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Balance ta PMA. L’instant Tahnee #2.

Balance ta PMA. L’instant Tahnee #2.

Comédienne et stand uppeuse aux multiples talents, Tahnee, l’autre, vous raconte les actualités et le monde d’aujourd’hui avec panache. Sur scène comme dans les « pages » de Manifesto, elle décrit notre quotidien entre contradictions, ras-le-bol et tout de même, quelques bribes d’espoir. 

Illustration : Garbo Iaciancio

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Je ne comprends pas pourquoi on s’intéresse tant à l’avis des évêques sur l’extension de la PMA (on a pas demandé aux bouchers ce qu’ils en pensaient ?!). J’ai posé la question à un prêtre sur Twitter, il m’a dit « et pourquoi pas ? ». C’était une belle répartie.

Est-ce qu’on imaginerait un jour un article de presse « Les lesbiennes de France donnent leurs avis en 100 pages sur le catéchisme » ?

Pourtant, on en trouverait des choses à dire ! Moi par exemple, j’ai reçu une éducation catholique, mais a posteriori ça me perturbe de savoir que je suis allée écouter, une fois par semaine et pendant plusieurs années, l’histoire d’un petit garçon apparu comme par magie dans une étable. Pardon, pas par magie, par Procréation Miraculeusement Assistée. Ça c’est l’autre PMA, celle qui passe ! On ne t’embête pas avec la « figure du père » si ton père est Dieu. Pas grave si concrètement tu ne le vois jamais, il existe et il t’aime, on te demande juste d’y croire.

Illustration Garbo laciancio

C’est la mode en ce moment de donner son avis, il y a d’ailleurs un mec marrant qui donne son avis sur les prénoms! Enfin lui il est un peu spécial, il veut juste que tout le monde s’appelle Corinne… me demande pas pourquoi.

En vérité, je trouve ça chouette qu’on puisse donner son avis, car j’ai plutôt un bon avis sur la liberté d’expression et la démocratie. Mais j’aimerais donner mon avis sur les avis qu’on sur-sollicite et qui nous brouillent la vue – ou la vie je sais plus, c’est flou.
Solliciter l’avis d’un évêque sur la PMA, honnêtement, c’est comme manger un Kinder Surprise : 1) c’est pas super sain, 2) y’a des chances pour que la surprise soit pas ouf. Quel intérêt, sinon énerver tout le monde ?

Alors tu me diras, énerver tout le monde, c’est globalement le jeu des médias. Ça vend moins quand t’interroges les évêques sur le glyphosate ! Mais est-ce qu’un jour on aura l’intelligence d’écouter d’autres avis (aussi/plus)* intéressants que l’Eglise sur ce sujet ?

Dans ma quête du bonheur et de l’apaisement des conflits, j’adorerais entendre l’avis des premières mamans-gouines. Celles qui se sont retroussé les manches (de leurs chemises à carreaux!) pour braver courageusement les procédures administratives afin de réaliser une PMA dans les pays où cela est possible. J’ai envie d’écouter le témoignage de la première « grand-mère PMA », la fois où elle était si heureuse qu’elle a lâché son déambulateur pour danser sur du t.A.T.u et qu’elle est partie s’acheter un dentier à paillettes (d’ailleurs, qui est chaud-e pour monter une start-up sur ce projet de dentiers ? Peuple queer, on va devenir vieux-vieilles un jour, si on veut avoir du swag plus tard faut anticiper). J’ai envie d’entendre l’avis des enfants né.e.s sous PMA, les récits de leurs premières fêtes d’anniversaire, les ballons en forme de licornes, les gâteaux arc-en-ciel, les fous rires! J’ai envie qu’on considère leur existence, que ces enfants puissent nous raconter, à heure de grande écoute, et avec des étoiles dans les yeux, la fois où la petite souris est passée et que leurs mamans leur ont donné leur première pièce de monnaie… ! Des histoires de familles banales, de familles radieuses.

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Je voudrais qu’on écoute davantage l’avis des femmes, l’avis des lesbiennes, l’avis des familles ayant vécu la PMA.

J’ai fait exprès de n’imaginer que des moments heureux mais je suis prête à écouter des histoires plus nuancées, des problèmes, que sais-je des doutes rencontrés…

Mais comme souvent c’est d’abord l’avis des dominants, des puissants, celles et ceux qui ne connaissent (parfois/souvent)* pas grand chose à la réalité de la vie sur laquelle ils s’expriment, qui priment, qui ont tous les gros titres et le micro tendu devant.

Bref, ces dernières semaines j’aurais voulu demander aux journalistes : quand est-ce qu’on arrête la malbouffe et qu’on se met autre chose que du Kinder sous la dent ?

*fais ton choix – raye la mention inutile – je veux pas avoir de problèmes

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