5 artistes pour dénoncer les violences faites aux femmes

Hier, 25 novembre, c’était la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Violence au singulier, elle a pourtant de très multiples formes, et vous avez dû entendre nos journalistes répéter les mêmes chiffres toute la journée : plus de 200 000 cas de violences conjugales par an en France, 53 000 femmes victimes de mutilations sexuelles, et 84 000 viols ou tentatives…

Mais les chiffres, c’est très abstrait, alors que la réalité est particulièrement sensible. Les violences physiques et sexuelles ne sont que la partie émergée d’une oppression beaucoup plus sourde qui structure notre société, entre autres à travers l’éducation, le travail mais aussi la culture, les médias et les images audiovisuelles et publicitaires qui nous entourent continuellement.

C’est avec la seconde vague féministe des années 1960-1970 que les artistes ont dénoncé plus ouvertement cette oppression dans leurs œuvres, souvent à travers des actions elles-mêmes violentes : en 1973, Ana Mendieta joue Rape Scene, traumatisée par le viol et le meurtre d’une camarade ; en 1975, Carolee Schneemann réalise Interior Scroll, performance durant laquelle, recouverte de boue, elle tire de son vagin un ruban de textes qu’elle lit en même temps au public, rapportant entre autres les remarques sexistes d’artistes bien connus et bien-pensants… Parce qu’elles se sont engagées entre autres sur ce terrain, les femmes artistes ont eu un rôle décisif dans le développement de l’art corporel, de la performance et de la représentation du corps dans les arts visuels.

Des violences physiques et sexuelles aux violences verbales et sociales, voilà des œuvres de femmes qui n’ont pas attendu le 25 novembre pour en parler.

Dans Unsterile Clinic (2015), Aida Silvestri présente différents types de mutilations sexuelles. Ayant fait une enquête approfondie au Royaume-Uni, ces visages, à la fois muets et criants, en livre une approche stylisée.

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© Aida Silvestri
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© Aida Silvestri
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© Aida Silvestri

Le documentaire comme art politique, c’est la pratique de Martina Bacigalupo, engagée pour les droits des femmes. Ishaka (2014) raconte les histoires de Burundaises bénéficiant de l’aide d’un programme de microcrédits. Le regard est tendre, à l’écoute. Elles ont toutes subi des violences : elles sont femmes.

Voir Aussi

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© Martina Bacigalupo
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© Martina Bacigalupo
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© Martina Bacigalupo

Entre magazines et dentelles, Ludovica Bastianini crée une identification aux victimes de mariages forcés dans In your place (2016). Une confrontation entre deux mondes totalement différents selon l’artiste. Pourtant, il émerge un parallèle critique avec la condition des femmes dans nos sociétés occidentales, le sexisme mal voilé des images publicitaires et de l’éducation des enfants.

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© Ludovica Bastianini
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© Ludovica Bastianini
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© Ludovica Bastianini

La violence imposée aux femmes trouve sa source dans un réseau dense de normes et de ramifications sociales, construit par un système politique hétéro-patriarcal. Cette violence sociale qui s’impose aux corps et aux esprits, Cornelia Eichhorn lui donne forme dans de nombreuses œuvres autour du corps féminin, dont les séries Jeux de force (2011), et Balance à peser apaisée (2014).

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© Cornelia Eichhorn
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© Cornelia Eichhorn
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© Cornelia Eichhorn

Pour finir sur une note militante, on ne résiste pas à nos artistes-activistes féministes préférées, les GUERRILLA GIRLS, groupe anonyme et masqué créé en 1985, et à leur dénonciation des hate speech contre les femmes dans Disturbing the peace (2009).

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