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Symboter, Die Transzendenz (1982-2016) : anthologie d’un pionnier de la musique électronique

Symboter, Die Transzendenz (1982-2016) : anthologie d’un pionnier de la musique électronique

(photo distribuée par Alter K)

L’allemand Symboter est l’une des figures pionnières de la musique électronique. À 60 ans, une carrière d’ingénieur high tech pas tout à fait derrière lui, il continue de composer, inspiré par la robotique, la physique quantique et l’intelligence artificielle. La sortie de la compilation-anthologie, Die Transzendenz (1982-2016), nous donne l’occasion de revenir sur l’univers de l’artiste, entre expérimentation, progrès technique et science fiction.

Olaf Schirm est un peu le Bernard Fèvre allemand. Le premier est connu sous le nom de Symboter, le second sous le pseudonyme Black Devil Disco Club. Enfant des débuts de la musique électronique, Symboter sort ses premiers albums dans les années 1980 (en cassettes), via le label Syntape, sous l’égide du règne des synthétiseurs – en particulier du système modulaire Moog – et des séquenceurs. Inspiré entre autres de Tangerine Dream et David Bowie, son style s’impose comme une musique synthétique donc, axée science-fiction et orientée sciences tout court. L’influence de Kraftwerk le rapprochera d’une musique plus minimaliste, laissant plus de place à la dimension de chanson ou de storytelling.

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Olaf Schirm a aujourd’hui 60 ans. (Photo distribuée par Alter K)

Le 22 février sortait une compilation regroupant ses trente années d’expérimentation musicale. L’anthologie Symboter, Die Transzendenz (1982-2016) regroupe les extraits phares de ses plus grands succès : Matrix (1982), Synchrotron (1982), Phon-Ethik (1983) et des morceaux enregistrés beaucoup plus tard, entre 2014 et 2016, après de longues années consacrées à une carrière de scientifique.

Du geek à l’ingénieur high tech

Olaf Schirm est né en 1958 en Allemagne de l’Ouest. D’un père allemand et d’une mère norvégienne, il est marqué par le folklore germanique et la poésie des paysages nordiques. Il rêve très jeune de devenir musicien, mais les synthés sont encore loin d’être abordables. Si le prix est un obstacle pour le jeune homme, leur fonctionnement électronique ne l’est pas pour longtemps : il parvient à assembler un premier synthétiseur et séquenceur, qu’il nomme ‘Symboter 1A’, et à customiser un Korg MS-20. D’autres suivront et trouveront leur place dans le home studio qu’il installe à Munich dès 1975, à l’époque où le mouvement krautock secoue la scène musicale allemande (Can, Amon Düül, Neu!, Faust…)

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Le premier synthétiseur modulaire intégré maison (Symboter A) et séquenceur et un Korg MS20. (Photo distribuée par Alter K)

 

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En 1985, une inondation ravage le studio munichois de l’artiste. Malgré le succès la même année de son side-project Japotage – dont les cassettes se vendent si bien que l’entreprise Marlboro utilise un des titres pour une campagne aux États-Unis – Symboter décide de mettre fin à sa carrière musicale et travaille comme archiviste dans l’audiovisuel. Il commence alors à se passionner pour les effets spéciaux, et réalise notamment ceux du clip « Living on My Own » de Queen, avant de se lancer dans le business florissant de l’informatique. Il monte sa société d’animation à Munich, ce qui lui donne l’occasion de collaborer avec Peter Gabriel ou encore Dieter Meier, du groupe avant-gardiste suisse Yello. Il part vivre ensuite à Cologne où il monte deux autres sociétés spécialisées dans les capteurs de mouvement et les acteurs virtuels, et fonde finalement une société spécialisée dans la robotique, entre Munich et Berlin, expérience qui durera entre 2003 et 2014.

(photo distribuée par Alter K)
© 1er studio (Symboter B-Munich-1975) : Roland Jupiter4 à gauche et séquenceur digital et derrière le système modulaire Moog avec trois claviers et contrôleur de ruban utilisé lors de ses deux années de coopération avec le compositeur Gershon Kingsley (pop-corn)

 

Symboter : un vrai ‘man machine’

Les influences et les inspirations de Symboter le poussent à voir son projet musical comme le prolongement technologique de sa personne. Les nouvelles technologies et les nouvelles techniques qu’elles amènent sont partie prenante de son univers musical. Symboter est un « man machine », d’autant plus aujourd’hui qu’il développe et utilise les capteurs de mouvements, sons, lumières, températures, fréquences…

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Le mouvement krautrock et la scène musicale allemande des années 1970-1980 attirent à Berlin David Bowie, qui s’y installe en 1977 (dont l’album Heroes est d’ailleurs le second volet de sa ‘trilogie allemande’). Bowie inspirera beaucoup Symboter. (Photo distribuée par Alter K)

Dès le début des années 2010, il décide de composer des nouveaux titres en utilisant la technologie de l’intelligence artificielle qu’il contribue à concevoir. L’introduction des nouveaux logiciels (Ableton Live, NI Reaktor) et des nouveaux équipements ont accompagné l’évolution de ses morceaux. Sur la compilation cohabitent donc des titres chantés, quasiment synth-pop, avec de longs instrumentaux aux nuances plus fines (« EO », « Music For 5 Pianos » ou« Phased Music » par exemple).

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Le futurisme du projet est renforcé par le pont que fait Symboter entre son univers musical et les univers de science-fiction. L’anthologie 1982-2016 comprend notamment les titres « Blauer Planet Blauer », « Elektronenstimme », de la trilogie ‘du Cycle Android’ – retraçant le voyage d’un Android vers la planète Terre et son succès sur celle-ci en tant que musicien.

(photo distribuée par Alter K)
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27 titres 

À l’écoute des vingt-sept titres, on passe d’ambiance en ambiance : amoureuse (Die Transzendenz), cinématographique style Brian Eno (Spring Rain), criminelle inspirée Commissaire Maigret (Crime), apocalyptique urbaine désolante, penchant Metropolis (Electronic City), spatiale évidemment (Voyager 24)… et d’autres. On vous les laisse écouter.

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