Son grain de voix singulier rend l’univers de Camille Jansen aussi éclectique que les titres de son dernier EP. Dans Louise, on se ballade au rythme de ses pensées parfois lasses, souvent désabusées, romantiques, à la folie toujours poétique… Les morceaux de la jeune chanteuse de 21 ans surprennent par leur polyvalence. Un bel avenir se dessine pour celle qui brille déjà sur les réseaux grâce à sa carrière de mannequin et qui vient s’ouvrir les portes de la scène musicale avec brio.
Lorsque la jeune chanteuse nous accueille dans son studio au cœur du Marais parisien, l’atmosphère est chaleureuse. Un soleil de plomb nappe la cour du jardin à l’italienne que partage Camille avec ses voisins. C’est « un coup de foudre, même s’ils subissent quelques soirées depuis la fin des confinements » s’amuse-t-elle. Un bâton d’encens parfume la pièce . Détendue, nature, et stylée, la décoration fait écho à sa personnalité : « Depuis que je suis revenue de Los Angeles il y un an, j’accorde beaucoup d’importance à mon chez moi. Surtout que j’y accueille du monde ! Mon intérieur c’est un cocon émotionnel » raconte-t-elle. Avec le clip de « Louise« , aux allures d’un « Video Games » de Lana Del Rey, Camille Jansen nous embarque sur un road trip à la Kerouac. Des plages de Los Angeles à la nostalgie des couchers de soleil labellisés Palm Spring, les morceaux de l’artiste sont emprunts d’un onirisme aérien. Les solos de synthés font écho à ceux des Pink Floyd, les paroles balancent entre journal intime et virée sauvage.
D’abord mannequin, puis youtubeuse, Camille Jansen maîtrise une image qu’elle parvient cependant à détacher de l’esthétique Insta filtrée et léchée à gogo qu’on a l’habitude de voir. « J’ai une relation saine avec les réseaux » explique-t-elle, « Pour moi, les haters, les commentaires négatifs, je n’y prête pas vraiment attention. Je préfère focus sur mes passions au lieu d’écouter les critiques, là c’est la musique. Qui m’aime me suive !” Car si sa communauté lui permet de vraiment assumer sa passion pour la musique, depuis son plus jeune âge, l’artiste se destine à une carrière dans la chanson. Le chant, elle le débute à ses 12 ans, alors timide et moquée par certains de ces camarades qui ne comprennent pas forcément les occupations de l’adolescente. Entre tuto, vidéo Youtube, guitare et riffs improvisés, Camille est une touche-à-tout. Au gré des années, elle traduit avec émotion ses ressentis :
J’ai commencé à écrire cet EP quand j’avais 18 ans, inspirée par l’ambiance de la vie et des personnes que j’ai rencontré à Los Angeles et à New York. J’ai passé les deux années suivantes à écrire et construire ce projet. Enregistré à Eagle Rock au nord-est de Los Angeles avec mon ami Sacha Rudy qui m’a aidé à produire et concrétiser mes idées, ce fut une expérience onirique.
Camille Jansen
« Blurry days » évoque ces jours où la morosité se dote d’une certaine beauté. Camille Jansen en dessine les traits par une voix suave posée sur une instrumentale folk. Une évasion sur fond de lyrics sentimentales qu’elle décrit ainsi : « J’ai voulu décrire ce flou émotionnel que l’on peut ressentir lorsque les jours se ressemblent et que l’on finit par ne plus vraiment savoir si l’on est lundi, samedi… J’étais à L.A depuis plusieurs mois, dans un entre-deux temporel et l’écriture m’a permis de reprendre confiance en moi. J’ai eu l’impression d’être prise dans une bulle aussi fois planante que déroutante. Un arrêt sur image.«
Pour son morceau en français « Je ne fais que rêver », la chanteuse livre ses démons intérieurs avec un peps qui rend plus légères les peines que l’on traverse. Pourquoi sommes-nous notre propre adversaire, qui sommes-nous… autant de questions universelles qu’elle dynamise sur une instru parfaite pour les fins d’après-midi estivales. Inspirée par des émois amoureux, des ruptures et des peines, Camille a déjà les thèmes de son prochain EP. Il sera moins introspectif, plus country, et même rock. Même si elle voit la vie au jour le jour, Camille Jansen voit loin : « Mon retour à Paris est une nouvelle étape. Je me sens plus épanouie que jamais, entourée de mes amis, de cette effervescence depuis les réouvertures, la culture. Maintenant c’est les clips et des concerts j’espère… » Nul doute qu’elle y arrivera.