The Hundred est une nouvelle série américaine de Jason Rothenberg sortie en 2014. Le décor ? « The not too distant futur » : une guerre nucléaire a éclaté sur Terre, rasant au passage toute forme de vie humaine. Seule une poignée de survivants ont réussi à s’échapper à temps pour vivre en orbite dans des navettes spatiales. Les survivants de 13 nations ont alors joint leurs efforts pour former l’Arche, une énorme station spatiale sur laquelle il ne fait pas bon vivre. Depuis 97 ans, la population a grandi sur l’Arche qui compte maintenant 4 000 habitants. Tout y est donc précieusement rationnalisé : la nourriture, l’oxygène, les fournitures médicales, le nombre d’enfants… La criminalité, elle aussi est punie de façon ultra rationnelle, le moindre délit est sanctionné par la peine capitale d’« éjection » de la station, seuls les mineurs en réchappent et sont envoyés en prison.
Seulement voilà, après 97 ans les rations se font rares, l’Arche est en piteux état et ne va pas tarder à manquer d’oxygène. Une seule solution : déterminer si la Terre est de nouveau habitable. Pour cela, les autorités en charge décident d’envoyer 100 mineurs délinquants dans une mission d’exploration de la Terre… La nature a repris le contrôle de la planète, mais les 100 sont miraculeusement capables d’y survivre malgré le niveau de radiation. Ils doivent alors apprendre à survivre dans ce milieu inconnu et hostile. Car très vite, ils découvrent qu’ils ne sont pas vraiment les seuls survivants humains qu’ils croyaient être.
Alors là, on se dit, production américaine, monde post-apocalyptique, rien de nouveau sous le soleil. Et pourtant, cette série détonne et étonne ! Pourtant je n’ai rien d’une grande fan des scénarios catastrophes. Mais ici, alors même que l’enjeu est le même pour tous les humains, c’est-à-dire la survie, la paix est loin d’être évidente et le conflit semble être la meilleure des solutions. C’est un peu l’Etat de nature hobbesien que nous propose d’observer la série. La peur de l’autre anime l’homme qui a énormément de mal à faire confiance à ses semblables. La loi du Talion est une sorte de règle d’or, de telle sorte que certains conflits semblent insolvables. En étant optimiste, on pourrait penser que plus personne ne chercherait à s’entretuer dans un monde où il reste peu d’humains rendant chaque vie encore plus précieuse. Mais l’enjeu de la survie pousse à faire des choix au-delà du rationnel et du raisonnable. L’autre est vu comme un ennemi ou un outil pour sa propre survie. Les morts et les tragédies s’enchainent dans la série. Clark, l’héroïne, devenue leader des adolescents un peu malgré elle, est amenée à faire des choix tragiques pour la survie de ses amis.
Alors : le futur est-il forcément catastrophique ? Dans l’ensemble la série dépeint un portrait plutôt pessimiste de la race humaine. La peine de mort, la torture, la vengeance qu’on pensait avoir laissées derrière sont redevenues monnaie courante. La cruauté ferait partie de la nature humaine. C’est le moment où on peut se demander pourquoi, dans ce cas, j’ai eu envie de parler d’une série qui va certainement plonger son téléspectateur dans une certaine morosité… Et bien, parce qu’elle m’a permis de réfléchir. Alors oui, il y a un scénario, et oui il y a des incohérences, du genre Ô miracle, tous les Terriens parlent l’anglais ! Ô miracle, même sans dentifrice ils ont les dents blanches ! Mais dans le même temps, la série amène à un cheminement de pensée et des questionnements intéressants.
En premier lieu : est-ce que je ferais mieux ? Pour ma part, je n’en suis pas convaincue. Dans une hypothèse de futur aussi chaotique, je ne serais certainement pas aussi pleine d’espoir que je le suis maintenant. Survivre est un enjeu auquel, dans ma petite vie de privilégiée, je n’ai absolument pas à faire face. Survivre est aussi un enjeu qu’on pense parfois être passéiste. Le plongeon dans un scénario futuriste nous rappelle qu’il n’en est rien. Survivre, c’est grosso modo ce qu’on fait tous, tous les jours sans vraiment y songer. Le scénario futuriste permet de replacer cet enjeu au centre de l’attention.
Le futur doit-il forcément être catastrophique ? Pour les besoins de la série et pour qu’elle se perpétue : forcément. Et c’est là où la série atteint la fin de son utilité pour une quelconque réflexion. Mais si on prend du recul, elle peut aussi nous permettre de nous interroger sur la fragilité d’un maintien de la paix, même dans un monde où la technologie est de plus en plus performante et peut être capable de nous aider à avoir tous une vie meilleure. Les enjeux sont toujours de détenir pour soi et par extension pour son peuple les biens les plus rares. Les compromis se font par un troc entre techniques et savoir-faire. Prendre du recul avec le futur, c’est le propre des utopies et dystopies futuristes. Aujourd’hui, dans certains lieux, « Big brother is watching you » comme dirait G. Orwell, alors si les scénarios futuristes-apocalyptiques-tragiques sont dramatisés, ils permettent tout de même de se recentrer sur les priorités de notre vie humaine. Dans The Hundred, ils sont la survie et la paix, pas si loin de nous finalement…
Nina Pareja