Musicien électronique de l’absurde, au croisement entre Jacques et Soulwax, Ouai Stéphane a son univers bien particulier, qui, pourtant, captive tout curieux de musique. Après un premier EP intitulé “Ouai” et une une série de clips mettant en scène un homme à la moustache surréaliste, Ouai Stéphane s’est produit cette année notamment à Rock en Seine ou aux Trans Musicales de Rennes. À l’occasion de ces dernières, nous sommes partis à la rencontre de ce gentil garçon. Nous lui avons montré des portraits de Stéphane(s) célèbres, afin de mieux comprendre qui est – vraiment – Ouai Stéphane.
Manifesto XXI : Stéphane Bern a écrit dans Secrets d’histoire, Tome 1 “Un peuple qui ne sait pas d’où il vient, ne sait pas où il va”. Tu viens d’où et tu vas où ce soir?
Ouai Stéphane : Alors je viens de la France. Je suis né dans la France, vers le bas, dans la Côte d’Azur. Ensuite j’ai migré à Dublin, parce que ma maman vient de Dublin, et après je suis revenu à Paris. Enfin, je suis allé à Paris plutôt, je n’y étais jamais allé avant. Et ce soir je reviens aux Trans Musicales, pour voir des concerts, pour écouter de la musique.
Ce Stéphane est belge, tout comme le groupe Soulwax. Ces artistes t’ont beaucoup influencé. De quelle manière?
Alors c’est marrant, il y a Soulwax et 2ManyDJs qui font parti du même groupe. Et mon frère quand j’étais petit, il allait me chercher à l’école, j’avais peut être 10 ans… Il était plus âgé que moi, il avait la voiture, et il écoutait Radio Soulwax. J’ai découvert qu’ils passaient the Chemical Brothers, the Prodigy, entre du Nile Rodgers, du Serge Gainsbourg, et c’est à partir de ce moment là que j’ai compris que tout pouvait se mélanger, et ce n’est pas si grave en fait. C’est tous ensemble. [rires]
On va parler sport : tu t’entraînes comment pour jouer à un festival comme les Trans Musicales de Rennes?
Alors je me suis entraîné cette semaine à l’EMB Sannois qui est une salle de concert, qui est à Sannois, comme dans le nom de la salle. C’est vraiment une super salle dont l’équipe m’accompagne depuis un an maintenant, en me donnant par exemple leurs retours . J’ai ramené là-bas mon matériel pour répéter, mais comme c’est de la musique électronique, il y a beaucoup de programmation dans mon live, et donc beaucoup d’échappatoires. Par exemple, je ne sais jamais ce qui va se passer avec voix, je peux donc aller à un autre endroit du morceau à un moment précis juste en appuyant sur un bouton. En plus, j’ai eu un peu de retard, à cause de problème de matériel, et au final je n’ai répété qu’une fois le live, hier soir. Mais d’habitude je suis sérieux, vraiment!
Stéphane Sirkis (frère jumeau de Nicolas Sirkis et ex-membre d’Indochine) était mullti-instrumentaliste. Pour toi jouer de plusieurs instruments a-t-il toujours une volonté? Où est-ce que tu veux t’arrêter?
Carrément, des instruments il y en a de plus en plus et au fur et à mesure des lives. Hier j’en ai utilisé des nouveaux. J’ai un étendoir sur scène, où dès que je touche une barre, je dois me mettre pieds nus (c’est pour ça que j’ai retiré mes chaussures pendant le live) pour qu’il y ait un contact conducteur, et que cela fasse des percussions. Bref, ça c’est juste un exemple, mais le but c’est d’en ajouter plein. Je viens du violon à la base, j’en ai fait beaucoup étant petit, j’ai fait de la batterie ensuite. Et c’est à ce moment-là que j’ai compris que je voulais pas faire plein d’instruments, tous les instruments, ce qui m’a amené à faire de la production sur ordinateur. Maintenant, j’ai envie de retourner à quelque chose de plus organique. Je suis sûr que le futur va aller là-dedans, il y a de plus en plus de possibilités de contrôler du son, ou de faire du son, avec de nouvelles technologies. Par exemple Playtronica te permet de jouer avec des légumes. Et j’espère être un maillon dans un futur pour amener cette nouvelle façon de faire de la musique électronique.
Stéphane Rottenberg a animé Pékin Express : un vrai animateur de terrain. Tu es aussi un mec de terrain à jouer sur scène ou plutôt casanier en studio?
C’est exactement la question que je me pose tous les jours. Et je pense que je suis un gars de studio qui veut être un gars de terrain. Je veux être dans les deux, c’est important pour moi de ne pas être trop actif, pour se parfois se poser dans un vrai processus de création, et j’adore faire de la scène. Je pense être pile entre les deux.
Stéphane Rousseau est humoriste. Et l’humour fait partie de la musique Ouai Stéphane, comment faire de la musique indé, drôle, sans tomber dans le potache?
Je ne sais pas, mais les gens ont l’air de comprendre ce que je veux dire avec cet « humour », et je pense que ce n’est pas incompatible, si c’est fait avec un peu de tact. Je ne pense pas à être drôle, mais plutôt sincère. Le but est d’être le plus naturel de mon côté en tout cas, c’est ce paramètre qui doit toucher les gens, d’être plus sincère. Enfin.. Sincère, il n’y a rien à comparer. Et je ne vais pas te le cacher, je ne suis pas à l’aise pour m’exprimer, comme là, en interview, mais c’est ma force en même temps, et on va mettre ça en avant.
Tu es propriétaire d’un super poisson décoratif que l’on peut voir durant tes lives. Il va bien?
Billy Crawford (le nom du poisson) est décédé. Il a eu un soucis interne, d’organes. Il n’arrivait plus à bouger quand je lui demandais de bouger. Je l’ai jeté dans les toilettes et paix à son âme. Mais son grand père a bien voulu venir sur scène avec moi, il s’appelle “Billy Gates”, et il est beaucoup plus gros. Il fait 1m50 de long, et il était là hier. Il m’a filé un coup de main sur cette date, mais je ne sais pas s’il restera avec nous longtemps.
Stéphane Guillon est souvent dans la provocation dans ses chroniques. Si tu devais me provoquer maintenant, tu ferais quoi?
Là maintenant? Euhh… C’est pas normal ça…Euhh… Franchement… viens on se bat… Et j’vais… Je peux pas faire ça.
Enfin, pour finir, si tu devais dessiner le meilleur Stéphane du monde, il ressemblerait à quoi?