Encore un top pour surfer sur l’interminable vague de la nouvelle année ? Plutôt l’occasion de vous partager les 7 jeunes artistes, découverts l’an passé, et dont on attend avec impatience les prochaines apparitions en 2019 !
Laure Barillé
Mood : dans les rues de Paris pendant une fashion week
Installée en Bretagne, cette ancienne couturière diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2015, crée des sculptures mêlant la technique de la couture, longtemps dévaluée, à d’autres matériaux tels que le bois et le métal. Angoissants, ludiques et poétiques, qu’est ce que ses « corps tripes à l’air » questionnent ? À la fois notre identité, notre humanité, et notre rapport charnel au monde. Laure Barillé a exposé ses sculptures de tissus à l’espace Thorigny en octobre 2018, dans le cadre de l’exposition « Yes and more No » dénonçant les violences sexuelles, et dont tous les bénéfices ont été reversés à l’ONG Care France.
Où la trouver en 2019 ?
- À partir du 26 avril 2019, Tout peut « À rêver » !, avec l’artiste Ylva, la Skol Sant Anton, Pouldergat, association le « Genou Vrillé »
Camille Sauer
Mood : Ce grenier de campagne où, enfants, vous inventiez un monde.
Certaines œuvres ne parlent que d’art. Camille Sauer, d’à peu près tout le reste. Quel dénominateur commun entre ces jeux de société qu’elle réinvente, les plateaux d’échecs enchevêtrés qui se font miniatures des relations géopolitiques internationales, ou encore cette curieuse manifestation, taki 183, où elle invitait des artistes à prendre poétiquement la rue ? Camille Sauer joue, et nous invite à faire de même. Mais ses règles ne sont pas tout à fait celles que nous attendions. Comme si son art pouvait être le pas de côté qui nous ferait voir les règles tacites de nos relations, fussent-elles entre nos êtres ou nos Etats.
Où la trouver en 2019 ?
- En Avril, au 64ème Salon de Montrouge
- En Juillet, à l’exposition des Félicités des Beaux-Arts de Paris
Salomé Partouche
Mood : Un matin dans ton lit, fiévreu-se-x et nostalgique de la soirée disco trash de la veille
Artiste pluridisciplinaire, également co-fondatrice de la Biennale de Paname, Salomé Partouche travaille à la fois la photographie, la vidéo, la céramique, la scénographie… À la croisée des mondes de l’art et du spectacle, elle nous ravit par son approche directe, sensuelle et dénuée de jugement du corps humain dans tous ses états. Elle crée un monde de strass et de paillettes peuplé de « créatures » humaines magnifiques afin de questionner la pudeur, la beauté, le genre et sublimer la différence.
Où la trouver en 2019 ?
- Le 4 février, diffusion du tournage réalisé pour mad dans le cadre d’une collaboration avec Nike
- Octobre 2019, pour la 2ème édition de la Biennale de Paname
Trapier-Duporté
Mood : Votre appartement visqueux un dimanche de cadavres.
Le duo Trapier-Duporté s’est formé lors d’une fête. Son lendemain, plutôt. Ils ont depuis repeint de Merlot une galerie toute entière, leur wine cube, quand ils n’y faisaient pas fondre un odorant fromage, ou bouillir l’eau d’un mug inspiration Friedrich. Foutage de gueule pédant ? Plutôt un cri rageur autant que dérisoire : celui d’une génération trainassée d’after en after, elle qui cherche le soleil de midi à 14h du matin, plutôt que d’accepter demain comme un autre aujourd’hui.
Où les trouver en 2019 ?
- En Avril, À l’International Nomadic Contemporary Art Biennal de Casablanca
- Pendant la Biennale de Lyon, au sein de l’excitant projet collectif Creep Train
Arthur Crestani
Mood : devant le portrait d’un enfant vietnamien posté par cet-te ami-e Facebook parti-e sauver le monde en sillonnant l’Asie en sac à dos
Arthur Crestani s’est mis à la photographie après des études de politique de la ville, qui influencent largement son travail. Il insère une véritable réflexion sociale et politique sur l’espace urbain et son rapport aux hommes dans ses séries photographiques. On l’a découvert avec la série Bad City Dreams, lauréate du Prix du Public au Prix Dauphine pour l’art contemporain 2018. Réalisée à Gurgaon, en banlieue de Delhi, et inspirée par la photographie de foire indienne, cette série interroge avec tendresse et humour la disparité entre les images publicitaires idylliques et la réalité sociale de cet espace périurbain peuplé de travailleurs exclus de la croissance économique. On a hâte de découvrir son premier livre de photos, actuellement en préparation, et la suite de ses explorations sur la fabrique de la ville contemporaine, en Inde et en France.
Où le trouver en 2019 ?
- Du 23 mai au 13 juillet, la série Bad City Dreams sera exposée Festival du Regard, Cergy-Pontoise
- En novembre-décembre, la série Vigils sera projetée dans le cadre de « Jeune Création » à la Fondation Fiminco, Romainville
Clément Denis
Mood : au sortir d’un rêve dont vous ne savez trop s’il était érotique ou glaçant.
Frais émoulu des Beaux-Arts de Paris, c’est d’ailleurs à son diplôme, en décembre dernier, que nous avons découvert les peintures de Clément Denis. De loin, on croit voir en ses grandes toiles des compositions abstraites et chargées. S’approchant, on découvre un enchevêtrement de corps, nus et dépouillés : ces corps, uniques éléments du tableau, sont un paysage charnel. S’en dégage un érotisme un peu suranné, antique peut-être. Mais ne charrient-ils pas plutôt une angoisse contemporaine, des situations lointaines, vécues et comprimées à travers les écrans ? La réverbération d’un monde d’informations, dont nous pouvons jamais tout à fait réchapper : le corps, source de désirs, est pour d’autres souffrance, au même instant. Le titre de l’œuvre en question, Lesbos, laisse entière ambiguïté.
Où le trouver en 2019 ?
- Du 20 Mai au 1 Juin 2019, à la Galerie du Crous, pour Vibrance, Duo show avec Arthur Grosbois
- En Septembre, à la LMS Gallery, Bruxelles, pour l’exposition collective Peinture, l’émergence française
Randa Maroufi
Mood : le contrechamp d’une brève AFP sur votre newsfeed.
Découverte cette année au Prix Révélations Emerige, Randa Maroufi y exposait deux vidéos. Quelles correspondances entre Le Park, fascinant mannequin challenge saisissant le désœuvrement de jeunes dans un parc abandonné de Casablanca, et Stand-by office, matérialisant l’errance bureaucratique de réfugiés dont on refuse le droit à travailler ? Peut-être la capacité de la jeune artiste vidéaste, passée notamment par Le Fresnoy, à créer des tableaux vivants qui jouent avec l’actuelle fascination pour l’image – celle de ses sujets autant que la nôtre – pour mettre en exergue ce que les réseaux tendent justement à invisibiliser, du moins à ne montrer que sous le régime du drame et du sensationnel.
Où la trouver en 2019 ?
- À la Galerie Paradise, Nantes.
- À l’Écart, Lieu d’Art Actuel, Quebec, pour une exposition personnelle
- Au Centre d’art contemporain Sagamie, Quebec.
- Au Musée MA Rouyn-Noranda, Quebec.