Le groupe parisien Bagarre sort 2019-2019, mini album crieur et passionné, à mi-chemin entre manifeste politique et poésie révoltée.
C’est une fin de non-recevoir. Un dernier avertissement avant que tout n’explose. « Au-revoir à tous », révélé la semaine dernière avec un clip, c’est le titre core de ce nouvel album de Bagarre. Opprobre généralisée, le son crie son refus de la réalité politique et sociale par un « Au-revoir » qui mute au gré des événements et des personnes qui traversent ou qui ont traversé l’actualité politique de cette année. Des gilets jaunes à l’Algérie au bord du soulèvement populaire, en passant par le péril écologique et Marine Le Pen, l’urgence politique est l’essence même de ce nouveau projet. Si Bagarre pousse un cran plus loin le réquisitoire, conséquence d’un contexte politique au bord du gouffre, c’est parce que l’album fait suite à un besoin de crier son ras-le-bol.
Énergie révoltée et politique de la révolte
Cristallisation de différents événements politiques, 2019-2019 veut en finir avec l’ambiance anxiogène qui caractérise désormais notre époque. On les savait engagé.es. Peut-être parfois sans réel ancrage. Mais on entend grâce à ce nouvel opus sourdre la révolte du fond des mots et des synthés. Récemment, on a même pu voir le groupe se produire dans la rue alors que le mouvement mondial de défense de l’écologie, « Extinction Rébellion », commençait à rassembler plusieurs centaines de personnes à Paris.
Bagarre, depuis le début, c’est une énergie de la révolte, qui s’exprime dans la plupart de leurs sons. Un cri du cœur et du fond du gouffre, sans ambiguïté dans leurs prises de position et leur engagement à gauche. Bagarre, c’est la démocratie, en témoigne l’horizontalité du collectif : chacun possède et occupe tous les rôles à la fois.
Puisqu’on oublie toutes nos promesses, l’amour est tout ce qu’il nous reste
Puisque le monde est en détresse, l’amour est tout ce qu’il nous reste (« BB Chéri »)
Écrit en tournée, l’album comporte sept titres. « Kabylifornie » sorti cet été vient étoffer la liste des nouveaux sons. Parmi lesquels, on retiendra « BB Chéri » et « Adieu victime », des titres réponses au désespoir ambient. L’un prône l’amour comme l’un des remèdes les plus salutaires au cynisme contemporain, tandis que l’autre ne voit pas d’autre issue que la mort. Des sons plus lents, avec des notes aiguës, nostalgiques, et à contre-courant de la première partie plus agressive de l’album. Bagarre, qui poursuit sa route vers un engagement plus politique, emporte avec lui tou.tes les allié.es potentiels de cette poésie révoltée.
// Bagarre sera à l’Olympia le 29 novembre //
Article : Bryan Ferreira