Fondée en 2008, l’association COAL mobilise des artistes et des acteurices culturel·les sur des enjeux sociétaux et environnementaux. Elle a été co-créée par Lauranne Germond, historienne de l’art et commissaire d’exposition, Loic Fel, docteur en épistémologie et conseiller en développement durable et Clément Willemin, paysagiste.
L’association favorise une écologie à l’échelle humaine. C’est-à-dire une culture de l’humain et de l’environnement dépendante de l’art afin de transformer non seulement les territoires mais aussi les individus qui les habitent. Elle développe des programmes artistiques spécifiquement conçus pour les territoires dans lesquels ils s’inscrivent, tels que « Nature in Solidum » pour le Parc Régional du Haut-Jura ou « Stuwa » pour le Syndicat d’initiative du Sundgau. Depuis 2010, l’association remet chaque année le Prix COAL Art et Environnement, qui récompense un·e artiste pour son engagement écologique. L’appel à projets de l’édition 2022, qui invite à proposer des projets sur le thème des océans, se clôture le 1er mars.
Depuis déjà plusieurs années, on peut observer au sein de l’écosystème artistique une conscience écologique gagner du terrain et s’imposer de plus en plus chez certains artistes. Dès la fin des années 1960, un grand nombre de créateur·ices ont choisi d’œuvrer dans le paysage par le biais, notamment, du Land Art et de réaliser des œuvres avec la nature, quitte à les voir disparaître. La plupart de ces œuvres ne s’inscrivent cependant pas dans une préoccupation écologique, mais relèvent davantage d’une volonté de collaborer avec une nature puissante et imprévisible. On pense aussi à l’œuvre de Joseph Beuys intitulée « 7000 chênes » : lors de la Documenta 7, l’artiste décide de planter un premier chêne devant le Musée Fridericianum, et 7000 autres accompagnés chacun d’une colonne de basalte de 1,20 m. Déjà en 1982, l’artiste souhaitait « alarmer contre toutes les forces qui détruisaient la nature et la vie. »
Cependant, l’œuvre d’art peut-elle suffire pour témoigner d’une préoccupation écologique ? Comment, dans la production artistique actuelle, pouvons-nous discerner celui ou celle qui se revendique militant écologique de celui ou celle qui se contente de l’effet de style green ? Nous avons rencontré plusieurs membres de l’association COAL pour tenter de répondre à ces questions.
Nous sommes convaincu·es qu’aucun changement réel et durable ne pourra se faire sans l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie.
COAL
Manifesto XXI – Pourquoi parler d’une culture de l’écologie ?
COAL : Lorsqu’on évoque la crise environnementale aujourd’hui, on emploie principalement des concepts techniques et un vocabulaire instrumental : émissions de gaz à effet de serre, compensation de l’empreinte carbone, tonnes équivalent CO2… On constate que les enjeux soulevés sont politiques, économiques, scientifiques. Dans le récit qui est fait de cette crise, peu de place est accordée au sensible, et le secteur artistique et culturel est trop peu considéré comme à même de proposer des solutions concrètes et durables.
Or, chez COAL, nous sommes convaincu·es qu’aucun changement réel et durable ne pourra se faire sans l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie, sans cette dimension sensible à même de favoriser une transformation profonde des représentations et des imaginaires qui sous-tendent nos comportements et notre rapport au monde. L’art est un puissant vecteur de représentations, à même d’induire et d’accompagner des changements de société réels.
L’art enrichit et complexifie justement notre sensibilité. Il nous invite à imaginer d’autres possibles, dessinant d’autres récits et imaginaires, d’autres futurs.
COAL
Plusieurs philosophes et chercheur·euses, à la suite notamment des travaux de Bruno Latour, ont mis en évidence le fait que la crise écologique actuelle, plus qu’une crise du vivant ou de la biodiversité, implique en réalité une crise de nos relations au vivant, une « crise de la sensibilité » (selon les termes de Baptiste Morizot). Aujourd’hui, on constate un net appauvrissement des représentations et imaginaires qui nous connectent au vivant, et on comprend bien que pour retrouver une relation équilibrée et respectueuse avec notre environnement, pour renouer avec le vivant, c’est sur le terrain de la sensibilité qu’il faut opérer.
