Entre Miles Davis et Damso pour certains, entre Hendrix, Flavien Berger et Lomepal pour d’autres, Arthur Ely est une rockstar en herbe fière de faire de la variété française qui déborde sur le rap. Il vient de sortir son premier EP, « EP Standard ». Il a récemment fait les premières parties de Lonepsi, d’Eddy de Pretto et de Thérapie Taxi. À découvrir sur scène le 2 avril aux Étoiles (Paris X).
On l’a vu sur scène cet automne, au FGO Barbara. Solos de guitare électrique débridés et fiévreux, cheveux en pétards, chemise à froufrous, veste de baseball, on a eu envie de mieux le connaître.
Manifesto XXI : Qui est Arthur Ely ?
Arthur Ely : Je suis chanteur, guitariste, et squatteur. Je fais de la variété française.
Rockstar ou rapstar ?
Je viens du rock, mais c’est le rap qui produit les plus grosses rockstars aujourd’hui. Donc j’retourne ma veste tranquille.
Tu composes seul ?
Oui je chante des trucs sur mon Dictaphone toute la journée, puis je me pose avec ma guitare et mon ordi, la nuit.
Tu nous parles de ton premier EP ?
Il s’appelle « EP STANDARD ». C’est mon premier projet en tant qu’artiste produit, je me suis posé beaucoup de questions. Je mélange des prods’ de rap, des guitares électriques, des gros synthés et de la chanson française. Je parle surtout de mes fantasmes et de ma vie.
J’ai composé et fait les maquettes de prod’ seul. Quand je voulais grossir mes prods, j’ai principalement bossé avec mes pote Ouai Stephane et Arthur Vonfelt – la moitié du duo JOKO.
Pour le visuel, j’ai bossé avec un designer produit – Thomas Jourdan Gassin – et on m’a personnifié en parfum.
Que ce soit sur ton Instagram ou ailleurs, tu offres une ode à l’égo. Tu utilises l’arrogance, intentionnelle, excessive et forcée. Que tu couples à l’humour. Dans l’un des teasers de tes clips, on lit: « Dans le monde de la pêche, un teaser est un leurre qui crée une agitation dans l’eau afin d’attirer les poissons. En communication, le public est le poisson ». Quelle place tu accordes à ces deux dimensions ?
Les deux vont naturellement ensemble je trouve. Il y a quelque chose de risible mais de très humain à vouloir sans cesse se sentir supérieur. Si je ne déconne pas un peu, on va vraiment me trouver insupportable avec mes fantasmes et ma petite gueule d’ange.
Pour la métaphore, je l’ai trouvé dans un site de marketing pour les nuls. Teaser en anglais, ça veut vraiment dire « leurre »…
« Arthur Ely is the new Faust » ?
Faust est un artiste obsessionnel très ambitieux qui est aussi très triste. Il cherche quelque chose d’absolu. Je m’y retrouve carrément.
Ton look, ta chemise à froufrous, ta guitare électrique, ton esthétique pop … Tu ne veux pas choisir ?
Ça va avec ce que j’entends par le mot variété. Aucune racine précise. De la bonne soupe dans laquelle j’essaye de faire quelque chose de fort. Chaque élément parle un peu pour moi, donc la mode est un moyen d’expression.
La chemise à froufrous, c’est mon hommage au XIXème siècle qui est une période qui me hante.
Tes clips sont très soignés. Qu’est-ce que tu cherches à montrer ?
Il se trouve qu’un de mes grands amis est réalisateur. Il s’appelle Hector Di Napoli et on fait tous les clips ensemble, on kiffe prendre du temps dessus. J’apprends le métier de réal’ en même temps.
À côté de ça, j’aime écrire des histoires, j’aime jouer, et je bouffe beaucoup de peintures dans les musées. Autant de choses qui servent quand tu veux faire des clips. Globalement, l’image me permet d’aller plus loin dans ma propre mise en scène.
Raconte-nous celui de « 14 juillet ».
Je voulais faire une live session scénarisée et tenter de bosser avec une autre personne. Je me suis fait lâcher la veille par le réal’. Hector est venu à la rescousse avec sa cam’ et on a tourné le truc en une aprem’ dans mon squat.
On n’avait pas les moyens techniques pour faire ce qu’on voulait, donc on a fait une sorte de playback en improvisant. L’idée était celle d’un mec qui célèbre son amour pour une meuf comme si c’était une fête nationale, alors qu’elle, elle s’en fout totalement.
Des textes parlent beaucoup des filles.
Ça va dans le package de mes fantasmes ! Sinon c’est aussi une des seules choses tangibles que je connaisse.
L’amour d’une fille pour moi, c’est un reflet de moi-même que j’arrive à capter, alors que ma musique ne me renvoie qu’à toujours plus de bordel.
Des projets en cours ?
Beaucoup de chansons qui vont dans toutes les directions, des clips, une nouvelle de science-fiction que j’aimerais publier et peut être adapter en court métrage. J’ai aussi pas mal d’idées pour la scéno de mon live.
Si tu pouvais dîner avec une personne de ton choix ?
Rick de « Rick et Morty » ! Ou peut-être Romain Gary, mais on finirait en duel.
La chanson que tu aurais voulu écrire ?
« Lettre à France » de Polnareff !