nos textes, et les thèmes durs qui y sont parfois abordés.
Originaires d’Orléans avant Paris, vous faisiez quoi là-bas ?
C’est d’Orléans que tout est parti. C’est là qu’on s’est rencontré et qu’on a commencé à faire de la musique ensemble. On s’emmerdait complètement et avec un groupe d’amis (comme Jeune Faune, Mo Luv ou Abbrumer), on a investi un lieu associatif qui s’appelait le Chiendent.
C’était une sorte de bar anarchiste et libertaire qui a brûlé, puis ré-ouvert. Quand le lieu était fermé, n’importe qui pouvait choper les clés et ouvrir le lieu. C’est là qu’on a organisé nos premières soirées et fait nos premiers Dj sets. C’était un peu notre Abbaye de Thélème (ndlr : que Gargantua offre à un moine complètement cinglé et dont la seule règle est « Fay ce que Vouldras », « Fais ce que tu veux. »)
Pourquoi ce tréma sur Gargäntua ?
Parce qu’on a tous les deux un passé à l’étranger (J4N D4RK au Maroc/Roumanie, GOD3FROY en Allemagne) et qu’on s’est construit avec des musiques venant du monde entier. Le tréma symbolise cette ouverture et nous distingue du personnage de Rabelais
Inclassable, quelle étiquette peut-on mettre sur Gargäntua ? Comment décrire Gargäntua à un néophyte ?
Par défaut, on va appeler ça de la chanson techno, de la chanson française sur de la musique électronique. C’est un croisement de tellement de choses que c’est difficile de mettre une étiquette. Un mélange de musique électronique (hardcore, trance, etc.) mélangé à du texte déprimé, ou non, mais en français dans tous les cas.
Quelques mots sur vos clips ? Certains sont en couleurs, d’autres en noir et blanc, comment les pensez-vous ?
Les clips en couleurs datent d’une période où notre démarche visuelle était différente et où l’accent était plus mis sur l’humour.
Guérand de Holy Bottom, qui a réalisé Twist, nous a beaucoup appris, ce qui nous a permis par la suite de faire les choses par nous-même. Il a aussi travaillé avec nous sur Le Démon du Bord de Mer (avec Lucas Levon et Pierre Le Disque Jockey). C’était un week-end de tempête en Bretagne, les vagues étaient gigantesques… On a eu quelques frayeurs !
« Ne Me Quitte Pas » est le premier clip que nous avons fait en équipe complète et dans des “vraies” conditions de tournage. C’était très intense mais le résultat nous a convaincu que nous étions capable de monter la barre d’un cran supplémentaire. Nous avons donc réalisé et tourné «Mohammed je t’aime» qui sortira le 7 juillet, à la fin de la semaine.
On vous retrouve où prochainement ?
À Bordeaux, le 14 juillet ! Nous fêterons la fête nationale au café pompier aux côtés de Team Chien.
Article : Clothes Barbie