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Rencontre avec Bicep, qui dévoilent un excellent premier album

Rencontre avec Bicep, qui dévoilent un excellent premier album

Bicep

L’excellent duo irlandais Bicep, propulsé à l’origine par le succès de leur blog Feelmybicep, a dévoilé récemment – et pour notre plus grand plaisir – son premier format album sur le réputé label Ninja Tune. Verdict : premier essai on ne peut plus réussi, avec un disque rempli de pépites instrumentales au croisement de multiples sous-genres de la grande famille des musiques électroniques. On se plait immédiatement à se perdre parmi les multiples strates de mélodies addictives, de rythmes hypnotiques et de textures élaborées. Prouvant leur habileté créative au-delà des exigences standards de la musique club, le duo a ici pris à coeur de déjouer la facilité, sans pour autant délaisser son sens aiguisé de l’efficacité.

Manifesto XXI – Vous avez déjà sorti de nombreux morceaux avant, mais c’est votre premier format album, pourquoi maintenant ?

On était dans une phase où on composait beaucoup de morceaux plus lents, plus expérimentaux, qui n’étaient pas forcément dédiés au clubbing, donc on avait besoin d’un nouveau format qui nous permette de donner une vision plus large de notre univers. Un EP de morceaux calmes aurait été ennuyeux, de même qu’album entier de morceaux club. On ne voulait pas se sentir restreints. L’idée de l’album, avec une oeuvre plus longue, et un côté plus conceptuel, nous plaisait bien.

En tout on a composé 60 morceaux, pour finalement en garder 12. On a essayé vraiment beaucoup de choses. C’était stressant et difficile de réaliser cet album, mais maintenant on envisage beaucoup mieux comment on pourra aborder le prochain album, mais aussi les prochains EPs, et le live.

Est-ce que vous aviez un fil rouge, un concept en tête pour cet album ?

Le mot d’ordre central était la liberté d’expérimentation. Au fur et à mesure du processus de composition de l’album, tu essaies de ne plus créer un morceau dans un but précis, mais de simplement créer des morceaux parce que tu les aimes.

Vous semblez plus guidés par la technologie que par des idées narratives ou des émotions ?

Les éléments émotionnels qu’on a en tête se traduisent par le biais de nos machines, et le temps qu’on passe à expérimenter dessus. Mais on est très inspirés par la technologie oui, on aime beaucoup fusionner anciennes et nouvelles technologies par exemple. 

Quel est votre background musical ?

On est des autodidactes, c’était de cette manière qu’on voulait apprendre la musique. Quand tu travailles en binôme en studio, c’est essentiel de se comprendre sur des notions théoriques, tu as besoin d’avoir des structures, mais on a appris par nous-mêmes, c’est tellement facile aujourd’hui avec Internet. Il y a des choses qu’on avait acquises spontanément et la théorie nous a permis ensuite de mettre des concepts dessus, et de gagner du temps sur certains points.

Pour cet album on est partis de beaucoup d’éléments basiques en musique, mais en essayant ensuite de les superposer, de les inverser… de ne jamais prendre la voie évidente qui se présente ensuite. C’est un autre niveau d’apprentissage.

Votre studio se situe à Londres ; à quoi ressemble-t-il ?

On l’a déménagé juste après l’album, mais au moment où on l’a composé c’était une assez grande pièce, avec beaucoup de matériel hardware. On a beaucoup travaillé pour que tous les éléments soient synchronisés ensemble, malgré les différences d’époques et de technologies, ça nous a demandé énormément de temps mais maintenant ça fonctionne, donc on peut jammer très facilement.

Bicep
© Ben Price

Vous fusionnez beaucoup de styles différents au sein de votre album, comment êtes-vous parvenus à ce résultat ?

Quand on était plus jeunes, on composait involontairement des tracks qui étaient très inspirées de choses qu’on venait d’entendre, c’est un passage inévitable pour apprendre. Mais maintenant, si on démarre une composition sur un élément basique, le prochain élément ne pourra pas être la première idée qui nous vient en tête. Il faut prendre un premier chemin, puis bifurquer.

Vous essayez toujours d’être innovants au regard de ce qui se passe dans l’actualité musicale autour de vous ?

Idéalement, oui. Ça fait dix ans qu’on fait de la musique, on ne pouvait pas se contenter de continuer à faire uniquement des choses faciles qui marchent en club, à un moment donné il faut pousser les choses plus loin. L’expérimentation sera certainement encore plus présente dans le prochain album.

Vous avez mixé vous-mêmes votre album ?

Oui, ça nous a pris quatre mois… Mais ça apporte une touche personnelle, ça aurait été différent si quelqu’un l’avait fait pour nous.

L’aventure de Bicep a commencé avec un blog de musique, Feelmybicep. Comment a démarré ce projet et que devient-il ?

Quand on l’a commencé il était assez difficile de trouver des morceaux rares sur internet, donc on chargeait des morceaux sur le site. Mais petit à petit c’est devenu très prenant, et on souhaitait se concentrer vraiment sur notre travail de studio, donc maintenant c’est plutôt du relais de mixes. On essaie de mettre en avant des jeunes producteurs/djs qu’on aime bien, c’est très rafraîchissant d’écouter ce qu’ils proposent.

Vous avez commencé le djing avant la production ?

Oui, plusieurs années avant de commencer à produire.

Et en ce moment vous jouez à la fois en live set et en dj set ?

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Oui.

Qu’est-ce que vous aimez jouer en dj set ces temps-ci ?

Des sons assez underground, beaucoup de techno, de la vieille techno… On aime beaucoup jouer des morceaux au mauvais tempo. Par exemple un morceau de vieille transe ralenti peut donner une sorte d’ambient techno cool.

On joue quand même essentiellement de la musique de club, du fait des types de créneaux qui nous sont proposés. Mais on aime qu’on nous propose de jouer des dimanches, ou l’après-midi, ça te permet de passer d’autres types de sons, d’expérimenter.

Bicep
© Ben Price

Votre live set est complètement écrit, ou il laisse une place à l’improvisation ?

On a une setlist pour l’ordre des morceaux, mais il y a aussi une place laissée à l’improvisation, au jam. Tu n’es pas en train de penser au mix, mais à l’atmosphère que tu crées, les possibilités d’action sont démultipliées par rapport au dj set, l’énergie est différente et c’est beaucoup plus stressant, c’est pour ça qu’on préfère cet exercice en ce moment.

Quelles sont d’après vous les principales différences entre la scène électronique anglaise et française ?

De notre expérience, le côté disco, funk, soul est très populaire en France, du fait de l’héritage de Daft Punk etc, en Angleterre aussi, mais d’autres scènes sont très importantes à côté, comme la scène bass music, grime, dark music, broken beats, garage… Il y a sans doute plus de sons trashy en Angleterre aussi.

Il y a de plus en plus de techno en France, mais sans inclusion de sons breakés, alors qu’en Angleterre si tu en glisses au milieu de ton set, les gens vont adorer.

On a aussi des styles assez différents en fonction des villes, et beaucoup de sous-genres, alors que la France est plus centralisée.

La France est sans doute plus traditionnelle, sur différents sujets d’ailleurs, ce qui est une bonne chose aussi, car elle fait certaines choses à la perfection !

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