L’art enrichit et complexifie justement notre sensibilité. Il nous invite à imaginer d’autres possibles, dessinant d’autres récits et imaginaires, d’autres futurs désirables. De ce fait, il est à même d’approfondir notre perception du problème lié à la crise environnementale, d’apporter des solutions alternatives et originales, et de favoriser une culture du changement joyeuse et désirable. Nous tenons à porter cette nouvelle approche culturelle de l’écologie et souhaitons faire participer les artistes à cette grande transformation de la société, qu’ils et elles soient parties prenantes de la transition écologique.
Comment expliquez-vous l’engouement croissant du monde de l’art et de ses acteur·ices pour des artistes travaillant autour des enjeux environnementaux ?
Il s’agit d’un sujet de société qui a une place importante aujourd’hui. Il y a une prise de conscience indéniable et un intérêt croissant pour ces problématiques qui nous touchent tous, avec un sentiment d’urgence certain. Forcément, les artistes et le monde de l’art ne sont pas insensibles à ces enjeux, et s’en saisissent. Iels se sentent concerné·es, iels cherchent à donner du sens à leur pratique et à engager leur art en lien avec leurs convictions. Iels se demandent : « quel est mon rôle en tant qu’artiste, qu’est-ce que je peux apporter, quelle est la portée de mon art ? »
De plus en plus d’artistes et d’acteurices culturel·les s’emparent de ce sujet et font des propositions originales, qui interpellent. Nombre d’entre elles gagnent en densité, en précision et en pertinence. Cette évolution se voit par exemple avec le Prix COAL. Douze ans après sa création, nous avons reçu plus de 4000 dossiers d’artistes originaires de plus de 80 pays dans le monde, ce qui montre la diversité des pratiques et des regards sur ces questions. Aujourd’hui, ce Prix est devenu un rendez-vous international qui attire de nombreux artistes renommés et pionniers de l’art en lien avec l’écologie.
Ces propositions ont également une place croissante dans le secteur institutionnel. Déjà en 2015, lors de la COP21, ArtCOP21 avait permis d’inscrire la culture à l’agenda politique de l’écologie. En septembre s’est tenu Le Congrès mondial de la nature de l’UICN (L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature), qui est l’endroit où le monde se réunit pour définir les priorités et guider les actions de conservation et de développement durable. Le Congrès comprend trois composantes principales : l’Assemblée des Membres, lors de laquelle les Membres de l’UICN votent les actions prioritaires, le Forum, un espace mondial dédié à l’innovation et à la science de la conservation, et l’Exposition, où les exposant·es peuvent présenter leurs travaux aux congressistes et au public. Une exposition et des actions artistiques ont fait résonner ce rendez-vous international dans et hors les murs du Congrès, afin d’ouvrir ces questions au grand public.
En quoi l’écologie constitue-t-elle un enjeu artistique dans le monde de l’art d’aujourd’hui ?
Le propre de l’art écologique est d’être très connecté au réel et aux autres sphères de la société, bien plus que ne l’est l’art contemporain conventionnel. Inclusif par nature, cet art est en interaction constante avec des scientifiques, des territoires, des habitant·es, des communautés, des établissements pédagogiques, des services d’urbanisme, des acteurices de conservation de la nature. On y compte aussi un grand nombre de collectifs, d’artistes qui n’hésitent pas à partager leur signature ! C’est justement cette interconnexion et ce sens du partage qui en font la richesse et qui nous passionnent au quotidien.
Il faut aller au-delà de la simple évocation thématique de ces sujets et intégrer ces préoccupations environnementales au cœur de nos manières de produire, de diffuser et de consommer la culture.
