Dans la jungle mensuelle des vernissages, finissages, happenings et performances, l’amateur comme le chaland se voit chaque jour assailli d’une nuée de sollicitations. Parmi ces occasions multiples de voir de l’art, ou de faire semblant, de rencontrer, du moins, ceux qui font les arts visuels émergents, et à plus forte raison de trinquer avec eux, Manifesto XXI en a sélectionné 5 ce mois-ci, et espère que vous viendrez y croiser ses rédacteurs.
Vernissage : Figurations parisiennes
Mercredi 2 Mai – 18:00 – à la Galerie du Crous, 11 rue des Beaux Arts de Paris, 75006
Qu’est-ce donc ?
La jeune Galerie T&L, singulier projet initié par deux jeunes entrepreneurs culturels, prend l’itinérance comme règle et la jeune création comme objet. Leur ambition, ici ? Présenter un instantané de la peinture figurative parisienne. Epineux serpent de mer, la figuration comptera là quelques uns de ses représentants contemporains les plus pertinents. Si le panorama n’est pas exhaustif – il manquera peut-être, en premier lieu, Guillaume Bresson – il a le mérite d’être foisonnant et de haute volée.
Une bonne raison d’y aller ?
Pour convaincre votre cousin inepte que le contemporain n’est pas qu’une « pastèque sur un piédestal ». Pour découvrir, entre autres, là les troublantes toiles de François Malingrey, ex-résident du Wonder aux scènes minimales et presque pieuses, ici encore les huiles fascinantes de Thomas Lévy-Lasne. Chez ce dernier, prime la volonté de représenter le contemporain, ses moments suspendus où il ne se passe rien, lorsque la fixité des écrans contraste la langueur des corps.
Quotient Pique-Assiette : 70%
De la peinture figurative dans le 6ème arrondissement ? La foule espère à tout le moins du champagne !
Vernissage : Le soleil se lèvera demain
Jeudi 3 Mai – 18:00 – au Wonder/Liebert, 124 Avenue Gallieni, 93170 Bagnolet
Qu’est-ce donc ?
Une exposition collective, dont ni le titre, ni la présentation sibylline, ne traîneront peut-être les plus rétifs jusque Gallieni. Par delà la palme de name-dropping, pourtant fort disputée dans l’art contemporain, et que sa description Facebook lui octroiera sans peine, la proposition de Marianne Derrien est alléchante. La commissaire réunit une cohorte d’artistes de très bon goût – Célia Gondol, Thomas Hauser, notamment – autour d’une exposition méta dont le rendu final importe importe autant que l’expérience commune.
Une bonne raison d’y aller ?
Pour découvrir l’exposition, ses œuvres et protagonistes sous le soleil du Wonder, justement. Et parce qu’avec la clique locale, la fête n’est jamais très loin – comme l’aura démontré la démentielle bacchanale de jeudi dernier.
Quotient Pique-Assiette : 0,1664%
Vous êtes ici pour soutenir les forces créatrices de demain, diable !
Vernissage : 68e édition de Jeune Création
Samedi 12 Mai – 15:00 – aux Beaux Arts de Paris, 75006
Qu’est-ce donc ?
Avec le Salon de Montrouge, l’autre grand-messe annuelle des arts visuels émergents. Ces dernières années hébergée par l’antenne pantinoise de la galerie Thaddeus Ropac, Jeune Création délocalise sa 68ème occurence dans la cour vitrée des Beaux-Arts. Comme à Montrouge, il faudra être vu au vernissage, et songer à repasser voir les œuvres quelques jours plus tard. Excuse d’usage : votre attention ne peut s’accorder à 38 artistes à la chaîne, vous êtes proche du binge esthétique.
Une bonne raison d’y aller ?
Pour admirer le gratin de la jeune création dans ses œuvres.
Quotient Pique-Assiette : 50%
Occasion attendue d’alcoolisme mondain, si vous ne vous êtes pas déjà grillé à Montrouge.
Performance : 6.03 (SIXZÉROTROIS)
Jeudi 17 Mai – 18:00 – au Salon de Montrouge, 2, Place Emile Cresp, 92120 Montrouge
Qu’est-ce donc ?
6 heures et 3 minutes de performances, au coeur de l’exposition du Salon de Montrouge. L’omniprésente Vittoria Mattarese, en charge de la programmation évènementielle du Palais de Tokyo, et donc de Do Disturb, convie une très belle palanquée de jeunes artistes à court-circuiter le Beffroi. Mi-inédite, mi-délocalisation de ce qu’on a pu voir cette année chez M. de Loisy, la soirée promet d’être riche.
Une bonne raison d’y aller ?
Parce que chacune des 6 performances devrait valoir seule le déplacement. Sous le signe de l’expérience et de la surprise, la cartomancie extralucide d’Hélène Garcia et Emile Degorce-Dumas, les chorégraphies voilées d’Alexandre Bavard, ou encore les sculptures sonores de Méryll Ampe, seront là pour vous le prouver. Et puis, pour les retardataires et les acoquinés du buffet lors du vernissage, une nouvelle occasion de découvrir la sélection annuelle.
Quotient Pique-Assiette : 60%
L’entrée est libre, ce qui est rarement l’apanage des manifestations tokyoïtes.
Exposition virtuelle : Private Place Project #5 part. 1
Vendredi 25 Mai – sur Instagram
Qu’est-ce donc ?
La première partie d’une exposition en deux temps, qui aura pour dimension singulière d’être intégralement virtuelle. Artiste vidéaste et dessinateur, Gabriel Folli a lancé PPP en 2017, et y invite ce mois Emmanuel Guillaud. Leur collaboration sera exposée en septembre, dans un lieu parisien nullement destiné à l’art, et surtout inaccessible au public. Celui-ci, désorienté, n’aura d’autre choix que d’en retrouver des traces diffusées sur Instagram et Facebook. Expérimentation autour de la monstration contemporaine, PPP #5 proposera ainsi le 25 maison incipit, bien virtuel lui aussi.
Une bonne raison d’y aller ?
Parce que vous n’en êtes qu’à deux mouvements de pouce. Aussi, pour l’audace du projet initié par Gabriel Folli, et sa pertinence à l’heure où le rapport à l’œuvre se voit tiraillé par les nouveaux usages des blogosphères. Pour profiter d’Emmanuel Guillaud, dont la présence trop rare à Paris garde pour beaucoup intacte la découverte de ses théâtres d’ombres shibariques.
Quotient Pique-Assiette : 100% ou 0%
Aucun rapport avec le projet, tout dépendra de l’avarice des convives chez vous ce soir-là à l’apéritif.
Retrouver le projet sur Instagram