Constance Chlore, projet solo à la batterie qui tape dans l’electro body music, est l’un des projets qui constituent le label Simple Music Experience derrière lequel se cache aussi l’un de ses fondateurs.
Également membre du groupe Violent quand on aime, il fait partie de la nébuleuse d’une scène bordelaise en pleine activité, bien loin de la Belle Endormie habituellement décrite. Très difficilement saisissable sur les réseaux, distillant ses morceaux minimalistes, poétiques et doucement sombres, hybrides et proches du synth-punk : Constance Chlore cache un artiste agréablement DIY. Il répond à quelques-unes de nos questions.
Manifesto XXI – Tu as créé ton label Simple Music Experience. Est-ce que tu peux nous en parler ?
Constance Chlore : Quand on était à Bordeaux on était une nébuleuse d’une dizaine de personnes et on a commencé par faire une compile. Ça a mis du temps à se créer et maintenant on fonctionne moins à l’arrache, on s’envoie des trucs qu’on se propose. On produit des gens qu’on connait, de notre bande. C’est pas un label où on va digger des gens sur Soundcloud.
Ça a commencé quand ?
La première compile date de 2015. On est assez mous mais au moins on prend pas des décisions à l’arrache. C’est kiffant d’être à plusieurs, tu peux plus faire refléter un truc de groupe.
Ton projet est solo. Tu fais tout tout seul ?
Oui je suis complètement solo. J’ai commencé Constance Chlore quand Black Bug s’est arrêté. J’y ai joué dans la dernière année il y a environ trois ans, on avait fait quelques petites tournées et je trouvais ça bien cool mais Johan en avait marre de faire du punk et moi j’ai voulu continuer dans cette veine-là.
Quel est ton processus créatif, comment conçois-tu l’architecture sonore ?
Quand j’ai voulu commencer à faire un live, je me suis mis dans un local de répèt’, j’ai fait des boucles de synthé de basses sur lesquelles je jouais de la batterie. Après je me suis bricolé ce petit micro qui m’a permis de pouvoir chanter, jouer de la batterie et me caler sur une ligne de basse en même temps. J’ai commencé à faire plusieurs séquences pour que les morceaux soient construits comme des chansons et non comme des loops à l’infini. Ensuite je rajoute pas mal de couches de synthé qui sont samplées et que je fais chez moi.
À la base c’était ultra roots puis j’ai pas mal étoffé les morceaux. Pour faire les enregistrements il n’y avait que la batterie, c’était ennuyeux et j’en ai méga chié. J’ai enregistré ultra-vite avec Arthur de JC Satàn parce qu’il avait plein de matos. C’était cool, on a enregistré de bonnes prises batterie qui me servent de base depuis maintenant deux ans.
Tu aimerais jouer avec d’autres musiciens ?
S’il y a bien un concept à ce projet-là c’est que je sois tout seul. Après je ferais bien d’autres groupes avec d’autres gens.
Tu as d’autres projets que ce que tu produis avec Simple Music Experience ?
À la base mon projet solo c’était Panoptique, j’avais sorti un disque il y a quelques années sur Antinote. Le dernier truc que j’ai fait c’est une cassette sur Lost Dogs, le label de Bob Vé. Mon projet le plus récent c’est Succhiamo que je joue avec Paula de JC Satàn, et je suis bien content de faire de la synth-pop. Ça c’est les deux trucs qui sont sortis sur Antinote et après j’ai fait des petits edits avec Panoptique, des petites sorties à droite à gauche mais j’ai jamais fait d’album. (un 7 titres de Panoptique est sorti cette année chez Macadam Mambo, ndlr)
Tu as envie d’en faire un ?
Ouais avec Constance Chlore j’ai l’impression d’avoir fini une sorte de petit album. C’est un exercice intéressant et c’est pour ça que j’ai pris mon temps. J’avais jamais travaillé comme ça ; quand je faisais de la musique tout seul c’étaient des jams enregistrées à l’arrache en deux pistes que je retouchais à peine. Ce qui est cool en soi : tu te mets à faire ça pendant des heures et tu réfléchis pas vraiment à ce que tu veux faire. Du coup oui j’aimerais bien faire plus d’albums. Avec Succhiamo on a sorti une sorte de maxi dont on est contents.
Tu n’as pas de clip. C’est un choix ?
J’aimerais bien en faire mais je ne prends pas trop le temps ; et comme on est plutôt du genre à tout faire nous-mêmes on se dit pas forcément qu’on va contacter des gens pour le faire mais dans l’idée je serais vraiment chaud. Il faudrait que je connaisse la personne.
Tu as des influences musicales ou non musicales ?
On m’a souvent parlé de D.A.F., mais j’avoue qu’au début je ne connaissais pas ; ma référence c’était Black Bug.
J’ai récupéré des cassettes de mon père des années 80 qui sont vraiment incroyables. Cette culture cassette ça me fascine parce qu’étant donné que tu n’avais pas Internet et que tous les échanges se faisaient par courrier, ça a donné naissance à des espèces d’univers de dingue à base de petites compiles dans lesquelles tu trouves toujours des perles. Pour Simple Music Experience c’est un peu l’idée de faire une sorte de label cassette à l’ancienne. En France aujourd’hui il n’y a pas vraiment de label qui fonctionne de cette manière-là.
Ça vous a influencés ?
Oui je pense, sans vraiment qu’on y réfléchisse. J’aime bien penser que c’est un peu l’héritage de ça, de faire des compiles où tu as tous les styles de musiques, que de gens qu’on connaît ou qu’on a croisés sur la route. Ça ce serait peut-être mes références : Ptôse, qui étaient toujours dans un entre-deux. Dans leurs compiles tu avais du Hypnobeat donc des trucs vraiment proto acide méga électronique comme des trucs complètement expé et noise. Toute cette scène-là de Niort, Tours, des années 80.
C’est peut-être un peu obsolète de parler de genre mais tu te définirais plutôt garage ?
Je ne dirais pas trop garage mais peut-être croisement EBM et synth-punk. C’est pas si compliqué comme question, on dit toujours que c’est nul de mettre des étiquettes mais concrètement moi j’adore faire ça. Pour Constance Chlore il n’y a pas non plus douze mille instruments différents, c’est assez droit au but comme musique et facilement définissable je trouve. Parce que c’est pas un projet expérimental.