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Cosmopolis #1. Une nouvelle génération d’arte povera ?

Cosmopolis #1. Une nouvelle génération d’arte povera ?

La première édition de Cosmopolis réunit quatorze collectifs d’artistes et plusieurs dizaines d’intervenants internationaux dans une manifestation vivante au carrefour de l’art et de l’actualité politique et sociale. La nouvelle génération d’artistes exposée au Centre Pompidou pourrait être héritière de ce mouvement contestataire et poétique né en Italie à la fin des années 1960.

© CentrePompidou

Un café se sirote devant la vitre du musée recouverte de mots jaunes et blancs. Un archipel de projets réactivés ou commandés pour l’occasion se laisse explorer. Les sons des sirènes venues des quatre coins du monde vibrent successivement ou à l’unisson. Dans l’espace de la Galerie 3, les cimaises se répondent bien qu’elles usent de langages différents. Les collectifs invités, issus de douze pays majoritairement situés en Asie, en Afrique et en Amérique latine, abordent chacun à leur manière les questions brûlantes que nous posent nos sociétés interdépendantes. Comme autant de balises situées sur les chemins de traverses que tracent les artistes, les projets nous guident vers de nouvelles manières de penser les migrations, les identités culturelles urbaines et postcoloniales, les forces de résistance des minorités ainsi que la création et le partage des savoirs.

© DR. Arquitectura Expandida / Ateliers Médicis

Alors, où se trouve l’art contemporain ? Ici, pas de tissu posé au sol avec une négligence sophistiquée, pas de texte-néon, rien de miniature ou de monumental mais un vocabulaire formel hérétoclite emprunté à différentes disciplines : cartographies réelles ou fantasmées (Foundland Collective, Iconoclasistas, Chto Delat et Ruangrupa), vidéos entre film d’auteur et documentaire (Chto Delat, The Tentative Collective et Invisible Borders), journaux imprimés ou manuscrits (Chimurenga et PorEstosDías), installations incluant du mobilier (Art Labor, Arquitectura Expandida, Polit-Sheer-Form Office), photographies et peinture (Mixrice), lithographies (Council), espace de dialogue et d’ateliers (Laagencia).

© Laurent Atlan

Loin des clichés d’un art institutionnalisé et loin du monde, une autre manière d’opérer (du latin operare issu de opus, “oeuvre”) s’expose. Les quatorze projets, ancrés dans des contextes géopolitiques et sociaux singuliers, se rapprocheraient de l’arte povera, attitude militante fondée sur le mode révolutionnaire, nomade et insaisissable, centrée sur le processus afin de résister à toute tentative d’appropriation.

Laagencia, un des collectifs les plus présents au sein de Cosmopolis #1, incarne peut-être plus que tout autre l’esprit de la manifestation. Fondé en 2010 en Colombie, il invente et expérimente différentes méthodologies de travail pour toutes sortes de projets ou programmes collaboratifs. En résidence au Centre Pompidou pendant deux mois, il travaille  dans un espace situé au sein même de l’exposition à l’évolution de son installation et de ses ateliers.

© CentrePompidou

Chaque semaine, deux nouvelles questions sont imprimées sur autant de panneaux longs : Quel musée inventeriez-vous ? Quelles sont les limites de l’hospitalité ? Que voulez-vous désapprendre ? Comment se manifeste l’intelligence collective ? Les visiteurs qui le souhaitent peuvent y répondre en écrivant sur les post-it colorés laissés à disposition. De petits carrés jaunes et roses s’agglutinent ainsi progressivement sous des banderoles, formant la matière première utilisée pendant les ateliers (entrée libre, sans réservation). Tous les dimanches, ces derniers proposent de nouveaux contextes d’échange mobilisant la parole et l’écoute de chacun à travers l’invention d’une cartographie ou d’un graphique, des actions physiques, une lecture de tarot… Une traduction simultanée en trois langues – français, anglais et espagnol – s’adresse au plus grand nombre.

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Fruit de la circulation des idées, des techniques, des produits et des populations, Cosmopolis #1 interroge la définition des identités et des champs disciplinaires. L’exposition Intelligence collective : circulations et sa programmation de conférences, concerts et ateliers dévoile pendant deux mois plusieurs facettes d’un certain cosmopolitisme contemporain. Vous avez jusqu’au 18 décembre prochain pour y faire un tour !

Le programme de la manifestation est disponible en ligne ici.

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