Espaces alternatifs, artist-run spaces, squats ou friches d’artistes… Ça vous évoque quelque chose ? Voilà des lieux culturels engagés qui font de plus en plus parler, nous les premiers ! Cet été, on en présente un par semaine : une sélection très subjective, très parisienne et absolument pas exhaustive pour vous donner envie de partir à la découverte des autres…
#9/10 : Le Jardin d’Alice
Association issue d’un squat au jardin édénique dans le 18ème parisien (d’où le nom), d’abord relogée sous convention temporaire à la Caserne de Reuilly dans le 12ème, Le Jardin d’Alice trouve aujourd’hui sa place à Montreuil. Ce lieu créatif et citoyen oscille entre maison des arts, hackerspace et militantisme de proximité, avec une conscience écologique, qui les caractérise en partie…
Présentation à plusieurs voix par quelques membres de l’association :
« Le Jardin d’Alice c’est à la fois un lieu de vie, de travail et d’accueil. D’un côté, le collectif pluridisciplinaire regroupe autant des arts dits traditionnels que des expérimentations technologiques. D’un autre côté, c’est un lieu que l’on souhaite ouvert et accessible à tou-te-s, c’est pourquoi tous nos évènements sont à prix libre – un principe important pour nous. Plus qu’un lieu d’art, le principe est d’être un lieu d’expérimentation. Donc il y a des artistes mais il y a aussi des créateurs ou des chercheurs non-artistes, dont une brasserie ! L’expérimentation va au delà de création artistique. Alors, ce qui nous caractérise tous, c’est sans doute le détournement, la réappropriation de matériaux. Bien sûr, dans le milieu des squats, ou post-squats, la récup’ est toujours là, donc ce mouvement est issu d’une nécessité, et il y a aussi un engagement social, écologique et politique dans les lieux post-squat. » Anastasia Kozlow, membre du collectif
« Cette série de tableau développe tout notre imaginaire autour de la Californie, dans les années 1950-1960. Donc ça approfondit surtout deux thèmes : l’imaginaire d’Hollywood, sans idéalisme, et l’univers du surf, autour du rêve Californien ! C’est une histoire, un peu narrative, qui reconstruit une certaine histoire de la Californie. » Romain Brejon, artiste en résidence
« Le hackerspace c’est un lieu de rencontre et de discussion autour des technologies. On y fait de la réparation technique, de la sensibilisation au logiciel libre, mais c’est aussi un lieu de rencontre entre professionnels, de discussion autour des technologies et de production. Au départ, on avait commencé quelques expérimentations textiles dans le hackerspace mais on a eu besoin de plus d’espace, notamment pour avoir le matériel nécessaire – des métiers à tisser, des tricoteuses, pour créer… Donc le Datapaulette est né du hackerspace, avec cette envie de travailler le textile en y intégrant des programmes, d’utiliser le textile comme moyens de capter ou d’afficher de l’information.
En ce moment on fait une expérience sur des tissus conducteurs pour créer des circuits électroniques sur tissus… Ce sont des choses qui n’existent pas vraiment et qu’on expérimente de façon artisanale. Il y a des lieux en France qui sont subventionnés pour développer ces technologies, comme le Centre européen des textiles nouveaux, mais notre démarche est différente. Notre but c’est de faire des expériences parfaitement documentées et partagées – ce qu’on fait via le site datapaulette.org et wiki.datapaulette.org. » Maurin Donneau, chercheur, membre du Datapaulette
« Les urbanistes sont de plus en plus excités à l’idée de faire occuper les espaces intercalaires par les artistes, mais c’est une chose qui existe depuis longtemps ! On oublie une partie de l’histoire du squat. Sans squats, il n’y aurait pas d’ateliers à bas prix pour les artistes aujourd’hui, et certaines personnes se sont battues pour dénoncer le nombre de mètres carré inoccupés dans Paris, lorsque d’autres ne le découvrent que maintenant.
Ce qui me dérange, c’est la récupération économique de l’intercalaire. On commence à marchandiser des espaces qui ne l’étaient pas, à les transformer, et à nous demander de transformer nos projets, nos éthiques, pour s’adapter à ce système. Aujourd’hui, l’accessibilité de l’intercalaire à l’entreprenariat social et solidaire, ou aux start-ups immobilières, donne naissance à des projets admirables mais qui mettent paradoxalement en péril les lieux qui fonctionnent à prix libres et qui se souhaitent accessibles à tou-te-s et non sélectifs comme Le Jardin d’Alice. Je ne m’oppose pas du tout à ces projets. Par contre, il y a dans l’intercalaire une vraie diversité de lieux et de propositions que nous devons essayer de sauvegarder. » Anastasia Kozlow, membre du collectif
Le Jardin d’Alice, 19 rue de Garibaldi 931000 Montreuil, ouvert tout les jours, du lundi au samedi de 10h à 22h et le dimanche de 14h à 20h… ou lors des événements et du RDV hebdomadaire du mercredi soir !
Série « Artist-run » :
Artist-run #1/10 : La Villa Belleville
Artist-run #2/10 : Le Shakirail
Artist-run #3/10 : Le Wonder/Liebert