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L’art écologique est aussi d’une incroyable inventivité et créativité. Il invite à repenser les matériaux utilisés, les modes de production et les lieux de diffusion pour ces artistes, plus ouvert·es et inclusif·ves. De nouveaux cadres se développent pour diffuser ces créations : des programmes de territoire, des résidences dans des lieux divers, des projets d’urbanisme transitoire, des artists run spaces…
Il s’agit également d’un enjeu pour les institutions culturelles. D’une part, du fait de l’émergence de ces thématiques, et d’autre part parce que la culture ne peut rester très longtemps séparée de ces problématiques actuelles majeures. Elle se doit en effet de sensibiliser aux enjeux écologiques et d’impulser le mouvement de transition et de transformation de nos modes de vie. Il est donc important de mettre en place de réelles pratiques écologiques au sein du secteur culturel, et de générer une nouvelle écologie de l’art. Il faut aller au-delà de la simple évocation thématique de ces sujets et intégrer ces préoccupations environnementales au cœur de nos manières de produire, de diffuser et de consommer la culture. C’est tout un système culturel traditionnel qui est repensé à travers ces pratiques.
Pourquoi mobiliser les artistes autour d’enjeux environnementaux ? Je donne l’exemple d’ArtCOP21, dont vous êtes l’une des entités co-fondatrices.
Il y a eu ArtCOP21 en 2015, mais plus récemment aussi VIVANT, une Saison culturelle pour la Biodiversité, en 2020. Le contexte inédit de l’érosion massive de la biodiversité pose de nouveaux enjeux de perception, de représentation et de compréhension de l’environnement et appelle à une réaction globale, de la part des pouvoirs publics et de la société civile pour enrayer le déclin de la diversité du vivant.
Les artistes, justement, ont un rôle à jouer pour accompagner cette mobilisation collective, nécessaire et urgente, pour renouveler les représentations et intégrer la biodiversité dans notre culture commune. Comment rendre palpable ce qui disparaît ou qui a déjà disparu ? Comment témoigner du phénomène complexe qu’est l’effondrement du vivant ? Comment proposer des solutions, non pas techniques, mais qui accompagnent les évolutions de nos comportements ? Comment, enfin, inciter à s’engager pour la préservation de la biodiversité, en suscitant l’émotion et l’émerveillement plutôt que la culpabilité et la peur ? Les approches culturelles ont le pouvoir de partager une expérience sensible des questions écologiques et contribuer ainsi à une prise de conscience profonde, seul véritable moteur de l’action à l’échelle individuelle et collective.
Par ailleurs, les artistes peuvent inspirer des solutions originales et innovantes pour répondre à ces enjeux. Certain·es chercheur·euses s’associent ainsi avec des artistes ou auteur·ices de science-fiction, convaincu·es de la portée de leur travail, notamment parce qu’iels permettent de se projeter dans d’autres possibles, d’autres futurs désirables, en proposant des pistes de réflexion inattendues.
La crise environnementale impliquant une multiplicité d’enjeux, elle appelle de fait à une collaboration entre des acteur·ices issus de différentes disciplines, afin de réfléchir aux enjeux dans leur globalité. Les arts et la culture ne doivent pas être exclus, mais doivent s’intégrer à des projets transdisciplinaires, liant artistes, chercheur·ses, expert·es, politiques, citoyen·nes. COAL est d’ailleurs très impliqué dans la création de ces ponts entre ces différentes disciplines, afin de favoriser un dialogue constructif et une action conjointe. À titre d’exemple, la saison culturelle VIVANT a permis de créer du lien entre la communauté scientifique et les acteurices culturel·les, et d’accentuer ces collaborations entre acteurices de la conservation de la nature et artistes. Cette année, le festival Nuits des Forêts a eu lieu les 2, 3 et 4 juillet à travers toute la France. Il a fait le lien entre les acteurices de la forêt et du bois et celleux de la culture.
La vision du travail artistique est de proposer de nouveaux mots pour exprimer ce que ressentent et expérimentent les gens à mesure que le monde change et que le réchauffement climatique s’accélère.
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En quoi l’œuvre d’art constitue-t-elle une solution concrète pour le monde de demain ? Comment mettez-vous en œuvre ces moyens d’action et de sensibilisation ?
L’art peut avoir un impact puissant, et ce à différents niveaux. Nous distinguons trois typologies de pratiques à même de caractériser ce qui constitue aujourd’hui un art dit « écologique », réservoir d’actions concrètes, typologies qui, souvent, se croisent et se superposent : le témoignage et le partage de connaissance ; l’action politique et symbolique ; les pratiques de résilience.
