Elle nous avait déjà réveillés doucement mais sûrement avec son clip pour « African Melancholia », où l’on suivait la course hypnotique d’un migrant. Elle revient avec une seconde vidéo pour « Butterfly », quelques heures avant la sortie de son premier album Crave. Léonie Pernet et ses sorties sont à l’image du disque : précises et puissantes. Avec « Butterfly », réalisé par Marco Dos Santos, si le son est toujours aussi fort, la course se déplace cette fois sur le dancefloor. Les corps s’entremêlent, contrastés, uniques, sur un beat entraînant vers l’obscurité de la nuit. Ils se confondent progressivement, pressés par l’urgence.
Ce titre, irrésistible passerelle qui donne envie d’écouter l’album Crave en entier, est représentatif de l’univers contrasté de l’artiste. Elle nous offre douze titres superbement construits, comme une odyssée progressive qui laisse la part belle aux pérégrinations instrumentales, comme autant de pauses dans l’intensité sombre qui parcourt l’album. Léonie Pernet fait dialoguer les langues avec la rythmique. Sa voix rêveuse enjôle de ses nappes enveloppantes, douces et réconfortantes.
Un album écrit sous le signe du contraste : la noirceur de ses compositions caresse pourtant nos oreilles d’une étreinte profonde. On y entend l’étouffement et la solitude s’immiscer avec délicatesse au fil des titres, pour laisser par éclats exploser l’âme de l’artiste. La richesse des textures ne s’explique que par le talent. Le voyage n’en est que plus agréable, à l’image des multiples émotions provoquées par l’écoute. Invitation dans les entrailles d’un monde en soi : c’est la faim et le désir qui naîtra à l’écoute de ce premier album qui a tout d’un grand.