On ne présente plus le collectif Barbi(e)turix, un des porte-étendard de la culture féminine et lesbienne en France. À l’occasion de la sortie de leur première compilation qui regroupe les artistes emblématiques de ses soirées (Wet For Me), nous avons rencontré Vale, Rag et Sophie. Comment s’est articulée la construction de ce projet, leur confiance totale envers ces musicien·ne·s, comment cristalliser plus de dix ans de line-up féminin et queer en une seule compil… Focus sur ce premier opus acclamé par la critique.
Manifesto XXI – Cela fait dix ans que Barbi(e)turix organise une des plus grandes soirées de Paris, la Wet. Sortir maintenant le premier volet de cette compilation relève d’une suite logique, ou d’un point d’orgue à ces dix années de fête ?
Vale : C’est bien de laisser une trace sonore des soirées.
Rag : C’est la suite logique. Avec toutes ces années de fêtes et programmations, tous.tes ces artistes qu’on a eu le privilège d’inviter, on voulait inscrire dans le dur et dans le numérique un reflet de notre travail. Et bien sûr mettre en avant cette scène queer, féministe et lesbienne dans laquelle s’inscrivent ces artistes !
Sophie : Rag est mieux placée pour répondre à cette question, mais pour moi, arrivée il y a 3 ou 4 ans, c’est une suite logique. Inspirée et portée par la formidable énergie du collectif.
On est fières de pouvoir proposer un tremplin à des artistes indé tout en mettant en avant une scène alternative.
Rag
On y retrouve 18 morceaux d’artistes qui ont tous.tes joué à la Wet, célèbre soirée du collectif Barbi(e)turix. Cette compilation est-elle un prolongement du concept, ou un support alternatif pour que ces artistes s’expriment ?
Rag : Les deux. On est fières de pouvoir proposer un tremplin à des artistes indé tout en mettant en avant une scène alternative.
Sophie : Vraiment les deux oui ! L’envie de faire des choses ensemble aussi, et de mettre ces artistes en avant. Je crois parler au nom de nous trois aussi en ajoutant que c’est également un délire de mélomanes/musiciennes/DJ passionnées dans un esprit DIY (do it yourself).
La palette est variée : on y retrouve des artistes pop comme Jeanne Added ou encore Hypen Hyphen, ainsi que des jeunes pousses de la scène émergente (Calling Marian ou Regina Demina). C’était crucial pour vous de rassembler ces deux scènes ?
Rag : Absolument. On a eu la chance d’avoir vu évoluer certaines artistes maintenant reconnues dans le métier et qui connaissent un grand succès. Ce sont des artistes que l’on suit depuis longtemps. Et il y a ces jeunes émergent.e.s en qui l’on croit beaucoup, qui connaitront je l’espère le même succès, who knows ! Le plus important pour nous étant de mettre tout le monde sur le même piédestal, l’objectif est de mettre en avant un esprit, une scène dont tous.tes pour moi font partie.
Vale : C’est aussi à l’image d’une solidarité entre les artistes.
Sophie : À l’image de l’esprit des soirées tout à fait.
C’est là toute la beauté de cette compilation, il y a des titres auxquels on ne s’attendait pas. Plus on recevait les tracks, plus on réalisait le travail fourni par les artistes, on allait de surprise en surprise.
Rag
Y avait-il une consigne ou un thème que les artistes devaient respecter lorsque vous leur avez parlé de Barbi(e)turix Vol. 1 ?
Vale : Non pas du tout ! Liberté !
Sophie : Nous avons laissé carte blanche, c’était difficile d’imposer quoique que ce soit (à part une contrainte de temps, ce qui n’est pas rien) à des artistes qui déjà ont bien voulu jouer le jeu. On est super reconnaissantes de cet acte de leur part, qui est évidemment une acte engagé – et mélomane. Certain.e.s artistes ont pris d’elles-même l’initiative de faire du sur-mesure, étant au parfum de l’esprit et du son des soirées.
Rag : Carte blanche ! Et c’est là toute la beauté de cette compilation, il y a des titres auxquels on ne s’attendait pas. Plus on recevait les tracks, plus on réalisait le travail fourni par les artistes, on allait de surprise en surprise. Là où on attendait un.e artiste sur un morceau techno coupé/décalé, elle nous proposait quelque chose de beaucoup plus lent et psyché. Et inversement ! Ce sont des artistes qui font du très bon travail, leur laisser carte blanche a été la meilleure idée qu’il soit !
Rebeka Warrior ouvre cette mixtape avec un remix de Flavien Berger et d’elle-même. Cette musicienne est active et engagée depuis de nombreuses années dans ce mouvement. N’est-ce pas un peu la marraine de ce rassemblement d’artistes ?
Sophie : Elle apparaît en premier dans le tracklisting… Est-ce un acte manqué ? Freud seul le sait.
Vale : C’est quelqu’un de modeste, je sais pas si elle accepterait ce terme. Faut lui demander !
Rag : Je ne sais pas. (rires) Si vous posez la question c’est que c’est peut-être inconsciemment le cas ! Après tout, elle le dit bien elle-même sur son Facebook, avec ce ton qui lui va si bien : « Je vous aime, mais un jour je mourrai et vous serez seul(e)s, MAMAN. »
Ce projet se nomme Barbi(e)turix Vol. 1. Vous pensez déjà aux volumes qui vont suivre ? Avez-vous des artistes en tête qui ne sont pas présent.e.s dans ce premier opus ?
Rag : On va déjà laisser passer cette première compilation !
Vale : On va voir déjà comment ça se passe, puis surprise.
Sophie : Secret mystère prolongations…
La release party de la compilation BBX#1 se déroulera le 19 octobre à la Station Gare des Mines.