Les artistes rendent perceptible l’ampleur de la crise écologique, et donnent un visage à l’anthropocène : iels révèlent les diverses pollutions, la fonte des glaces, la perte de la biodiversité, mais aussi, à l’inverse, rendent compte de ce qui est beau et qu’il nous faut préserver (Collectif Hehe, Vaughn Bell). Cette première typologie recouvre une vaste palette de pratiques documentaires, mais aussi plus largement les collaborations qu’il existe aujourd’hui entre l’art et et les sciences : observations, expériences, travail de terrain… Les artistes s’approprient ces outils scientifiques et travaillent avec des experts de domaines variés, pour explorer, comprendre et partager leur regard sur la crise environnementale actuelle. En retour, ils ouvrent de nouvelles perspectives pour le domaine de la recherche scientifique, que ce soit en termes de sensibilisation et de partage avec le grand public, mais aussi en proposant des pistes de réflexion innovantes et alternatives pour la recherche (Olga Kisseleva). L’art favorise le partage d’une expérience sensible, et non pas seulement théorique et rationnelle. Il permet de renouer avec l’émotion, la sensibilité et l’empathie, de créer du lien.
Pour ce qui est de l’action politique et symbolique, on retrouve des pratiques artistiques qui cherchent à agir sur les systèmes à l’origine de la crise écologique pour les dénoncer, les court-circuiter, les transformer. Cela passe par la déprogrammation des imaginaires par l’écriture de nouveaux récits, utopiques et dystopiques, mais aussi par la décolonisation des systèmes de représentation. Les artistes vont ainsi dessiner d’autres possibles, imaginer des futurs alternatifs désirables, inventer de nouvelles manières de vivre ensemble et de faire société, d’autres manières d’habiter ou de se nourrir. Par exemple, les artistes Lucy et Jorge Orta ont réalisé une installation éphémère intitulée le Village Antarctique. Composé de 50 abris-dômes, il accueille symboliquement des personnes ayant traversé des frontières pour gagner la liberté de circulation. Chaque abri est cousu à la main par un fabricant traditionnel de tentes avec des pans de drapeaux de différents pays, sur lesquels se superposent des vêtements représentant la multiplicité et la diversité des personnes. D’autres artistes se penchent sur les droits de la nature. Ainsi, Amy Balkin soulève par exemple des questions de justice environnementale. Elle remet en question la privatisation des espaces d’intérêts communs – global commons – et expose les limites idéologiques des lois internationales relatives au « droit de polluer ».
L’idée est aussi de réinvestir le champ du collectif, de donner aux citoyens des moyens d’action concrets dans le cadre d’actions symboliques et collectives fortes.
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Enfin, des artistes s’intéressent au langage, allant jusqu’à inventer de nouveaux mots pour nous permettre de parler de notre ressenti face au changement climatique. Le Bureau de la Réalité Linguistique, un travail artistique participatif engagé par Heidi Quante et Alicia Escott, a par exemple créé un nouveau langage permettant de mieux comprendre un monde qui change rapidement à cause du réchauffement climatique causé par l’activité humaine ainsi que d’autres événements de l’anthropocène. Leur vision du travail artistique est de proposer de nouveaux mots pour exprimer ce que ressentent et expérimentent les gens à mesure que le monde change et que le réchauffement climatique s’accélère.
L’idée est aussi de réinvestir le champ du collectif, de donner aux citoyen·nes des moyens d’action concrets dans le cadre d’actions symboliques et collectives fortes. L’artiste Thierry Boutonnier met par exemple au cœur de son travail la question de la domestication. Il déploie ainsi un large panel de comportements individuels en réponse au système dit moderne. Polyvalent et pluridisciplinaire, il utilise tous les médiums possibles, les espaces à disposition, et les différents supports pour travailler en résonance avec le contexte et l’environnement (social, environnemental, économique) afin de contribuer à la construction d’un futur commun, durable et respectueux. C’est là l’écologie politique en art. Elle se construit sur des liens de communauté, sur le partage, la convivialité et le symbolique.
Enfin, troisième typologie : l’activisme direct, intrinsèquement lié à des pratiques de résilience, où l’art devient indissociable des façons de faire et de produire. Il se base sur des principes opératoires tels que l’économie des moyens, le réemploi, l’utilisation de matériaux à faible impact environnemental, l’invention de nouveaux matériaux ou encore la restauration de milieux naturels. Anne Fischer utilise par exemple le design afin de développer des solutions locales ayant un enjeu global. Dans son projet « Infinite Deepness », elle invite le spectateur à explorer le paysage par le biais d’une expérience tactile.
