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Bagarre. Le complot du cool est de retour

Bagarre. Le complot du cool est de retour

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Quand tu sors un single titré « Béton Armé » tu dois t’attendre à ce que l’humour décapant de Konbini et des Inrocks se déchaîne avec des titres à jeu de mot (si si, on en fait encore en 2017) comme « Bagarre revient avec un clip en ‘Béton armé’ » ou encore « Bagarre revient avec ‘Béton armé’, nouveau single plutôt solide ». Mais passons, là n’est pas la question.

Wow, quelle bonne grosse vague de cool ce nouveau titre, qui confirme une théorie plusieurs fois avancée par des organismes de recherche américains. Bagarre est le fruit d’un complot de multinationales utilisant le soft power de la musique indé pour toucher un public resté jusqu’ici inatteignable : les millennials éclairés. En quelques points, il s’agit d’illustrer le cas Bagarre, sur lequel se penchent désormais plusieurs experts marketing à travers le globe.

L’enjeu : comment Bagarre ont-ils réussi à réunir en un seul morceau de 3:30 pour bien passer à la radio, tout ce qui constitue le cool en 2017 ?

1. La critique de la mode est consubstantielle à la mode ( = qui critique la mode est à la mode)

Comme toujours, le quintet est ultra sapé en toute décontraction. Après les bleus de travail et l’outfit urban-chic made in Porte de Clignancourt feat. Adidas, c’est le costard années 70-80 qui refait surface avec un jeu de teintes primaires qui en jette pas mal. Peu importe la choré, n’importe quel geste devient efficace dans un tel accoutrement.

Mais, attention, en 2017 la mode c’est pas bien. On est en plein normcore, le moche n’a jamais été aussi beau, alors la sape c’est crucial mais qu’au service d’une critique viscérale du système. Il s’agit ici de faire disjoncter l’industrie de l’intérieur. Compris ?

Il est indéniable que ces jeunes personnes maîtrisent l’art subtile de l’influence. Vêtue de mon plus beau pull Adidas, j’ai déjà été traitée de « membre de Bagarre » en soirée. Le costard jaune fluo me paraît plus ardu à assumer, mais dans six mois j’en porterai sûrement un.

2. Le culte du crew à l’heure de la start up nation

De nos jours (superbe accroche de paragraphe, j’en conviens), on explique dans les écoles de commerce que le consommateur contemporain a besoin de se sentir accueilli dans une communauté pour développer un attachement au brand. Désormais privé d’idéologies collectives, il se raccroche aux marques comme jadis aux religions. C’est ainsi qu’Alexander Wang a monté son squad, dans lequel on ne comprend toujours pas pourquoi, ont atterri aussi les membres de Die Antwoord (sadness, le monde court à sa perte). Bref, taper la pose en gang façon Power Rangers ça fait vendre.

Une interview de Bagarre peut parfois tourner à la confrontation entre le groupe le plus populaire du lycée et le souffre-douleur qui ne pige pas que les Kickers c’est rédhibitoire.

Avec un charisme et un aplomb indéniables, la meute de jeunes loups semble constituer un seul et unique corps. On n’est pas loin de la guerre des clones, des X-men et des Avengers.

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Atout charme majeur : la bouille désillusionnée, légèrement blasée mais revancharde, typique des jeunes ayant grandi dans cette turbulente époque de crise. Les Bagarre ont des gueules, des gueules pas commodes et pas communes, ce qui les rend tous indéniablement sexy. Mais n’allons pas plus loin, ils sont forts, restons-en là.

La question demeure : Après les Pirouettes, Bagarre seraient-ils la nouvelle frontière de la start up sur scène ?

3. T’écoutes quoi ? J’écoute tout

Trap, électro, chanson française, un peu de dub au passage, tout y est. Pourquoi choisir quand on s’appelle Bagarre ? Bim bam boum, ils te font tout en un condensé à la durée radiophonique standard de 3:30. Et si les mots n’ont pas convaincu tout le monde, qu’importe ? Un texte est là pour servir un son, n’est-ce pas ? ‘Clic clic boum boum, je te fais des onomatopées et tu vas kiffer.’ Rythmique massive, tension et distorsion sonore, synthé insupportablement aigu, on attend l’explosion finale mettant un terme à la décadence ambiante.

Le tout, produit par le label le plus à la cool et chaleureux de Paname, Entreprise, maître de l’art subtil du second degré au premier degré.

4. Conclusion

Vous savez désormais quoi mettre dans votre GSM avant de partir raver dans une cave avec votre squad en mode « Quand on arrive en ville ». Selon les statistiques fournies par le Baromètre Très Parisien du Cool, 50 % d’entre vous vont faire semblant de détester ce son tout en l’écoutant de manière obstinée en cachette. 30 % vont assumer leur kiff et vont se faire lyncher par Gonzaï. Les 20 % restants demeureront sans opinion face à cette œuvre.

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