Le label Mama told ya, fondé par Anetha, dévoile sa première compilation : L’eau repousse les feux agressifs. Un premier volume autour du thème de l’eau, qui s’intègrera dans un projet plus large autour des quatre éléments.
Fondé il y a bientôt deux ans, Mama told ya est le label de la DJ et productrice Anetha, que l’on avait eu le plaisir de croiser à Dour (dans l’ancien monde) en 2019 et qui nous avait confié : « L’idée c’est d’être toujours différente, et de chercher des choses qui ne se font pas d’habitude, des choses qui interpellent. » C’est bien la raison pour laquelle son label a été créé : défricher la techno en offrant de nouveaux espaces de créativité, proposer une nouvelle vision du genre en laissant libre cours à l’expérimentation et, surtout, partager. Après plusieurs EP collaboratifs, dans lesquels Anetha pose toujours sa patte, entre ABSL et Sugar, Niki Istrefi et Hadone, et le dernier en date UFO95 et son album Popularity is Overrated, il était temps de réunir à plus grande échelle les artistes émergent·e·s de demain, sur un projet artistique XXL.
Non, techno ne rime pas forcément avec « boum-boum »
Combien de fois a-t-on pu entendre « tu écoutes de la musique boum-boum ? » même encore aujourd’hui ? Dans les consciences collectives, le terme « techno » est encore enfermé dans des clichés et réduit à de la musique de défonce, alors que c’est avant tout une musique de communion, de partage, mais surtout d’expérimentation. Le champ des possibles est large et vaste, et les artistes nous le prouvent chaque jour en dévoilant leurs tracks, maxis et albums, mais encore faut-il avoir la curiosité d’aller les écouter et c’est peut-être ça le problème. Anetha a rendu les choses plus simples pour le public, en réunissant 18 figures émergentes de la scène techno internationale sur 16 titres. Au total, une heure et demie de découverte, à la croisée des genres, dans lequel chaque titre apporte une nouvelle expérience. Un nouveau rythme, un nouveau son, une nouvelle mélodie, c’est tout un nouveau paysage qui coule dans nos oreilles. Alors non, la techno ne rime pas forcément avec « boum-boum ».
Non, techno ne rime pas forcément avec visuels psyché et zéro clip
C’est peut-être la première chose qui nous a sauté aux yeux en voyant la compilation MTY-EAU : le travail des visuels. À commencer par l’artwork de la compilation, une pochette épurée, signée Karin Kimel, conceptualisant une eau transparente, alliée à un magma bleu qui englobe le logo du label : less is more. Cet aspect graphique se décline sur les packagings du CD et d’un vinyle pressés en gris, offrant plus qu’une simple pochette en carton, mais un objet artistique à part entière.
À cela s’ajoute un premier clip dévoilé quelques jours avant la sortie de la compilation, du titre « Free Britney » d’Anetha. Quelle joie de découvrir que ce n’est ni une succession de visuels trippy, ni tourné dans une cave avec juste des gens qui dansent. À l’inverse, on découvre un clip en 3D réalisé par Joe Karava, une esthétique devenue de plus en plus tendance suite à la pandémie et à l’impossibilité de tourner des clips. Un univers à découvrir. Alors si pour le moment la scène techno s’est montrée plutôt frileuse en visuels, même si le VJing se fait de plus en plus présent, Anetha nous montre qu’il est possible de faire des clips affirmés même sur des tracks techno.
Non, techno ne rime pas forcément avec rien à foutre de l’environnement
Le 30 mars dernier, le collectif Clean Scene publiait un rapport « Last Night a DJ Took a Flight », dévoilant l’empreinte carbone des 1000 DJs les plus populaires en 2019, dans le but de trouver des solutions viables sur le long terme. Anetha n’a pas attendu ce rapport pour créer une sous-branche à son label, Mama loves ya, ayant pour but d’accompagner ses artistes, mais également repenser l’environnement et l’impact du métier de DJ.
L’eau repousse les feux agressifs, c’est donc une compilation qui se veut novatrice et collective, en dehors des carcans des stigmatisations qui ont imprégné la techno depuis trois ou quatre décennies, mais aussi soucieuse : soucieuse d’un futur plus beau, plus brillant, dans lequel l’environnement et donc la nature doivent être le pilier principal. L’eau, le feu, la terre, l’air, les éléments primitifs, mais aussi vitaux, car, ne l’oublions pas, le monde est composé de ces quatre matières, nous y compris.
L’eau repousse les feux agressifs est disponible en LP/CD et digital sur toutes les plateformes.