Chaque année le festival du Fort Saint-Père propose une redéfinition riche et agitée du rock, des nouveaux punks à la techno, en passant par la synthpop et la folk.
Avant de partir pour la 29ème édition été de la Route du Rock, nous avions bien préparé notre itinéraire de sensations. Résultat après trois jours de musique : un quasi sans faute au caractère bien trempé (attention, risque de blagues glissantes dans ce compte-rendu, en hommage aux bottes de pluie qui ont sauvé notre samedi).
Jour 1 – Let it happen
Le premier jour de concerts a attiré quelques 10 000 festivaliers, ce qui en a fait la plus grosse journée du festival. Le coup d’envoi était bien punk avec Fontaines D.C et Idles qui s’enchaînaient. A voir le nuage de poussière soulevé par le groupe anglais (et les quelques coups ramassés en pogo – les Birkenstocks : pas une bonne idée -), on pouvait évaluer le dynamisme d’une foule vigoureusement prête à rocker la night.
La tête d’affiche de ce premier soir venait d’Australie : Tame Impala faisait un stop trippant en Bretagne, l’un des plus petits festivals d’Europe. Le groupe était trop attendu, ou la foule trop chauffée par Idles, et on aura en tout cas passé trop de temps à jouer des coudes pour se maintenir face scène pour vraiment en profiter.
Ceux qu’on attendait vraiment sur scène, tant la presse anglo-saxonne en parlait, c’était Black Midi. Le show était sauvage, électrisé d’une belle énergie et rythmé par une série d’instrus et d’impros. La nuit s’est parfaitement prolongée dans la beauté vibrante du live de Jon Hopkins, accompagné de deux performeuses. Si un jour vous pouvez vivre le titre “Emerald Rush”, faites-le, vous n’écouterez plus l’album pareil. Lena Willikens a clôturé tout cela efficacement, mais sans éclat marquant.
Jour 2 – Melodies of love
Vendredi, tout le festival semble être tombé sous le charme d’Altin Gün ! Balades en turc aux rythmes italo-disco, grands sourires, le groupe était visiblement touché de constater la ferveur de son auditoire breton.
Les stars de ce soir-là, c’était les Anglais Hot Chip, qui présentaient leur nouvel album A bath full of ecstasy. Le public aurait littéralement pu être trempé par les averses menaçantes, mais moment de grâce, le live s’est déroulé sans une goutte de pluie. Le groupe (que nous avons rencontré avant leur entrée sur scène) communique facilement son univers drôle et coloré.
Recrutés last minute pour remplacer Beirut, le set de 2manyDJs a enflammé les esprits de la Route du Rock. On se demande presque si on élirait pas leur remix de “Work it” de Marie Davidson au rang de meilleur remix pour la chope sauvage. Nous étions donc déjà chaudes bouillantes quand Paula Temple a pris le contrôle des platines, et la folie est encore montée de quelques crans. Nous étions très très près du septième ciel auditif dans le registre techno. Depuis, nous sommes bloquées sur son album publié récemment, Edge of everything, véner sur les rythmes comme sur les messages.
Jour 3 – Cha(n)tons sous la pluie
Samedi, il était vraiment impossible d’y échapper, la pluie s’était invitée dans nos plans de soirée. Mais ce n’était pas le plus chiant. Une fois les hits joués, le live de Metronomy nous a plus bercées d’ennui que de béatitude. Pourtant le concert avait bien commencé, chaque membre du groupe s’est présenté en donnant son nom et son signe du zodiac, élément auquel nous avons bien sûr été particulièrement sensibles. Fort heureusement, la chenille — tradition des plus joyeuses — est venue nous secouer et nous redonner de la joie de vivre. Au son de « Bucky done gone » de M.I.A et de “Macron démission”, notre chère Nina Tapie a fini par se laisser emporter par la foule.
Celui que l’on n’avait pas vraiment vu venir, c’est David August, virtuose du piano devenu as des machines. Entre balades électro-romantiques et tracks bien solides, le live de l’Allemand était presque sublimé par les ondées bretonnes.
Mais alors, vraiment, la pluie allait sans conteste beaucoup mieux au duo machiavélique d’Oktober Lieber. Les tracks fracassantes de leur album In Human ont déchaîné toutes les gambettes qui restaient encore sur le festival. Les pieds bien plantés dans les flaques de boue on tendait chaque fois l’autre joue pour recevoir une nouvelle claque. Nous avons fini la Route du Rock en dansant jusqu’à suer sous le ciré autant que ruisseler, sur le set de Silent Servant qui distillait des tracks d’acid pour nous tenir en haleine.
Il nous a encore bien fallu trois jours pour nous remettre de ces moments intenses de live, et il ne nous reste qu’une seule idée en tête : réserver notre camping pour la 30ème édition de la Route du Rock.