Les chansons de Bakel sont des « confessions irradiant un charisme tribal et boudeur ». Électro-pop, si on veut, mais seulement si la pop se déshabille en folk et que l’électro se dénude en deep house, jusqu’à parfois se retrouver dans le plus simple appareil de la techno minimale.
Le premier EP de Bakel, L’eau qui dort, est sorti en septembre 2018. La release avait lieu ce premier weekend de décembre, à Roubaix, Léonie Pernet et Sônge partageant la scène. Le 6 décembre, Bakel est à retrouver sur les planches des bars en Trans à Rennes, et il nous tarde.
Manifesto XXI : Pourquoi ce nom, Bakel ?
Bakel : C’est le nom du village du Sénégal où mon papi est né, près de la frontière avec le Mali.
Avec tes parents tu as beaucoup voyagé : au Togo, en Islande, en Albanie pour des missions, où vous faisiez avez défilés pour les réfugiés Kosovars, vous avez vécu dans le camp de réfugiés pendant deux mois, tu as aussi passé une partie de ton enfance en Inde… Tu portes cet héritage dans ta création ?
J’ai grandi dans une famille d’artistes, on vivait un peu en groupe, en meute. J’avais des parents qui avaient un look pas possible, qui venaient me chercher à l’école avec des crêtes rouges et des ensembles multicolores, ils voyageaient énormément… Mes parents faisaient des fêtes techno. Aujourd’hui je m’épanouis dans une musique qui est plus la mienne, plus folk et peut-être, si j’ose dire, plus « sensible ». J’ai commencé en guitare-voix. Ma dimension électro, je l’ai construite plus tard. Elle s’est imposée comme une empreinte de mon enfance qui est revenue quand j’ai voulu déployer mon identité musicale.
Bakel existe comme on la connait depuis un peu plus d’un an. Mais tu fais de la musique depuis bien plus longtemps. Et puis tu es une artiste multiple.
J’ai fait du piano et du chant au primaire, avec des horaires aménagés. J’ai fait un master de photo, de la philo… Et j’ai bifurqué, j’ai été prise dans le Brighton Institute of Modern Music.
Comment tu décrirais ta musique pour les gens qui ne la connaissent pas ?
De la chanson. J’aime croire que c’est de la chanson, c’est ce que j’aime.
C’est un projet de l’ordre de l’introspection, il y a quelque chose de très intime.
L’écriture, c’est vraiment l’essentiel pour moi. Mes textes abordent des sujets plutôt universels, les thèmes de rupture, d’échec et d’ego. Et cette dimension intime est libératrice.
En grandissant j’ai appris à me sentir femme tout en gardant précieusement cette part de masculinité. Et la musique m’aide à sortir de mon introversion.
Tu trouves que les qualificatifs « tomboy timide » te siéent particulièrement.
C’est directement lié à mon enfance. J’étais une gamine extrêmement introvertie, timide maladive – au grand désespoir de mes parents. Quand j’avais 5 ans, j’avais des cheveux longs et très bouclés. Un enfer à coiffer. Du coup, ni une ni deux, ma mère m’a rasé la tête. J’étais devenu un petit garçon donc. On ne me prenait jamais pour une fille – et ça j’aimais plutôt bien.
Mais j’étais assez moquée, très mal dans ma peau, j’ai mis énormément de temps à devenir quelqu’un, à assumer ma personnalité, à sortir de ce carcan et à me construire. Ensuite il a fallut se prendre un tout petit peu au sérieux et ça a été une nouvelle étape. Romain Gary disait : « C’est comme quelque chose qu’on aurait enfermé à l’intérieur de moi. »
En grandissant j’ai appris à me sentir femme tout en gardant précieusement cette part de masculinité. Et la musique m’aide à sortir de mon introversion.
Seule à la compo, seule sur scène ?
J’écris, je compose, et je produis. Le texte c’est ce que je préfère, je veux bien ne pas faire le reste sur scène ! Les musiciens rendent la scène vivante et organique. J’ai commencé en guitare-voix, je voulais faire du folk mais ce n’était pas la musique qui m’allait. Pour l’instant nous sommes deux.
En français. Instinctivement ?
Depuis que je suis petite on parle anglais autour de moi. À Brighton, tout le monde chantait en anglais. Mes amis aimaient quand je chantais en français. Moi, pas spécialement au début, et puis je me suis prise au jeu.
C’est plus de l’ordre de la confession en français. En anglais, on ne joue pas avec les mots, on creuse moins.
Tu as sorti ton premier EP, L’Eau qui dort. Parle-nous de ses cinq chansons.
J’ai passé beaucoup de temps à écrire, j’ai beaucoup composé, et j’avais beaucoup de morceaux. Cet EP, c’est une sélection dans un tout.
« Vertige », c’est évidemment un morceau pour mes parents. Quand tu te réveilles, que tu es adulte, mais que tu n’as pas envie de l’être.
« Étrangers » est un dialogue fantasmé autour de l’accueil, c’est un rêve. C’est le titre le plus ‘politisé’, même si ça reste quelque chose d’intime puisque je suis d’une famille issue de l’immigration. Nos grands-parents et ceux qui arrivent dans les radeaux aimeraient entendre ça. Mais la réalité à laquelle ils se frottent est bien différente. Aujourd’hui, les gens se trompent de colère. C’était évident d’aborder ce sujet pour moi, surtout en ce moment. At The-Orb you will find the latest casino news on everything related to gambling. Of course, we keep a close eye on the latest developments regarding the legalisation of online gambling in Australia.
« Elle se retourne », je l’ai écrite quand j’ai rencontré ma copine. C’est un coup de foudre : voir une personne de loin, l’appréhension et l’espoir de la recroiser dans une soirée.
« L’eau qui dort » c’est l’histoire d’une rupture, c’est le constat d’un échec.
« Le vent » est un morceau beaucoup plus personnel, qui parle d’une rupture inévitable qu’on voit venir tout en restant dans le déni. Quand la relation s’effrite. J’essaie pour la suite d’être plus frontale, mais j’aime les métaphores, même si je ne le fais pas toujours consciemment. Même quand les paroles me paraissent explicites, les gens y projettent d’autres histoires. Et ça me plaît.