Il peut s’agir de ramener du naturel en ville ou, au contraire, de réactiver les potentiels d’espaces ruraux délaissés. On relève dans ce domaine une explosion des pratiques. En effet, on ne compte plus les tiers lieux et les projets de territoires ultralocaux portés par des artistes qui veulent réconcilier leurs convictions, leurs modes de vie et leur création. Iels deviennent alors diversement fermier·ères (Olivier Darné), ingénieur·es (Jérémy Gobé), herboristes (Suzanne Husky), berger·ères (Fernando Garcia Dory), et même parfois araignée ou loup (Boris Nordmann). Boris Nordmann imagine par exemple une fiction corporelle sur le retour du loup dans la Montagne limousine. Dans le cadre de ses recherches, il invite le spectateur à devenir loup pour donner des pistes de médiation avec le prédateur et tous les acteur·ices du territoire.
Nous mettons en œuvre ces moyens d’action et de sensibilisation à travers trois principaux champs d’action. Depuis 2010, le Prix COAL Art et Environnement valorise chaque année dix projets d’artistes, dans le domaine des arts plastiques et visuels en lien avec les enjeux environnementaux. Nous réalisons également la direction artistique de différents projets, dans des centres d’art, pour des projets de territoire, ou autres, partout en France. Enfin, nous avons également un volet d’action concernant l’intégration du développement durable dans le secteur culturel, à travers différents évènements et saisons culturelles, ainsi que par le biais d’un accompagnement des acteurs culturels dans leur transition écologique. Tous ces volets concordent à créer de nouveaux imaginaires de l’environnement, une nouvelle culture du vivant.
Quels sont les défis pour l’artiste et l’art de demain dans le combat pour l’écologie ?
L’un des principaux défis reste de légitimer le lien entre l’art et l’environnement, au regard l’un de l’autre. Il s’agit de rendre ces pratiques artistiques visibles, de mobiliser les différents acteurs autour de ces enjeux, et d’imposer durablement la culture dans l’agenda pour la transition écologique – ce que COAL défend activement.
Aujourd’hui, on constate que de nombreux artistes s’intéressant à l’art dit « écologique » ont du mal à exister et à être reconnu·es dans les cadres institués de l’art contemporain, que sont les galeries d’art ou les musées. Cela n’est pas forcément un problème… disons que cela est cohérent avec la volonté de « faire art » autrement, en lien plus direct avec son environnement et avec les communautés, s’investissant dans des projets de terrain et privilégiant des approches collaboratives à la production d’objets. Quant au marché de l’art, la problématique est en grande partie corrélée à la question éthique et politique, aux convictions portées par les artistes de l’art écologique.
Pour autant, ces artistes ont besoin d’une reconnaissance institutionnelle pour continuer à agir en tant qu’artistes et pour pouvoir vivre de leur art. Voilà un beau défi à relever par l’art dans son combat pour l’écologie : poursuivre le développement des lieux de création et de diffusion alternatifs et les moyens de donner de la visibilité à ces artistes : programmes de territoire, résidences dans des lieux très divers, projets d’urbanisme transitoire, artists run spaces… Il y a parallèlement à cela de plus en plus de tentatives pour développer des modèles économiques alternatifs, souvent basés sur le mutualisme et la gratuité, qui permettent aux artistes de gagner en autonomie vis-à-vis des cadres institués (communautés, fablab, double activité…).
Enfin, il est important aussi d’aborder la thématique de la formation de ces artistes et professionnel·les de la culture aux enjeux de demain, notamment en ce qui concerne la possibilité de créer des œuvres et des espaces d’exposition respectueux de l’environnement. Il pourrait également s’agir d’ouvrir les artistes à de nouvelles disciplines, en lien avec ces enjeux. De manière générale, on constate une volonté certaine, mais qui ne s’accompagne pas encore de connaissances précises sur le sujet.
L’appel à projet pour le prix COAL 2022 est ouvert jusqu’au 1er mars. La remise du prix aura lieu le 8 juin.